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Par la faute du ministre des transports, Abdoulaye Koumaré : Les Aéroports du Mali se meurent

Violation des textes, dysfonctionnement chronique, règlement de comptes par limogeages à tour de bras, etc., sur fond d’une promotion de l’incompétence au détriment du mérite. Ces maux qui affectent les Aéroports du Mali sont multiformes et à peine moins redoutables qu’un crash. Ce n’est pas encore l’incendie, mais des braises ardentes consument cet établissement, dont l’agonie, amorcée depuis le début de la crise, n’a de cesse de s’accentuer avec l’avènement du général Abdoulaye Koumaré au département des Transports.

Lt-colonel-Abdoulaye-Koumare ministre de l equipement
 

Derrière la splendeur et l’éclat de la myriade de plaques scintillant de nuit se cache au sein des Aéroports du Mali une gestion catastrophique savamment entretenue. Elle se révèle peu à peu au grand jour.

 

 

Les défis à relever sont pourtant d’une importance capitale pour un secteur dans lequel des milliards ont été injectés par les partenaires étrangers au nom des enjeux du désenclavement par une remise à niveau de l’exploitation du trafic aérien. Ces efforts, si l’on n’y prend garde, risquent d’être tout simplement annihilés à cause de la gestion artisanale et patrimoniale qui a pignon sur rue aux Aéroports du Mali. Tenez, depuis le départ de Mme Thiam en 2012 –une responsable jadis fustigée pour ses méthodes jugées trop rigoureuses- c’est la plongée inexorable dans les abysses.

 

 

En vue de s’inscrire dans une sorte de déviation constante de la loi, laquelle dispose que la désignation du poste de Dga revient au premier responsable de la structure, le poste de Président directeur général a fait l’objet tout simplement d’une tacite suppression. Pourquoi ? Allez y savoir.

 

 

Mais, il semble, selon toute évidence, que le prince du jour, en l’occurrence le ministre des Transports, tire parti de cette situation d’illégalité en porte-à-faux avec les textes qui définissent les modalités de nomination des Dga tout comme la durée des intérims. Or, depuis que M. Koumaré,  puisque c’est à lui que revient depuis un certain temps les prérogatives de nommer les Dga, il y va comme bon lui semble. Et, pour y demeurer longtemps, la condition est sans doute d’obéir au chef du département au doigt et à l’œil, exécuter sans murmure ses instructions, y compris les décisions qui s’écartent ouvertement des règles de bienséance et de la légalité tout court.

 

 

Ce n’est pas le Colonel Blinkoro Samaké qui dira le contraire, lui qui  a été la cible d’un limogeage en règle. Parce qu’il a tout simplement eu l’outrecuidance de s’opposer à des instructions afférentes à certaines mesures fantaisistes du chef du département : attribution de primes exorbitantes à la pléthore de putschistes en poste à l’Aéroport de Sénou, limogeage massif du directoire reprochable qui q seulement déconseillé au Dga d’exécuter sans Conseil d’administration des investissements improductifs.

 

 

Le ministre, qui en voulait tant à M. Blinkoro d’avoir écouté le conseil de ses collaborateurs les plus avertis, a fini par s’offrir sa peau, à l’occasion de la visite de l’ex Première dame de France, Valérie Trierveiler. Il a ainsi profité d’une mineure panne d’électricité -du reste vite maîtrisée- à Sénou  pour propager des interprétations malveillantes et faire passer le Dga devant ses amis de Kati comme un saboteur.

 

 

Ce n’est pas tout. Comme si l’intéressé faisait obstacle à un bouleversement spectaculaire longtemps mijoté, son départ devait être suivi d’un limogeage en cascade de cadres les plus compétents le plus souvent au profit de collègues ne répondant pas aux critères d’affectation à des responsabilités concernées.

 

 

Certaines mauvaises langues disent même que son remplaçant était arrivé dans la boîte avec la liste de toutes les destitutions auxquelles il s’était opposé.

 

Le directeur financier a été ainsi aussitôt remplacé par un agent comptable en provenance du Trésor public, tandis que le directeur d’exploitation a été viré pour une recrue de 2010 dépourvue de toute formation en gestion ou en exploitation aéroportuaire. L’intéressé, indiquent certaines sources, était d’ailleurs depuis son recrutement confiné dans sa vocation de superviseur et contrôleur de travaux de génie civil, les taches pour lesquelles il avait été recruté.

 

 

Le directeur commercial et le responsable du service gestion qualité n’ont pas échappé à ce destin sordide. L’un a été remplacé par un financier comptable sans référence en marketing commercial, en transport aérien et en gestion aéroportuaire et l’autre par un cadre sans la moindre formation en gestion de la sureté et sécurité aéroportuaire.

 

 

Qui plus est, trois ans durant, il n’a pu animer la section comptabilité analytique. Idem pour  le chef du service juridique remplacé par un administrateur civil sans référence en droit des affaires.

 

 

La série s’étend également à certaines réaffectations grotesques. C’est le cas d’un titulaire de Master en finance devenu agent de sureté alors qu’il animait naguère le service recouvrement, puis d’un autre titulaire de licence réaffecté aux renseignements après que la structure ait consenti des investissements énormes afin qu’il anime le service gestion de qualité.

 

 

Certaines de ces mesures –qui ont la particularité de s’écarter des dispositions légales en la matière– n’ont du reste pas échappé à la vigilance  du contrôle général des services publics qui, dans un rapport récent, a mentionné noir sur blanc la violation des textes.

 

 

Mais le Ministre et son principal homme de main n’en ont visiblement cure. Leur dernière trouvaille du genre remonte à quatre (4) mois environ. Elle a ciblé le chef du service des contentieux également relevé de cette fonction au profit d’un de ses collègues revenu de Gao à la faveur de la crise et qui, selon les indiscrétions, ne dispose pas non plus de référence en adéquation avec le poste. Il n’a pas reçu la formation d’Administrateur Publique, à la différence de celui qu’il a remplacé.

 

 

Mais, à la différence de ses autres collègues victimes de mesures arbitraires, le responsable du contentieux est loin d’être un enfant de cœur et n’a pas l’air par conséquent de vouloir de plier facilement l’échine. Il a donc réagi avec une vigueur pour le moins inattendue en s’attaquant à la mesure de son limogeage qu’il juge contraire à toute légalité administrative. Et pour cause : aucune motivation en termes de faute ou manquement au devoir ne sous-tend la décision de le faire injustement remplacer.

 

Suite donc à un bras de fer judiciaire déclenché par l’intéressé –et dont les Adn aurait pu peut-être se passer- l’affaire a déjà traversé les juridictions inférieures et se trouve en instance présentement à la Cour d’appel.

 

A suivre… !

 

Abdrahmane KEITA

SOURCE: Le Témoin

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