Un collectif des commerçants détaillants, victimes de l’opération de libération des voies publiques, a animé, vendredi dernier, un meeting d’information à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali(CCIM).
Les principaux animateurs de ce meeting étaient: le président des détaillants de la Place du souvenir, Sékou DRAMERA, non moins 8è vice-président du SYNACODEM ; le président de l’Association des détaillants à la Rue Fabougour COULIBALLY, Soumaïla DIARRA, dit «Fré»; le président de l’Association des détaillants des alentours de la cathédrale, Check DIALLO, etc. On pouvait également noter la présence de la représentante de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, Mme Fatoumata SOUMARE.
Ce meeting a regroupé surtout les victimes de l’opération de déguerpissement des commerçants détaillants en cours et ceux installés dans les kiosques aux abords des routes et qui courent, à leur tour, le risque d’être déguerpis.
«Trop c’est trop»
D’entrée de jeu, le président des détaillants de la Place du souvenir, Sékou DRAMERA, dira «trop c’est trop» et qu’il est temps que les autorités du District comprennent que les détaillants ne sont pas prêts à se laisser faire.
Selon M DRAMERA, personne n’est contre le fait que Bamako soit une ville propre. «Mais nous souhaitons que nous soyons impliqués dans les opérations et que cela se passe dans un bon esprit» a-t-il déploré.
Dans la perspective de l’organisation du Sommet Afrique-France, il a fait savoir que personne n’a intérêt à ce que cette situation se dégénère. Mais, a-t-il prévenu, il ne faut pas que l’organisation de ce sommet se fasse aux dépens des commerçants détaillants.
« Si les autorités ne donnent pas une suite favorable à nos revendications, nous allons appeler à boycotter les activités de ce sommet », a-t-il promis.
De son côté, le président de l’Association des détaillants à la Rue Fabougoury COULIBALLY, Soumaïla DIARRA, dit «Fré» a déploré malgré que le gouverneur du District avait dit que l’intérieur du marché n’est pas concerné par cette opération, les commerçants y trouvant continuent de recevoir des lettres d’avertissement de la part de certains maires dus District. C’est le cas des commerçants de le Rue Mohamed V, des alentours de la Mosquée Yacouba GUINDO et d’autres endroits du marché Dibida. Il en est de même pour les alentours de la Pharmacie populaire et de l’IER. Tous ces endroits se situent à l’intérieur du marché et ne seraient pas concernés par l’opération, a-t-il fait savoir.
Le recensement a débuté jeudi dernier
Selon leurs porte-paroles, les détaillants ont l’impression que certaines mairies, notamment celle de la Commune III, sont en train de profiter de l’opération de Ami KANE pour venir les arnaquer. Pourtant, rappelle M. «Fré», il y a un recensement des victimes qui a démarré, jeudi dernier.
«Dans ce contexte, on ne peut pas comprendre que pendant ce temps, les autorités continuent de démolir nos commerces», a continué de dénoncer l’orateur.
En effet, a-t-il dit, à la suite de l’interpellation des autorités à l’Assemblée nationale, les responsables des organisations de commerçants ont été écoutés par les députés de l’Assemblée. Aujourd’hui, les victimes fondent beaucoup d’espoir sur l’issue de cette intervention des députés.
«Si l’Assemblée nationale ne nous donne pas une réponse satisfaisante, nous allons aller en grève», a-t-il souligné.
Selon lui, il est souhaitable que pour des opérations du genre que les intéressés soient associés et surtout écoutés. «La République n’est pas notre ennemi, nous sommes tous citoyens de ce pays».
Selon d’autres intervenants, une commission a été mise en place pour le recasement des déguerpis. Aujourd’hui, ont-ils noté, des possibilités existent pour le recasement des déguerpis. Sur ce point, ils exigent que les bâtiments publics qui sont à l’intérieur du marché soient transformés en magasins pour recaser les victimes de ces dernières opérations.
Certains intervenants ont rappelé qu’avant cette dernière opération, il y avait déjà eu des initiatives. «Si les autorités nous avaient consultés, on aurait commencé par identifier des zones de recasements avant de lancer les opérations de déguerpissement», ont-ils déploré.
Plus de 10 000 commerçants détaillants déguerpis
Avec tout ce qui se passe déjà au nord, les initiateurs du présent meeting estiment qu’il est souhaitable qu’il y ait la quiétude à Bamako.
Ainsi, ils ont lancé un appel pressant au Président de la République pour qu’il instruise au gouverneur, Ami KANE, d’arrêter immédiatement les opérations de démolition.
Pour conjurer le mauvais sort qui les frappe en cette veille de Tabaski, les participants à ce meeting ont demandé aux responsables de la Chambre de commerce de rencontrer immédiatement le Président IBK pour qu’il ordonne l’arrêt des opérations. En outre, ont-ils rappelé, suite de l’incendie du marché rose, ce sont plus de 2000 commerçants qui attendent d’être recasés pendant que cette opération a déjà fait plus de 10 000 déguerpis.
«On ne veut plus voir Ami KANE dans le marché»
Le président de l’Association des détaillants des alentours de la cathédrale, Check DIALLO, a souligné que depuis la mise en place de la commission de crise, il avait été demandé l’arrêt des opérations de démolition. Malgré ce mot d’ordre, les détaillants constatent que le gouvernorat continue à casser. «Cela est inadmissible, s’il n’arrête pas de casser, nous allons nous même casser. A partir d’aujourd’hui, on ne veut plus désormais voir Ami KANE dans notre marché», a-il averti.
Pour sa part, Ibrahim MAÏGA, a souligné qu’il faut dire à Ami KANE, que c’est la fin de la casse dans le Grand marché. Il a invité les victimes à rester mobilisées.
«Plus personne ne bougeras, et nous allons même réoccuper les places déjà libérées », a-t-il dit.
La représentante de la Chambre, Mme Fatoumata SOUMARE, a indiqué que la chambre est en train de tout faire pour que toutes les victimes soient identifiées et dédommagées. Cette opération de recensement a déjà commencé par le Commune I, a-t-elle dit. Elle a appelé les victimes de ces différentes opérations au calme et la retenue. «La Chambre prêtera une oreille attentive à vos préoccupations», a-t-elle promis.
A noter que toutes ces différents points sont consigné dans un document qui sera transmis au président de la CCIM pour informer qui de droit.
Avant de terminer, les participants au meeting du vendredi dernier ont exigé que des mesures immédiates soient prises pour que tous ceux qui été déguerpis puissent avoir une place avant la Tabaski, une échéance importante pour les détaillants.
En tout état de cause, tous les responsables ont invité les uns et les autres au calme. «Quoi qu’il arrive, il va falloir qu’on se retrouve pour dialoguer », a-t-il conseillé Sékou DRAMERA.
Par Abdoulaye OUATTARA