Le président ougandais Yoweri Museveni, critiqué pour avoir promulgué une loi, depuis annulée, durcissant la répression de l’homosexualité, a mis en garde contre le risque d’un éventuel “boycott commercial” de son pays en cas de nouveau vote de la loi.
La loi, qui avait suscité un tollé international et le gel de certaines aides publiques, a été annulée le 1er août par la Cour constitutionnelle, pour des raisons techniques, le quorum n’étant pas atteint lors de son adoption au Parlement.
Si le gel des aides n’a pas eu de conséquences, “un problème bien plus sérieux est apparu, la possibilité d’un boycott commercial par les gouvernements occidentaux sous la pression des lobbies homosexuels en Occident”, écrit M. Museveni dans une tribune parue vendredi dans le principal quotidien du pays, New Vision.
Le président ougandais a accusé les Etats-Unis et l’UE de “politiser l’accès à leurs marchés”. Selon lui, “il s’agit désormais du problème du serpent dans le pot d’argile. Nous voulons tuer le serpent, mais sans casser le pot. Nous voulons protéger nos enfants de l’homosexualité, mais nous ne voulons pas tuer nos débouchés commerciaux”.
La loi ajoutait notamment la répression de la “promotion de l’homosexualité” et l’obligation de dénoncer les homosexuels aux dispositions du Code pénal datant de l’époque coloniale et punissant depuis plus d’un demi-siècle les relations “contre nature” de la prison à vie.
Les dispositions de ce Code pénal restent en vigueur et les partisans de la loi avaient annoncé leur intention de faire re-voter par l’Assemblée la loi annulée, la Cour ne s’étant pas prononcée sur son contenu.
Sans évoquer explicitement un nouveau vote de la loi, M. Museveni estime que la législation existante est suffisante, notamment pour “protéger” les mineurs de l’homosexualité.
“Devons nous impliquer interminablement l’Ouganda dans des guerres sans fin avec nos potentiels partenaires commerciaux (…) même après avoir protégé nos enfants? C’est ce dont nous devons débattre et que nous devons résoudre”, poursuit Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, dans sa tribune.
“Désormais, la question n’est donc pas ce que les autres gouvernements nous disent. Il s’agit pour nous de décider ce qui est le mieux pour notre pays dans le domaine du commerce extérieur, qui est un moteur de croissance et de transformation sans égal”, souligne le chef de l’Etat ougandais avant de poser la question: “quelle est la marche à suivre?”.
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