Opinion (africapostnews) – Il y a un peu plus de dix jours, la nouvelle est tombée du Commissaire de l’Union Africaine pour la paix et la sécurité : près de 6 000 africains ayant combattu au Moyen-Orient pour l’organisation de l’Etat islamique sont attendus sur le continent. Dans ce contexte, je me vois contrainte de prendre ma plume pour vous écrire mes appréhensions concernant la gestion de cette menace, quasi imminente, et pesant sur notre cher continent.
Cette nouvelle n’a étonnamment guère suscitée de réactions officielles puisque le manque de communication est aux dirigeants africains ce que l’eau est à la mer. Pourtant, avec le retour annoncé de ces djihadistes vers le Maghreb, la pression qu’exerce Al-Qaeda au Mali, les Shebab en Somalie et Boko Haram au Nigeria et au Niger ; l’Afrique est plus que jamais épicentre du terrorisme mondial.
Avec 4523 attentats dans 44 pays sur 54, la vulnérabilité à l’égard du terrorisme est généralisée. En l’absence d’exception, la menace est globale. Premières victimes de ce que je désigne comme « les déchets du monde », nous sommes fatigués de compter nos morts dans un silence oppressant. De plus, forts de ces mesures entamées sous le coup de l’émotion, évitons à présent de faire d’un autre chagrin, moteur de nos actions.
Le décor, ainsi planté, peut paraître effrayant. Toutefois, les moyens de combattre le mal, peuvent être réunis pour peu que nos dirigeants se réveillent.
C’est pour cet africain lambda, abandonné à son sort et qui ne deviendra qu’un chiffre supplémentaire dans un bilan auquel personne n’accorde d’importance, que nous devons réagir. A l’inverse, c’est envers ces élites qui voient en l’an 2018, qu’une année de campagne supplémentaire, que doivent se diriger notre colère.
L’Afrique est certes, confrontée à de nombreux challenges allant de l’accès aux soins à celui de répondre aux besoins alimentaires. Dans ce cadre, la menace terroriste se présente comme un coup de massue supplémentaire sur la vague de défis que nous avons à relever. Alors, plus que jamais, la gestion collective est impérative.
Chers présidents africains, pensez aux citoyens dont le premier réflexe n’est pas de consulter les journaux. Pensez aux africains dont la réalité de la vie est si prenante que s’informer des actualités est un luxe qu’ils ne peuvent pas se permettre. Pensez à vos citoyens qui habitent dans les recoins les plus reculés de vos nations où l’information se fait essentiellement du bouche à oreille à défaut du poste de radio. Pensez à nous, votre peuple, qui vous avons élu (ou à défaut vous subit) et posez-vous la question suivante : ai-je remplie ma mission régalienne en mettant à profit l’ensemble des moyens mis à ma disposition pour les informer du danger qui pèse sur leur pays ?
Selon l’adage, « un homme averti en vaut deux ». Chez nous, nous avons tendance à prendre les conséquences comme avertissement, mettre en place des actions visant à réparer et non prévenir, et sensibiliser une fois que la réalité nous rattrape. Mais, à l’instant où j’écris ces mots, vous ne pouvez plus vous prévaloir de votre ignorance.
Présidents africains, sortez de ces stratégies d’extraversion faisant du terrorisme un nouveau moyen d’obtenir des rentes afin de maintenir votre puissance. Une puissance, aussi large dans l’accaparement de nos ressources, qu’inutile en termes d’actions réelles à l’égard de ce peuple qui existe hors du périmètre de votre palais.
Présidents africains, à l’aube de 2018, ces djihadistes sont notre plus grande menace du futur.
Présidents africains, vous ne pourrez plus dire que vous ne savez pas !
Africapostnews