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Offensives tous azimuts: ce qui fait courir les Mollahs

Les Bamakois devraient assister, cet après-midi, à un nouvel épisode d’orgie politico-religieuse aménagé par l’Imam DICKO rallié par des organisations politiques et religieuses. Les ingrédients du plat de résistance devraient être : l’ultimatum pour le limogeage du Premier ministre ; la crise scolaire ; les massacres de civils et militaires. Mais au-delà de cet artifice, qu’est-ce qui fait réellement courir les Mollahs ?

Cyniques, les professionnels de l’antisystème se contorsionnent et ratiocinent. Au final, ils instrumentalisent plus qu’ils ne portent le combat du peuple de vivre en sécurité, avec des institutions stables et des enfants en classe. Tout à leur obsession de déstabiliser le pouvoir, ils décrédibilisent un mouvement construit en dehors des idéologies et surtout de leurs ambitions politiques. Avec la marche de ce Vendredi saint, l’instrumentalisation d’une frustration populaire est patente. L’escalade de la discorde entre le pouvoir et ses contempteurs a, semble-t-il, atteint son point culminant.

L’offensive contre le régime, qui repose sur une crise d’excentricité, des frustrations mal assumées, l’âpreté au gain facile, n’est donc pas banale.

En effet, nonobstant les consignes de vote données par des religieux, en faveur de certains candidats à l’élection présidentielle de juillet/août 2018, ces derniers ont subi une raclée, y compris (et surtout) dans les circonscriptions électorales où ces consignes étaient censées être suivies à la lettre. Cette déconvenue a mis à nue toute la limite de l’influence de ces donneurs de consignes sur la matière électorale. Selon de nombreuses sources, au-delà de l’échec des candidats chaperonnés, les parrains dont les nerfs sont désormais à fleur de peau digéreraient surtout mal les implications de cet échec. Par exemple, le mythe de faiseur de Président de la République est désormais brisé. La tentation est alors très forte pour les dignitaires religieux de faire payer cela au régime. Le mouvement d’aujourd’hui s’apparente à l’une de ces manifestations.

Il y a aussi le fait que le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA a commis ‘’la lourde faute politique’’, aux yeux de ceux qui ne reculent plus devant rien pour obtenir son départ, d’enlever de la bouche de l’Imam DICKO le pain de 700 millions de Francs CFA versés par le Gouvernement sur le compte de la Mission de bons officies qu’il présidait. Pourtant, la Mission s’est avérée improductive.

Un autre élément déterminant de cette guérilla politico-religieuse est en rapport avec la fin de mandat de l’Imam DICKO à la tête du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI). Nul ne s’y méprend : à l’état où ses relations sont enflammées avec le pouvoir, il y a peu de chance pour lui de bénéficier, cette fois-ci, d’une parodie d’élection comme cela avait été le cas quand des délégués ont été privés de vote pour favoriser son triomphe à la tête du Haut conseil islamique du Mali. De ce point de vue, les agitations actuelles peuvent être interprétées comme des frappes préventives pour dissuader quiconque commettrait l’imprudence de remettre en jeu son fauteuil cossu et cousu de millions de francs, avantage de la fonction oblige.

Selon de nombreux analystes, la marche, à l’idéal à priori noble, cacherait des enjeux inavoués. Selon certaines sources, en effet, elle viserait à créer à Bamako ce que Kouffa réussit au Centre et que Iyad Ag Ghaly réussit au Nord, en termes de déstabilisation. Une parfaite répartition de rôles, en somme, pour des raisons évidentes. Aux entournures de manifestations anti régime une ambition (prétention ?) présidentielle pourrait bien être embusquée.

Mais, il serait illusoire que des politiques dont la vocation est la conquête et l’exercice du pouvoir, donc en concurrence avec les religieux sur ce terrain, adhèrent sans ciller à un imaginaire aussi délirant que haineux.

En tout cas, l’image d’Épinal de l’Imam s’érode, non seulement en raison de ses motivations, mais aussi et surtout du moment choisi pour verser de l’alcool sur des plaies encore béantes.

Déserter les mosquées pour occuper la rue, voici le choix controversé qui est fait pour allumer le régime. La critique est toujours facile, mais, franchement, nous atteignons en ce moment des records en matière d’emploi de langue fumeux autant en politique qu’au sein de ceux qui sont généreusement appelés leaders religieux. Taire nos égos et nos inimitiés ; placer le Mali au-dessus de nos ambitions personnelles, telles est la seule voie du salut. ‘’Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots’’. Martin Luther KING, Homme politique, Pasteur, Religieux (1929 – 1968).

PAR BERTIN DAKOUO

Info-matin

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