Le massacre des 136 civils survient dans un contexte sécuritaire très préoccupant dans la région de Mopti. Bien avant la tragédie d’Ogossagou peul, c’est la petite localité de Dioura, dans le cercle de Tenenkou qui avait été la cible d’une attaque terroriste bien coordonnée au cours de laquelle 26 soldats ont été tués, plusieurs véhicules, des armes et munitions emportés ou calcinés.
Cette attaque, d’une très grande ampleur contre les FAMas depuis les évènements sanglants de Kidal, a suscité une indignation générale à travers le pays avec des mouvements de colère des épouses, mères et enfants de militaires dans les camps de Nioro, Ségou, Kayes et ailleurs. Et, pendant que le pays observait un deuil de trois jours en hommage aux militaires tués, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) qui l’avait revendiquée a déclaré que l’attaque a été exécutée par des hommes de la Katiba Ansar Eddine Macina, l’une de ses composantes active dans le centre du Mali, sous le commandement d’Amadou Koufa. Le GSIM présente l’attaque de Dioura comme » une opération de représailles aux crimes commis par le gouvernement et ses milices contre les Peuls « .
Il apparait que 24 heures après cette revendication, les chasseurs donzos, bien équipés et ayant en leur possession des lance-roquettes et grenades offensives ont lancé une attaque contre Ogossagou et Wélingara. Donc difficile de ne pas voir un lien entre l’attaque de Dioura et l’expédition d’Ogossagou qui apparait comme punitive.
Il est à préciser que le massacre de Dioura démontre l’absence des FAMas dans les zones les plus reculées du pays et les difficultés qu’elles ont pour se déployer et porter assistance à la population. Il est plusieurs fois reproché à l’armée de ne pas se déployer chaque fois qu’elle a été alertée par les habitants.
Il est triste de constater qu’aucun enseignement n’a été tiré du massacre de Koulongo peul survenu début janvier 2019 avec au moins 45 personnes tuées. Le Chef de l’Etat, qui avait effectué un déplacement sur place, avait instruit l’installation d’une base militaire dans la zone et l’intensification de patrouilles militaires pour parer contre de tels incidents. Plus de deux mois après, une tragédie similaire se produit, cette fois, avec une très grande ampleur. Alors que si des dispositions rigoureuses avaient été prises avec une présence renforcée des forces de défense et de sécurité et un désarmement effectif de toutes les milices armées du Centre, un tel drame aurait pu être évité.
Source: L’Indépendant