Après Kéniéba, en 2018, c’est au tour de la capitale du Meguétan, Koulikoro, d’accueillir la 13e édition de la rencontre annuelle des enfants du Mali, Oxyjeunes. Ils sont plus de soixante enfants, venus de Kayes à Kidal en passant par Ménaka, à prendre part à ce grand rendez-vous du donner et du recevoir de cinq jours. Le ton a été donné le vendredi 2 août par l’UNICEF et le ministère de la Jeunesse et des Sports, en présence du Gouverneur de la région, Débérékoua Souara, sous le thème » Pour chaque fille, tous ses droits « , investir dans les filles pour assurer le développement du Mali.
Il s’agit pour les enfants du Mali, à travers cette rencontre annuelle, de devenir de véritables vecteurs pour la promotion de leurs droits, surtout ceux des filles. C’est dans ce contexte que 40 enfants journalistes, du Programme de l’AMAP-APJEC-UNICEF, intitulé » Enfants et Médias » et 22 enfants artistes du projet » Equations Nomades« , sont réunis pour plaider en faveur des droits de l’enfant, surtout ceux de la fille.
Ils découvriront ensemble les valeurs, les réalités socio-économiques et culturelles des contrées de Banamba, où est célébré, chaque année, un mariage collectif, dans la région de Koulikoro. Par la même occasion, ils tisseront et favoriseront ainsi le brassage, gage d’une cohésion sociale et d’une promotion de droits et d’une culture de la paix.
Un total de 62 enfants journalistes et artistes seront également invités, à travers un processus participatif et inclusif, à partager leurs attentes de la coopération avec l’UNICEF et de mutualiser leurs avis et recommandations sur les priorités stratégiques établies par l’UNICEF pour la période 2020-2024.
En effet, le choix de la région de Koulikoro vient du fait que le phénomène du mariage d’enfants est accentué dans cette région, avec, environ, 58% des filles qui sont mariées avant d’atteindre l’âge de 18 ans.
En plus du mariage d’enfants, certaines familles retirent leurs enfants de l’école par crainte que les filles ne subissent des grossesses non désirées.
Et le Mali compte parmi les 20 pays aux taux les plus élevés de mariages d’enfants avec une seule femme sur trois alphabétisée. Pourtant, le mariage d’enfants et les grossesses précoces privent les filles de leurs droits à la santé et à l’éducation et de la possibilité de s’épanouir.
Les filles-épouses et les filles-mères sont à grand risque d’abandon scolaire, souvent pendant la période préparatoire avant le mariage. Pour infléchir cette tendance, le Mali avait posé des actions vigoureuses au cours de l’année 2015, avec la loi fixant l’âge du mariage. Et c’est dans cette dynamique qu’œuvre l’UNICEF en faveur des enfants. Oxyjeunes en est une réponse adéquate.
C’est pourquoi, la représentante résidente de l’UNICEF au Mali, Lucia Elmi, dira qu’investir dans les enfants, en particulier les filles, c’est investir dans le développement du Mali.
Elle précise qu’au-delà de la question des droits et des obligations, la question d’investir dans la protection et le bien- être des enfants, c’est permettre aux enfants de devenir des agents de changements positifs et des adultes responsables à même de contribuer à la construction du Mali de demain.
Aussi, en appelle-t-elle au sens de responsabilité de chaque enfant sur leurs droits, en particulier ceux qui prennent part à Oxyjeunes, en étant »la voix des sans voix ». Et le maire de Koulikoro, Ely Diarra, » fonde l’espoir qu’avec des enfants engagés, un changement positif est à venir« .
Au nom de l’Urtel, la vice-présidente, Coumba Tangara, a expliqué que l’organisation d’Oxyjeunes autour de ce thème » Pour chaque fille, tous ses droits« , est une invitation aux parties prenantes à prendre des mesures pour renforcer le bien-être et l’autonomisation de la fille au Mali, conformément aux articles de la CDE, à la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes, au Protocole et à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique, (Protocole de Maputo ) et la CADBEE.
Fier des enfants, le Secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des Sports, Amadou Diarra Yalcouyé, joint sa voix à ses prédécesseurs pour appeler les enfants et les jeunes à ne pas baisser les bras quant à la quête de leurs droits.
L’occasion pour lui de rappeler les efforts du gouvernement en vue de répondre aux attentes des enfants et des jeunes. A noter que durant les cinq jours de l’évènement, les enfants prendront part à des activités sportives, à des séances de Slam, à des ateliers, à des excursions et des visites guidées pour les besoins de reportage dans les différents genres télé, radio, presse- écrite et presse en ligne).
Mah Thiam KONE, envoyée spéciale à Koulikoro
Source: l’Indépendant