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Oumar Mariko, président de SADI : De héros de la démocratie à paria de la République ?

Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) est sous la menace d’une dissolution après avoir reçu une assignation en justice aux fins de sa dissolution le 28 décembre 2023. Prévu lundi dernier (8 janvier 2024), le procès a été finalement renvoyé au 12 février prochain.

Dans un pays qui a opté pour le multipartisme intégral, la dissolution d’un parti politique peut-être interprétée comme une dérive autoritaire du pouvoir, une atteinte à la démocratie. Mais, compte tenu de la gravité des prises de position du Dr Oumar Mariko contre les Forces armées maliennes (FAMa) voire contre la République ces derniers mois, cette décision surprend peu d’observateurs. En disgrâce depuis un certain temps, celui qui est sans doute passé de héros à paria a entraîné son parti dans sa chute.  

Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) est menacé de dissolution par le Tribunal de Grande instance (TGI) de la commune I du District de Bamako. Prévu le 8 janvier 2024, le jugement a été renvoyé au 12 février 2024. Et d’ici là, chacun retient son souffle. Mais, cette menace de dissolution n’est pas surprenante pour de nombreux observateurs.

Elle résulte du comportement anti-patriotique de son président qui s’est braqué contre son pays parce qu’il déteste les officiers qui ont pris le pouvoir le 18 août 2020. Se faisant écho des rapports biaisés sur la situation des droits humains dans notre pays et des images de propagande de ses amis de Kidal, il n’a pas cessé de s’attaquer aux Forces armées maliennes (FAMa) ces derniers temps. En effet, à la surprise générale (pas vraiment pour qui sait les liens étroits qu’il entretien avec certains leaders de la rébellion et du terrorisme comme Iyad Ag Ghali), Dr Mariko avait pris fait et cause pour les bandits armés et les terroristes de Kidal dans une correspondance adressée au président turc.

«La junte au pouvoir au Mali, dirigée par le Colonel Assimi Goïta et son Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, a déclenché, depuis quelques semaines, la guerre contre l’ancien mouvement de la rébellion lié à l’Etat par un accord :  Accord d’Alger», a-t-il osé écrire. Aux autorités de la Transition, il reprochait d’avoir tourné le dos à «une paix durable» en optant pour une «belligérance irraisonnée» compromettant de fait «l’avenir de toute une nation, son unité, non sans effets collatéraux désastreux dans la sous-région». Le héros en disgrâce de la démocratie a poursuivi en indiquant que «les informations qui nous parviennent font état de ce que ces crimes contre l’humanité sont la conséquence des acquisitions d’armements militaires de type drones TB2 qui seraient d’origine turque».

«Au regard de la gravité de la situation et convaincu de votre attachement au dialogue et à la paix dans un pays ami, je voudrais par la présente solliciter votre intervention pour que les mercenaires de la société Wagner pilotant ces drones épargnent les populations civiles. Ce n’est malheureusement pas le cas depuis leur intrusion au Mali, tant ils se sont illustrés par des actes de terrorisme». Et de rappeler que «cette sale guerre imposée au CSP n’a rien d’une lutte contre le terrorisme encore moins le jihadisme. Ce n’est que de la pure diversion pour cacher leur incapacité à vaincre le terrorisme et leur agenda réel de se maintenir illégitimement et illégalement au pouvoir».

 

La patrie trahie au profit du CSP-PSD

Et de conclure, pour «l’histoire, pour la justice et pour l’humanité, nous souhaiterions que votre pays, la Turquie, ne soit pas associé à de telles pratiques aux antipodes des droits de l’Homme; des actes ignobles qui pourraient jeter, à jamais, le discrédit sur sa belle image au Mali». Pis, «se réfugiant derrière l’argument de reconquérir Kidal pour le ramener dans le giron du Mali, Monsieur Assimi Goïta et ses supplétifs russes de la société Wagner endeuillent au quotidien le peuple innocent du Mali; les morts se comptent par dizaines, et les enfants n’y échappent pas», a-t-il écrit en se basant sur des images de propagande du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD).

Ultime offense à la République, il a défendu que «cette affreuse guerre, qui prend nos populations en otage, n’a absolument rien de patriotique et nuit dangereusement, du reste, à la cohésion sociale du Mali et à son unité». Il s’est sans doute rendu compte de sa trahison quand il a vu les liesses de joie que la prise de Kidal le 14 novembre 2023 (4 jours après sa missive explosive) par nos Forces armées (FAMa) a provoqué un peu partout au Mali dans la diaspora malienne. Une victoire militaire saluée à sa juste valeur par presque l’ensemble des forces vives de la nation. Mais, toute honte bue, il avait défendu que cette victoire de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) ne «mérite ni réjouissance ni fierté». Et de se défouler sur son compte «X», en disant que «le carnage à Kidal nous éloigne de l’unité et de la stabilité».

Cette attitude est inadmissible de la part d’un ancien député à l’Assemblée nationale à qui la nation a manifesté sa reconnaissance en l’élevant au grade de  Chevalier de l’Ordre National du Mali. Un homme qui était adulé par les Maliens au point d’arriver à la 4e place à l’issue de la présidentielle de 2007. Qui pouvait s’attendre à une telle trahison de la part de celui qui a assumé des responsabilités importantes au sein de l’Union des élèves et étudiants du Mali  (UNEEM) aux lycées de Dioïla (1976 à 1977) et de Badalabougou (1978-1979), du bureau de coordination nationale (1979-1980) ? Membre fondateur de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), qui a contribué à la chute de feu le Général Moussa Traoré et donc à l’avènement de la démocratie, il l’a dirigée (Secrétaire général) entre 1990 et 1992. Ce qui lui a valu de siéger au Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) entre mars 1991 et le 8 juin 1992.

 

Une chute précipitée par une ambition dévorante

Mais, animée par une ambition dévorante (même s’il aime donner la fausse impression qu’il n’est pas obnubilé par le pouvoir), ce médecin né le 4 février 1959 à Bafoulabé avait commencé sa déchéance en 2012 à cause du triste rôle joué dans la prise du pouvoir par les mutins qui ont propulsé Amadou Haya Sanogo à la tête du pays le 22 mars 2012. A la suite de ce, putsch Oumar Mariko et son parti politique (SADI) ont participé à la création le Mouvement populaire du 22 mars (MP22) en soutien aux mutins. Et l’ex-leader estudiantin cachait à peine avoir participé à la planification de ce stupide coup d’État intervenu presque à deux mois de la fin du mandat du président feu Amadou Toumani Touré «ATT».

En 2012, Mariko voulait plus qu’en 1991-1992 ! En effet, il avait espéré profiter de la «naïveté politique» du Capitaine Amadou Haya Sanogo et compagnie pour être propulsé à la tête de la Transition ou, à défaut, être nommé Premier ministre. Tout comme il pouvait espérer se faire élire président de la République si la junte avait conservé le pouvoir pour organiser les élections. Mais, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a bouleversé ce plan machiavélique en faisant de Dioncounda (alors président de l’Assemblée nationale) le président par intérim (comme le voulait la constitution de 1992) et en nommant l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra comme «Premier ministre de plein pouvoir».

D’ailleurs Oumar Mariko ne voulait pas d’une «immixtion» de la Cédéao dans les affaires internes du Mali et il est allé jusqu’à manipuler la foule pour empêcher (en occupant l’aéroport et les pistes d’atterrissage) la première délégation de l’organisation sous-régionale d’atterrir à Bamako. Mais la menace de sanctions pour étouffer le pays économiquement et financièrement a amené la junte du Capitaine Sanogo à la raison. En tout cas, on comprend alors pourquoi le nom d’Oumar Mariko figure sur la liste des politiciens qui ont ardemment manœuvré dans l’ombre pour pousser Pr. Dioncounda Traoré (président par intérim) à la démission et qui ont tout fait pour que Dr Cheick Modibo Diarra ne puisse pas réussir sa mission à la Primature.

Il faut signaler qu’Oumar Mariko avait été interpellé et emprisonné en décembre 2021 pour injure publique contre le Premier ministre Choguel Maïga.  Il a ensuite fait l’objet d’une nouvelle procédure en avril 2022, après avoir accusé l’armée d’exactions à Moura. Mais l’ancien député de Kolondiéba a alors préféré prendre la poudre d’escampette que d’affronter la justice. N’étant pas parvenu à s’allier le soutien de la Russie de Poutine, il s’est réfugié en France, un pays dont il semble avoir adopté la position belliqueuse contre le Mali.

Aujourd’hui, il n’est ni plus ni moins qu’un homme tombé en disgrâce et en fuite à cause de ses erreurs politiques et qui a trahi toute la République en prenant fait et cause pour ses ennemis que sont terroristes de Kidal déguisés en ex-rebelles. Et le parti Sadi risque malheureusement de faire les frais de son choix de pactiser avec le diable.

Hamady Tamba

Le Matin

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