Si l’opposition juge son bilan globalement positif au cours des cinq dernières années, son influence réelle reste relative, en raison notamment de la culture politique malienne.
Au Mali l’opposition est regroupée dans un cabinet dirigé par un chef de file, un statut officiel reconnu pour la première fois dans ce pays. Mais son réel poids politiques et sa capacité d’action restent limités.
Depuis la création en 2015 du cabinet du chef de file de l’opposition au Mali pour mieux contrôler les actions du gouvernement avec un budget d’un demi-milliard de francs CFA à la clé, de plus en plus de voix s’élèvent, notamment au sein de la majorité présidentielle pour demander des comptes.
Motions de censure
Mais Abdrahamane Diarra, président de la jeunesse de l’URD, porte-parole de Soumaïla Cissé et chef de file de l’opposition malienne se défend. Pour lui l’opposition animée par Soumaila Cissé ne s’est pas limitée à faire des mobilisations populaires. “C’est une opposition qui est allée à la rencontre des Maliens à l’intérieur du pays et des Maliens vivant à l’étranger, pour s’enquérir des conditions de résidence, des conditions de vies de nos compatriotes”, dit-il.Il évoque les interpellations et propositions faites au régime pour améliorer ces conditions-là.
“Tous les cercles du pays ont reçu la visite du chef de file de l’opposition et de sa délégation durant le quinquennat finissant”, poursuit Abdrahamane Diarra. “L’opposition a posé des actes majeurs qui n’étaient pas connus des Maliens, ce qu’on appelle la motion de censure. On peut ne pas avoir la majorité dans un parlement, mais lorsque nous pensons que le gouvernement pose des actes qui ne contribuent pas à la stabilité du pays, nous pouvons faire une motion de censure et demander même la démission du gouvernement, nous avons fait deux motions de censure.”
Trop peu nombreux pour peser réellement
Pour Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’études et de sécurité, il est important de mettre l’accent sur le rapport de force entre majorité et opposition pour analyser cette situation. “On a une opposition qui avait dans sa globalité moins de 30 députés par rapport à la majorité qui avait une certaine aisance numérique (147 députés) pour faire porter tous les dossiers qui étaient soumis au niveau de l’assemblée nationale. Donc, l’opposition pouvait être forte pour parler, pouvait être forte pour contester, mais ne l’était pas assez pour pouvoir bloquer les dossiers du gouvernement ou même ceux du président de la République. Il y a aussi l’absence de culture de l’opposition dans le pays. Au-delà de la réticence de certains acteurs politiques à s’engager dans l’opposition, il y a une incompréhension populaire sur le rôle même que peut jouer une opposition et très facilement les actions de l’opposition sont perçues comme des actions contre-productives par certains Maliens qui estiment que s’opposer aux actions du pouvoir en place, c’est s’opposer au pays.”
L’opposition malienne a connue quelques fissures lors du second tour de la présidentielle malienne du 12 août, car certains candidats n’avaient pas appelé à voter pour Soumaila Cissé.
Deutsche Welle