“On aime l’Allemagne!”, “Merci l’Allemagne”, scandent quelques dizaines de migrants après un long périple à travers l’Europe, à la gare de Munich où un groupe de Bavarois les accueille mardi, pancartes “Bienvenue!” à la main.
Pour nombre d’entre eux, qu’ils viennent de Syrie ou de Somalie, l’Allemagne fait figure de destination finale rêvée. L’accueil est réputé meilleur qu’ailleurs dans la première puissance économique européenne et Berlin a encore gagné en popularité en renonçant à renvoyer les Syriens fuyant la guerre vers leur pays d’entrée dans l’Union européenne.
Epuisés, les yeux cernés, leurs affaires souvent bourrées dans quelques sacs poubelles, des centaines de candidats à l’asile manifestent leur soulagement après être restés coincés ces derniers jours en Hongrie, jusqu’à ce que les autorités les laissent partir lundi à bord de trains vers Vienne et Munich notamment.
“En Hongrie, la situation était très mauvaise. Les enfants n’avaient pas d’eau propre, pas de nourriture, et la police en Hongrie était aussi très méchante”, affirme Abdel Alim, migrant syrien, arrivé dans la nuit de lundi à mardi par le train de Budapest.
“Nous sommes heureux d’être arrivés jusqu’à Munich. Mais là on est épuisés, juste épuisés”, souffle une Syrienne, accompagnée de son mari et de quatre enfants, avant d’être prise en charge par la police.
Les agents enregistrent alors les arrivants à l’intérieur de la gare puis les conduisent par navettes vers les foyers de réfugiés que compte la Bavière, région du sud de l’Allemagne frontalière de l’Autriche.
Cette zone a enregistré, avec quelque 2.200 arrivées entre lundi matin et mardi matin, le plus grand afflux de migrants chez elle depuis le début de la crise migratoire qui frappe l’Europe cette année. L’Allemagne, première destination européenne pour les demandeurs d’asile, s’attend à en accueillir cette année un total de 800.000, un record européen.
Dans la gare de Munich, un peu partout, des groupes de gens allongés à même le sol attendent leur prise en charge. Les familles sont traitées en priorité, les autres doivent parfois patienter plusieurs heures, “mais nous essayons de faire partir le plus rapidement possible les gens de la gare”, explique Sven Müller, porte-parole de la police.
La police dépassée par la solidarité
Le sort de ces voyageurs, qui pour certains ont mis un mois à arriver depuis leur départ d’Alep, ville syrienne déchirée par la guerre civile, a aussi déclenché une vague de solidarité avec des dizaines de Munichois apportant habits, nourriture, eau et couches.
Aux points de collecte de la gare, les offres d’assistance fusent: “On a amené de quoi boire”, “De quoi avez-vous encore besoin?” ou encore “Comment puis-je aider?”.
L’élan de solidarité est tel que la police munichoise a demandé aux habitants d’arrêter leurs dons faute de pouvoir les gérer.
“Nous sommes dépassés par les nombreux dons des Munichois pour les réfugiés à la gare centrale. Nous vous demandons de ne plus rien apporter”, a tweeté ainsi la police de la capitale bavaroise en début d’après-midi mardi.
Partout en Allemagne des mouvements d’aide spontanés se sont organisés ainsi ces dernières semaines, qu’il s’agisse d’accueillir les migrants ou de les nourrir.
Mais parallèlement le pays a aussi vu le nombre des actes racistes augmenter. Et selon un volontaire à la gare de Munich, un groupe d’extrême droite a tenté de s’en prendre aux réfugiés.
“On s’y est mis à vingt et on les a chassés”, raconte fièrement Andreas Dichmann, un jeune homme de 21 ans venu dès lundi soir pour apporter de l’eau aux voyageurs éreintés.