Le Gouvernement algérien a décidé, ce mardi, de retirer son ambassadeur à Paris « avec effet immédiat » en guise de contestation contre la reconnaissance par « la France du plan marocain d’autonomie du Sahara Occidental et la souveraineté marocaine sur ce territoire ».
« Le Gouvernement algérien a décidé le retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat. La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires », a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dans une lettre adressée mardi au Roi du Maroc, Mohammed VI, le président français, Emmanuel Macron, a affirmé qu’il « considère que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
« Aussi, je vous affirme l’intangibilité de la position française sur cet enjeu de sécurité nationale pour Votre Royaume. La France entend agir en cohérence avec cette position à titre national et au niveau international », a-t-il précisé.
Pour la France, a soutenu Emmanuel Macron, « l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue ». « Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. Pour la France, celui-ci constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Par cette reconnaissance, a estimé la diplomatie algérienne dans son communiqué, « le Gouvernement français a fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara Occidental ».
« Ce pas qu’aucun autre Gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir, le Gouvernement actuel l’a fait avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture, sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles », a déploré le même communiqué.
Pour l’Algérie, le Gouvernement Français vient, par son geste, « bafouer la légalité internationale, prendre fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, se démarquer de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations Unies à l’effet de parachever la décolonisation du Sahara Occidental et manifester une abdication des responsabilités particulières qu’il doit assumer, en toutes circonstances, comme membre permanent du Conseil de Sécurité », poursuit le texte.
La décision du chef du gouvernement français a été communiquée, rappelons-le, à son homologue algérien, il y a quelques jours. Alger l’avait dénoncé, jeudi dernier, dans un communiqué signé par le ministère des Affaires étrangères, estimant que « les puissances coloniales, anciennes et nouvelles, savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables ».
Pour le MAE algérien, « la décision française relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un apriori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie ».
« Cette décision française n’aide pas à réunir les conditions d’un règlement pacifique de la question du Sahara Occidental, elle conforte une impasse, celle créée précisément par le prétendu plan d’autonomie marocain et qui dure depuis plus de dix-sept ans », a précisé la diplomatie algérienne.
Dans un communiqué rendu public dimanche dernier, le bureau du Conseil de la Nation, chambre basse du Parlement algérien, a qualifié la décision française de « honteuse ».
« Le bureau du Conseil de la Nation, présidé par le Moudjahid Salah Goudjil, président du Conseil, condamne et désapprouve vivement le soutien honteux du Gouvernement français au plan d’autonomie pour le territoire du Sahara occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté marocaine », a soutenu le communiqué.
Pour le président du sénat algérien, il s’agit d’une « dérive hasardeuse » qui « torpille les efforts de l’ONU, qui inscrit le Sahara occidental, depuis des décennies, sur la liste des territoires en attente de décolonisation ».
Le conflit entre le Maroc et le Front Polisario sur la région du Sahara dure depuis 1975. Il a commencé après que l’occupation espagnole a mis fin à sa présence dans la région, avant de se transformer en une confrontation armée qui a duré jusqu’en 1991, et a pris fin avec la signature d’un accord de cessez-le-feu qui considérait Guerguerat, une zone démilitarisée.
Le Maroc insiste sur son droit à la région du Sahara et propose une autonomie étendue sous sa souveraineté, tandis que le Front Polisario demande un référendum en application de la Résolution 690 du Conseil de Sécurité des Nations unies pour déterminer le sort de la région, position soutenue par l’Algérie, qui accueille des réfugiés de la région contestée.
Source : Anadolu