Certains, jusqu’au Professeur Nubukpo se mirent à applaudir à tout rompre, contents d’avoir enfin eu gain de cause dans leurs récriminations répétées contre un système monétaire qui, à leurs yeux, était un des vestiges les plus dégradants de la main mise française sur nos pays. La farce a été tellement grotesque que seuls des exaltés et des non-initiés sont les seuls à croire à un tel Avatar !!!
En réalité, la France sentant la montée en puissance des récriminations anti-françaises des populations africaines particulièrement celles de la zone UMOA, son pré carré; confortées par le géant Nigérian et le non moins important Ghana, a concocté cette mise en scène pour se donner de l’air. En effet, en décidant de passer à l’acte par la déclaration du 21 décembre, la France reste dans sa logique de maintenir et de perpétuer sans en avoir l’air, le système de siphonage des économies des pays de son pré carré de l’UMOA.
Pour ce faire, fidèle à sa politique du « diviser pour régner » , elle s’arrange pour enrôler « ses grands enfants » de l’UMOA, emmenés par le Grand frère ivoirien dans une opération de plagiat grotesque et de malhonnêteté intellectuelle flagrante en décidant de s’approprier sans une once de pudeur, l’acronyme ECO qui est une propriété collective des pays membres de la CEDEAO avec le grand Nigéria comme tête de file.
La présence du Nigéria avec ses 900.000 km2 (soit presque deux fois la France) et ses 180 millions d’habitants soit plus de trois fois la population de la France dans le groupe des pays adhérant à l’ECO, constituait pour la France, une très sérieuse menace voire même un danger réel qu’il fallait écarter d’une façon ou d’une autre. La CEDEAO, c’est 16 pays, soit près de 10 millions de KM° et plus de 300 millions d’Habitants, un véritable monstre économique et financier si elle arrive à se consolider et à battre monnaie commune. Un grand danger pour la France qu’il fallait absolument casser en récupérant ses ouailles éperdues que sont les pays de l’UMOA.
Le stratagème est tout trouvé . S’appuyer – au besoin par l’injonction comme pour la convocation à Pau – sur ses « serviteurs volontaires » que sont les pays de l’UMOA menés par la Côte d’Ivoire, pour dévaliser pour ne pas dire pour voler sans vergogne le concept de l’ECO et programmer sa mise en œuvre prochaine au niveau de ses satellites. Mettant ainsi le Nigéria devant le fait accompli et qui, touché dans son orgueil n’aura d’autre issue que de quitter la coalition de l’ECO de la CEDEAO. Mais nos amis ivoiriens qui ont très bien vu le subterfuge diront au Grand frère du Nigéria ; « Faut pas partir. Leur ECO là veut dire Emmanuel Commande Ouattara . C’est pas même chose que l’ECO de la CEDEAO. Donc, faut rester avec Nous, Grand frère »
C’est là, toute la fourberie de la France. Qui n’a aucune intention réelle de laisser ses anciennes colonies, frapper monnaie hors de son influence. Les mesures d’accompagnement édictées comme le rapatriement des réserves africaines du Trésor français et surtout de la non-présence de représentants français dans les instances de décision de la Banque Centrale de l’ECO ne sont que de la poudre aux yeux. Pour continuer à donner ses oukases, la France n’a pas besoin d’être physiquement représentée par des français de souche dans les instances de décision de l’ECO . Pour cela, elle a déjà en bonne place, ses obligés comme Ouattara et consorts qui se feront un devoir voire une obligation d’être les yeux et les oreilles de Paris pour prendre des ordres et les exécuter avec servilité et empressement. N’est-ce pas Ouattarra qui disait en pleine couverture d’un numéro du journal Jeune Afrique : « qu’il ne doit rien à personne sauf à la France » ? Cela a le mérite d’être clair et limpide. Après un aveu de cette taille, la réponse est toute trouvée sur le questionnement du Ministre WONE qui, à la suite de l’injonction péremptoire de Macron pour exiger la présence de ses ouailles du G5 au sommet (de clarification ?) à PAU, voulait savoir si : « on avait des Chefs d’Etat ou des Valets de la France ? » . Le doute n’est plus permis. « Le malheur de l’Afrique c’est d’avoir rencontré la France » disait Césaire. Il ne croyait pas si bien dire le grand poète antillais. Et ce n’est pas demain la veille qu’on arrivera à se libérer des fourches caudines de la France qui ne peut vivre et prospérer qu’en vampirisant l’Afrique.
Feu Jacques CHIRAC dans un de ses moments de contrition a dit très clairement : « Nous devons être honnêtes et reconnaitre qu’une grande partie de l’argent de nos banques vient précisément de l’exploitation du continent africain ». Il a vraiment Tout dit! Et l’offre de garantie de la convertibilité et de la parité fixe avec l’EURO n’est point de la philanthropie. Elle participe tout simplement de la stratégie de surveillance et de contrôle permanent de la monnaie de ses pays satellites.
En réalité, pour la France, l’objectif principal de toute cette mise en scène du passage programmé à l’ECO en 2020 est de calmer les jérémiades anti-françaises des populations africaines et de reprendre le contrôle de ses troupes de l’UMOA avant qu’elles ne soient définitivement enhardies par la présence du géant Nigérian à leurs côtés. Il fallait donc enrôler Ouattara en tête de file , annoncer la nouvelle en plagiant sans vergogne une propriété de la CEDEAO pour mieux maquiller ses funestes desseins et avancer des mesures cosmétiques d’accompagnement pour mieux tromper son monde.
Ce faisant, La France reste logique avec elle-même. Elle a viscéralement besoin d’avoir la main mise sur les trésors africains par le biais de la monnaie et elle ne reculera devant rien pour imposer ses désidératas avec l’aide de ses « esclaves volontaires » comme Ouattarra.
N’est-ce pas Sarkozy qui disait sans gêne : « la France ne peut pas permettre que ses anciennes colonies créent leur propre monnaie pour avoir le contrôle total sur leur Banque Centrale. Si cela se produit, ça sera une catastrophe pour le trésor public qui pourra entrainer la France au rang de 20ème puissance économique mondiale. Cela n’est pas acceptable ». Et Michel SAPIN ancien ministre de l’économie de la France d’ajouter sans sourciller : « Ne touchez surtout pas au franc CFA sinon vous serez frappés par le terrorisme ». Vous en doutez ? Consultez la VAR du NET pour être bien édifiés sur la duplicité de la France dans cette affaire. Concernant la menace même pas voilée de Sapin Est-ce que ce n’est pas ce que nous sommes en train de vivre au Mali, au Burkina, au Niger, au Tchad ? En tout cas les aveux glaçants de l’ancien ministre Hama Ag Mahmoud devenu membre du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) qui circulent sur le NET sont sans équivoque sur le rôle trouble et intrigant de la France dans ces conflits importés et imposés à nos pays. CQFD.
Dès lors, s’ils veulent VRAIMENT s’émanciper de la France dans tous les domaines et surtout dans le domaine monétaire, il ne reste aux africains de l’Ouest que l’Union sacrée autour du Grand frère Nigérian que la France va continuer à saper avec ses sbires renégats pour qu’elle n‘aboutisse jamais. Pour preuve? Malgré le coup fourré d’Abidjan, le Ghana a décidé quand même d’adhérer au processus de l’arrivée de l’ECO en 2020 pour marquer sa volonté de fortifier l’Union. Mais déjà, on entend des voix dissonantes qui s’élèvent du côté de la lagune Ebrié et très certainement suscitées par la France, pour contester à ACCRA un leadership sur la future Banque Centrale de L’ECO.
On voit bien qu’on n’est pas encore sorti du carcan du franc CFA . Loin s’en faut
On ne le dira jamais assez. Le mal de l’Afrique ce sont les africains eux-mêmes. Le Blanc, en flattant nos égos surdimensionnés, a réussi à nous inoculer le virus du nationalisme étroit et de l’égocentrisme primaire qui fait que chaque pays se voit très important et ne veut en aucun cas, céder sur des positions surannées et accepter des concessions pour faire avancer des projets communs, bénéfiques au plus grand nombre. Et c’est cela qui risque de tuer le projet ECO de la CEDEAO avec les bénédictions orbi et urbi de la France qui ne souhaite que çà et œuvre nuit et jour pour rester toujours « utile » à l’Afrique et à «ses» africains et continuer à les pressuriser pour le rayonnement et la gloire de la France.
C’est justement pour cela que l’interrogation du Ministre Tidiane WONE en direction des économistes et financiers de la CEDEAO en leur demandant « de nous ôter d’un doute » quant à leurs capacités à concevoir et à réaliser un système monétaire « africainement » africain sans tutelle française, trouve tout sa pertinence . Car si on peut comprendre que dans les années cinquante à soixante, on nous impose un système monétaire bancal faute de cerveaux bien formatés dans ces domaines ; Il devient ridiculement inconcevable que soixante ans après, on en soit encore à accepter cette situation de « servitude volontaire » de notre monnaie alors que nous avons plein de cadres formés dans les meilleures écoles de l’économie et des finances à travers le monde. Aussi, si la réponse est OUI, c’est le moment de se mettre au travail et en synergie pour nous proposer quelque chose qui pourra valablement nous permettre à Nous africains d l’Ouest, de battre notre monnaie propre, acceptée de Tous et bien intégrée dans le SMI (Système Monétaire International ). Si la réponse est Non, alors, nos soit-disant experts et autres spécialistes économistes et financiers, ne seraient que des « agrégés inutiles » comme les surnomme le journaliste Rémy Ngony. Bardés de diplômes et incapables de la moindre production intellectuelle ,technique ou autre qui fasse autorité.. Et dans ce cas, on va continuer –toute honte bue-à manger le pain noir de notre servitude servile à la France en restant sous sa gouverne du CFA devenu ECO. Car RIEN ne nous sera donné.
Pour l’heure, ce qu’il nous est donné de voir, c’est que le franc CFA va partir, l’ECO va arriver mais RIEN NE CHANGERA. RIEN .Tel le voudra la France…Sauf SI…
DIEU GARDE L’AFRIQUE , NOUS GARDE ET GARDE LE SENEGAL.
Dakar le 05/01/2020
Guimba KONATE
DAKAR
guimba.konate@gmail.com