L’installation des jeunes ruraux dans les différents casiers de l’Office du Niger a été une belle initiative du gouvernement et de l’Office du Niger. Ces jeunes, installés, ont trouvé un emploi qui leur épargne des maux de la société et participent activement au développement du pays.
L’un des maux de la société dont souffre la jeunesse malienne est le chômage. Le manque d’emploi pour les jeunes oblige beaucoup d’entre eux à choisir le chemin de l’exil ou encore à tomber dans le cercle vicieux du mal, comme la délinquance, le vol, la drogue…
Pour permettre aux jeunes de s’épanouir et de participer activement au développement du pays, le gouvernement et l’Office du Niger ont initié un projet d’agriculture pour les jeunes ruraux à Bewani, en zone Office du Niger.
Dans cette localité, des centaines de périmètres destinés à la riziculture sont aménagés à perte de vue. Nous arrivons là. Dans une parcelle de riz, un groupe de jeunes s’afférait au décorticage du riz récolté pendant la contre-saison. L’atmosphère est bruyante. C’est dans ce tohu-bohu que le président des jeunes ruraux de Bewani, Sékou Bourama Coulibaly, accompagné du personnel d’encadrement dont Lala Cheick Diallo, une conseillère agricole, nous reçoit.
L’Office du Niger a aménagé des hectares de terres dans la zone de Bewani, pour les jeunes ruraux. Ils ont été installés entre 2007 et 2008 sur le casier de Kanto. Là, 85 jeunes exploitent 200 hectares. “Dans le casier de Kanto, nous avons bénéficié 3 ha chacun”, explique M. Coulibaly. Dans le casier de Diogoba, aménagé en 2016, 27 jeunes ruraux cultivent 120 hectares. Là-bas, chaque jeune a bénéficié de 5 hectares. Mais, ce n’est pas n’importe quel jeune qui a été installé sur ces terres cultivables.
“Une offre de candidature est lancée. Il revient aux jeunes ruraux qui remplissent les conditions de déposer leurs dossiers. Après le dépôt, arrive la phase de sélection par la commission d’installation, présidée par le préfet de Niono. Cette commission est composée de plusieurs autres structures dont la jeunesse, la Chambre d’agriculture”, détaille Alou Bah, chef division/appui au monde rural dans la zone de Bewani.
Dans ces périmètres aménagés, les jeunes ruraux s’adonnent activement à la culture du riz. Des matériels de production ont été mis à leur disposition par l’Office du Niger. Ils parviennent à subvenir à leurs besoins alimentaires par la production du riz. “Le rendement dépend de la façon de faire de tout un chacun. A ma première année, j’ai récolté 90 sacs de riz à l’hectare. Celui qui s’adonne à la riziculture et suit à la lettre les conseils des techniciens de l’Office du Niger, fera toujours d’importantes récoltes”, explique M Coulibaly.
Totalement couvert de son de riz, Djenéba Gassama, une jeune bénéficiaire du “Projet jeunes ruraux”, calebasse en main, ne cache pas sa satisfaction de s’être “mariée” à la terre. “Nous avons été parmi les jeunes chanceux à être installés par l’Office du Niger. Depuis, nous nous sommes organisés en groupe et nous travaillons dans les périmètres de riz. Aujourd’hui, nous ne nous plaignons de rien. S’il s’agit de manger, nous en avons à satiété. Nous sommes reconnaissant envers l’Office du Niger qui n’a ménagé aucun effort pour nous mettre dans de bonnes conditions de travail”.
L’installation des jeunes ruraux dans la zone de Bewani a été bénéfique dans la mesure où le projet a permis de les fixer dans leur contrée. « Si le projet n’existait pas, ces jeunes allaient tous se retrouver soit sur les sites d’orpaillage traditionnel, ou ils seraient partis à l’exode », raconte la jeune femme.
Il faut dire que les jeunes ruraux ne travaillent pas seuls dans leurs champs. Ils bénéficient de l’appui technique des conseillers agricoles de l’Office du Niger. Ces techniciens, de par leurs connaissances, leur maîtrise du calendrier agricole, accompagnent les jeunes ruraux et les paysans dans l’atteinte de leurs objectifs.
Lala Cheick Diallo, est de ceux-là qui appuient les jeunes ruraux de la zone de Bewani. “Nous faisons en sorte que le calendrier à nous soumis par l’Office soit respecté par les paysans. L’utilisation de l’eau dans les casiers, les subventions d’engrais”, raconte la jeune technicienne. Selon elle, la collaboration avec les jeunes ruraux a permis d’avoir de bonnes récoltes.
A Bewani et ailleurs à l’Office du Niger, une meilleure campagne agricole est aussi tributaire de l’eau dans les casiers. Cette eau, les jeunes ruraux en reçoivent dans leurs parcelles, même si parfois ils sont confrontés à des difficultés de ravitaillement. « Les jeunes payent les redevances suivant le niveau d’aménagement. Tous les jeunes ruraux sont à jours dans le paiement de la redevance eau”, affirme le président des jeunes ruraux.
Comment s’effectue le paiement de la redevance eau ? Le paiement de la redevance eau dépend du niveau d’aménagement, explique Alou Bah, chef division appui au monde rural dans la zone de Bewani. “Trois classes sont identifiées pour le paiement de l’eau. Il s’agit de la première classe qui paie 67 000 F CFA, la deuxième classe 56 950 F CFA et la troisième 46 900 F CFA”, précise-t-il. Mais, la plus grosse difficulté pour les jeunes ruraux reste la disponibilité à temps de l’engrais. “Les engrais subventionnés ne sont pas toujours disponibles à temps. Ce qui a une incidence sur le rendement. Comme vous le savez, sans engrais, la culture du riz est presque impossible”, souligne un jeune rural.
En perspective, l’Office du Niger envisage d’aménager 500 hectares cette année. Il prévoit d’y installer d’autres jeunes sur 70 % de ces terres aménagées.
Autre lieu, autre investissement
Nous sommes à Dédougou où 687 hectares sont aménagés par l’Office du Niger pour 250 jeunes ruraux. Ces jeunes ont été installés il y a environ 10 ans. Dédougou dispose de 4 casiers rizicoles : Siengo, Boloni, N’Debougou et N’Dobougou. Le gouvernement, à travers le programme Apej, a fait trois séquences d’aménagement pour les jeunes ruraux. La plus grande installation des jeunes est enregistrée à “Siengo extension” avec 432,86 ha pour 107 hommes et 40 femmes qui s’adonnent à la riziculture sur un total de 687 hectares. A leur installation, les jeunes ruraux ont reçu de l’Apej, 900 000 F CFA de crédit agricole (cette somme est à rembourser dans une banque de la place) et un motoculteur.
Les femmes s’y mettent beaucoup dans la riziculture. Certaines d’entre elles sont accompagnées par leur mari. A Débougou, le travail des femmes consiste généralement au repiquage des pipières.
“Comme chef d’exploitation, les femmes se lèvent très tôt le matin pour le repiquage. Parfois, elles prennent des manœuvres pour les aider”, témoigne Alassane Ly, chef division appui au monde rural dans la zone de N’Debougou.
Expérimenté en culture du riz, le président des jeunes ruraux de Débougou est un exemple de réussite. “J’ai toujours aimé la verdure, mais je dois avouer que j’ai vraiment eu un attachement pour la nature en général”.
Pour lui, beaucoup de jeunes sans emploi aspirent à émigrer pour sortir du chômage, alors qu’entreprendre dans le secteur agropastoral est une solution à long terme contre le chômage. L’agriculture est donc une solution au chômage, à l’émigration clandestine et tous les autres maux liés à une jeunesse désespérée, affirme M. Kamaté. “Les jeunes ont cette mentalité de vouloir travailler dans un bureau. Il faut qu’on sorte de ça. La meilleure façon d’être indépendant et riche, c’est le travail de la terre. L’entreprenariat dans le domaine agropastoral rapporte beaucoup. Et chez nous au Mali, il y a toutes les matières pour réussir cela : les outils de travail, la terre, l’eau”.
A Débougou, selon M Ly, les récoltes et autres produits agricoles des jeunes ruraux ont toujours des preneurs, c’est-à-dire des acheteurs. “Aujourd’hui, nous avons de la chance. La ferme Bara Musso achète tous nos produits au comptant. Bara Musso est venue s’installer dans la zone. Elle a construit des usines pour la transformation des tomates. C’est dire qu’on n’a pas de mévente. Ici, tout le monde produit en même temps. Avec Bara Musso, nous avons un marché sûr”, s’est félicité M. Ly.
Dans les zones de Bewani et Débougou, les jeunes ruraux sont confrontés à l’absence de main d’œuvre. Ce qui handicape parfois la bonne exécution de leurs travaux. “Nous avons un manque de main d’œuvre pour nos travaux agricoles. Il y a aussi une insuffisance de matériels de transformation, des difficultés d’approvisionnement en semences et intrants, sans oublier la divagation des animaux dans les parcelles”, déplore M. Ly.
L’agriculture au Mali a beaucoup évolué dans les mentalités. Les Maliens et les Maliennes commencent à accorder beaucoup d’importance aux corps de métier liés à l’agriculture et au pastoralisme. De plus en plus, en zone urbaine ou péri-urbaine, les pratiques agricoles se multiplient, même si c’est le plus souvent à temps partiel et sur de petites exploitations. Mais une chose est sûre, le développement du pays passe inexorablement par la mise en œuvre de plans d’actions concrets dans le domaine agricole comme ce Projet jeunes ruraux.
Quoi qu’il en soit, l’installation des jeunes ruraux à l’Office du Niger contribue davantage à la réduction du taux de chômage dans notre pays et à l’atteinte de l’objectif d’auto- suffisance alimentaire.
Amadou Sidibé
(envoyé spécial)
Source: Mali Tribune