Le Conseil Constitutionnel du Faso vient de déclarer inéligible les candidatures de Djibril Bassolé, ancien chef de la diplomatie et de Yacouba Ouédraogo, ancien ministre des Sports du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, à l’élection présidentielle prévue le 11 octobre prochain. La raison invoquée, c’est d’avoir figuré dans le dernier gouvernement de Blaise Compaoré et d’avoir soutenu la modification de l’article 35 de la Constitution qui l’aurait permis de briguer un nouveau mandat. C’est ce que dispose l’article 135 du nouveau code électoral voté par le CNT le 7 avril 2015. Ce même article précise néanmoins que ceux qui seront frappés d’inéligibilité pourront se représenter pour les échéances électorales à venir.
Au regard de son caractère d’exclusion, l’on est en droit de se demander si l’esprit d’une telle loi est-il démocratique. Evidemment que Bassolé et compagnie ont eu tort de garder le silence sur « un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l’alternance politique». Mais de là à les exclure, c’est mettre de côté une partie des burkinabés et ceux qui les soutiennent. De plus, l’autre volonté inavouée d’une telle loi, semble être l’écartement Djibril Bassolé considéré comme un poids lourd de la classe politique local.
La question est de savoir pour qui ? Si le projet de modification constitutionnel proposé sous le président sortant Blaise Compaoré était dans le fond anti démocratique, il en est de même pour cette disposition du code électoral qui exclut les membres du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et sympathisants. Il faut rappeler à juste titre que la Cour de Justice de la CEDEAO avait invalidé ce Code électoral voté et adopté par les membres du CNT en juillet 2015.
Attention donc à ne pas voler à une frange de la Jeunesse burkinabé sa Révolution. La véritable Démocratie électorale ne devrait pas exclure une quelconque candidature en raison de ses convictions politiques, religieuses ou leur éventuel soutien ou appartenance à l’ancien régime. D’autant plus que les membres de l’ancienne majorité présidentielle avait fait leur mea culpa trois semaines après la chute de Blaise.
Le CDP avait, au demeurant, admis « avoir commis une erreur d’appréciation » et avait reconnu ne pas avoir mesuré « l’ampleur de l’hostilité » que soulevait le projet de réforme constitutionnelle tout en implorant « le pardon du Peuple ». Cela ne les dédouane certes nullement mais les burkinabés ne devraient pas oublier que le principal coupable demeure et reste Blaise Compaoré qui se trouve en Côte d’Ivoire et qu’il faudrait un jour ramener au pays pour qu’il rende compte devant la Justice.
Pour un Burkina nouveau tous les fils et filles du Faso à quelques bords politique, religieux et ethnique auxquels ils puissent appartenir, doivent avoir la possibilité de participer à l’édification du pays des Hommes intègres post-révolution.
La liste des candidatures retenues : Ram Ouédraogo (RDEBF) Ablassé Ouédraogo (Faso Autrement), Zéphirin Diabré (UPC), Victorien Tougouma (MAP), Tahirou Barry (PAREN), Roch Marc Christian Kaboré (MPP), Jean-Baptiste Natama (indépendant), Saran Sérémé (PDC), François Toé (candidate indépendante), IssakaZampaligré (candidat indépendant), AdamaKanazoé (AJIR), Bénéwendé S. Sankara (UNIR/PS), Boukaré Ouédraogo (candidat indépendant), Salvador Yaméogo (RDF).
Ahmed M. Thiam / InfoSept
Source: InfoSept