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NORD-MALI : Un miroir aux alouettes !

Face aux duperies et incertitudes qui entourent la situation au Nord-Mali, Bamako doit jouer cartes sur table. Le président de la République a une autre occasion de se montrer à son avantage après de multiples opportunités manquées.

MNLA NEGOCIATION AZAWAD ALGERIE ACCORD CADRE

Après le Nord, des villes du centre du Mali sont désormais la proie aux attaques répétées de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Celle-ci veut maintenir des localités du septentrion sous son emprise tout en semant la terreur dans d’autres parties du pays.

Un plan savamment orchestré que la reprise de Ménaka il y a quelques jours par le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) ne saurait justifier. Sentant venir la fin de l’anarchie et de leur connivence avec les narcotrafiquants et terroristes avec tous les avantages y afférents, les séparatistes veulent saboter le processus de paix.

Ce gâchage de la CMA vise d’abord à empêcher la signature de l’accord d’Alger ce 15 mai à Bamako avant de contraindre la très passive communauté internationale à remettre sur la table ses desseins sécessionnistes. C’est pourquoi l’Etat malien ne doit plus se comporter en victime expiatoire du double jeu de certains de ses partenaires. Autant la crise du Nord-Mali est complexe, autant les entourloupes sont gigantesques.

La position de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) est des plus confuses. L’on ne peut pas vouloir une chose et son contraire. La Minusma dit souhaiter la paix au Mali alors qu’elle ne fait rien contre ceux qui constituent un obstacle à cette paix. L’ONU a toujours brandi des menaces de sanctions qu’elles n’a jamais prises contre les « ennemis de la paix ».

Or, une simple réplique des militaires maliens aux actes de provocations ou aux attaques récurrentes des rebelles équivaut à une mise en garde quand bien même que c’est un Etat souverain qui fait face à un groupuscule d’individus égarés. A une semaine de la signature« historique » du document de paix d’Alger, ces derniers maintiennent le suspense en excellant dans la défiance. Personne ne peut dire avec certitude que la CMA signera le deal d’Alger.
Mauvaise inspiration

Pour couvrir cette incertitude, la Minusma persiste et signe que « l’accord ne sera pas fermé » si la CMA renonce à la signer vendredi prochain. Le patron de la structure onusienne au Mali l’a réitéré mercredi lors de la réception par le président IBK d’une équipe de la médiation internationale. Jusqu’où est donc prête la Minusma à aller dans sa politique de « deux poids deux mesures » ? De paisibles citoyens doivent-ils continuer à souffrir à cause des intérêts sordides de la CMA et de ses alliés tapis dans l’ombre ?

L’attitude des autorités maliennes aiderait beaucoup à décanter la situation. Face aux représentants de la médiation internationale, le président de la République s’est montré optimiste s’agissant de l’accord d’Alger. Cependant, IBK a encore raté le coche et son optimisme « démesuré » ne tient plus la route. Les séparatistes continuent de rire au nez de l’Etat et beaucoup de questions relatives à la situation sur le terrain resteront sans issue favorable avec l’air que le président affiche.

L’entretien avec la médiation internationale aurait dû planter le décor à un discours à la nation dans lequel il informera ses mandants de sa vision des choses et de son plan d’actions sur la crise du Nord. Ce qui est d’autant plus pertinent que les Maliens se demandent ce que le président himselfpense de tout ce qui se passe au Nord et ce qu’il compte faire, avec ou sans l’accord d’Alger.

Des partis politiques et une frange importante de la société civile ne cessent de réclamer l’organisation de rencontres formelles afin de voir clair dans les intentions de Bamako. Une exigence qui prouve si besoin est que la crise septentrionale nécessite plus de communion et de communication.

Les marches et les manifestations pour la paix attestent de la détermination des Maliens à en finir avec la crise du Nord. Le gouvernement a la sympathie et le soutien des citoyens sur le dossier du septentrion. Il s’agit maintenant de canaliser tout ce beau monde en tenant un discours limpide en même temps qu’en se fixant des objectifs précis. La mobilisation générale des populations pour la paix est un atout non négligeable dont l’Etat doit profiter.

Les démonstrations de force des marcheurs ou autres manifestations de paix changeraient beaucoup de prises de position internationales sur le Mali si elles étaient mieux organisées. Surtout en cette veille de la signature programmée de l’accord d’Alger. Le gouvernement doit mettre en place un mécanisme permettant de mieux véhiculer le contenu dudit accord afin nul place ne soit laissée aux doutes et aux mauvaises interprétations.

Quoi qu’il ne fasse pas l’unanimité, l’accord d’Alger peut faire changer d’avis bien de personnes. A condition qu’on leur explique ses tenants et ses aboutissants. Le ministre des Affaires étrangères et son collègue de la Réconciliation nationale ont fait des efforts dans ce sens, mais ils doivent être suivis par le reste du gouvernement et les plus hautes autorités du pays.
Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

source : lesechos

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