Depuis près de deux (02) mois, la ville de Bamako est confrontée à une crise de gaz domestique. Il est absent dans presque toute la ville, le peu de vendeurs, qui en dispose, ont fait grimper le prix subventionné de 3.500 à 10.000 FCFA, la bombonne de six kilogrammes.
Cette absence de gaz butane sur le marché de Bamako est due au non-paiement des arriérés de subvention estimé à un cout total de plus de 3,5 milliards de FCFA par l’État. À cet effet les fournisseurs ont décidé d’arrêter, depuis plusieurs semaines, la distribution de gaz aux différents points de vente.
Mamadou S. Diallo dit Airness, revendeur et partenaire de deux sociétés de gaz (Bamagaz et Sodigaz) à Sirakoro cité, estime qu’il ne reçoit plus de gaz depuis plusieurs semaines. « C’est dû à l’arrêt de distribution de nos partenaires qui ont décidé de ne plus nous approvisionner en gaz, jusqu’au paiement intégral de leurs subventions par l’État ».
À Bacodjicoroni Golf, les revendeurs de gaz affirment qu’ils ignorent complètement les causes qui ont poussés les fournisseurs à suspendre les distributions. « Tout ce qu’on sait, ce qu’on a appris c’est que nos fournisseurs sont en grève », nous révèlent Mohamed Ould Sidi et Ibrahim Haidara, tous deux revendeurs de gaz butane.
En ce sens, le Directeur général de Sodigaz, M. Ouadiary DIAWARA dément les rumeurs concernant la grève des sociétés de gaz domestique. « Nous ne sommes pas en grève, nous avons des difficultés de financement de nos activités. Ça fait maintenant, une année que l’État ne nous paye pas. Et nos partenaires nous demandent du cache [de l’argent au comptant] », a-t-il souligné. Pourtant, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Mohamed Ag Erlaf aurait été prévenu en avance à travers une lettre de la prise d’une telle décision par les présidents du groupement composé de trois sociétés importatrices et distributrices de gaz butane au Mali à savoir : Sigaz, Fasogaz, Sodigaz.
La plupart des consommateurs que nous avons rapprochés pensent que l’arrêt de l’approvisionnement du gaz sur le marché a été un coup dur pour les Bamakois. Maimouna SIDIBE est l’une des femmes de ménage que cette rupture a beaucoup touché. Nous l’avons rencontré sur la route de Niamakoro avec sa bonbonne de 6 kg : « J’ai décidé d’arrêter l’utilisation du charbon au profit du gaz, mais depuis près de deux (02) mois nous avons constaté son absence sur le marché et nous ignorons la cause. Comme vous l’avez remarqué, je suis à la recherche de gaz ».
« Il y a pénurie de gaz certes, mais nous remercions Dieu de nous avoir procuré le charbon », se réjouit Mme Touré Fatoumata SOW, ménagère à Bacodjicoroni Golf. Celle-ci pense que le charbon de bois peut aider les ménages en attendant qu’on trouve une solution à ce problème. Elle invite toutefois le gouvernement à prendre ses responsabilités pour mettre fin à cette crise, et d’une façon définitive.
Selon nos informations, depuis octobre 2018 l’État ne respecte plus l’accord qu’il avait signé avec le groupement des professionnels des opérateurs de gaz du Mali. Dans le règlement de cet accord, l’État devait payer une partie des charges de la population qui variait entre 3024 FCFA et 6048 FCFA.
Ibrahim Djiteye et Oumou Cissé, stagiaires
Source : LE PAYS