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Nord Mali : Les Chamanamasse demandent la création de la région d’Alata

En vue de soutenir la création de la nouvelle région qui aura pour chef-lieu Azawa (à 90 km de Gao), les Touaregs Chamanamasse et leurs alliés ont déposé, depuis janvier dernier, une demande, accompagnée de justifications socio-historiques, sur la table du ministre de la Décentralisation.

carte mali delimitation region bamako

Quand la loi du 31 mars 2016 aura fini d’être appliquée, le nord du Mali ressemblera à un pays du Moyen-Age avec une infinité de baronnies et de fiefs féodaux dirigés par des bandits armés ou leurs suppôts civils. En effet, la loi prévoit de mettre en place des autorités intérimaires dans toutes les collectivités territoriales du nord, même celles qui n’en ont pas besoin. C’est, semble-t-il, la lecture que donne la CMA (rébellion armée) aux accords de paix signés à Bamako et Alger.

37 collectivités à Taoudéni

Ainsi donc, à la demande de la CMA, la région toute neuve de Taoudéni sera divisée en 37 collectivités décentralisées sous forme de cercles et de communes. De quoi ériger en présidents de cercles et de communes des garnisons entières de rebelles ! Il faut attendre le même scénario de morcellement en ce qui concerne les régions de Gao et de Tombouctou.

Région d’Alata

Comme les Touaregs ne sont pas unis et que certains d’entre eux ne veulent pas tomber sous la coupe directe des Ifoghas de Kidal (principaux meneurs de la rébellion, les Chamanamasses rêvent, eux aussi, d’arracher leur part  du gâteau territorial. C’est ainsi que depuis janvier 2016, ils ont adressé au ministre chargé de la Décentralisation une demande fort étonnante: il s’agit de transformer en région Alata, une localité inconnue de la quasi-totalité des Maliens. Dans une « note de présentation » en date du 24 janvier 2016, la « commission chargée du plaidoyer » prévoit que la nouvelle région ait pour chef-lieu Azawa (vous connaissez?). La ville se situe à 90 km de Gao. Les cercles de la région seront au nombre de 4: Azarzi, Alata, Tilemsi, Assalwa. Les arrondissements seront au nombre 8: Amasrakad, Tin Adhidj, Azawa, Ebaghaw, Tin Aouker, Tidjerwène, Wene, Emnaghil, Zalablabe. Quant aux communes, il y en aura 16:  Amasrakad, Elawayane, Tin Adhidj, Anoumalane, Azawa, Fesenfes, Injaghal, Alafantaq, Tilemsi, Inabarem, Tidjerwene, Ifardane, Emnaghil, Enekar, Zalablabe,  Tinamaskor.

Le projet de création de la région a, selon la commission, obtenu l’appui des personnalités suivantes:

– élus locaux et nationaux des communes du Tilemsi et de l’Anchawadj relevant des arrondissements de Djébock et de Tin Aouker;

-chefs de tribus et de fractions concernées;

-représentants des Mouvements signataires de l’Accord de paix;

-délégués des femmes et des jeunes;

– imams et cadis de la zone;

– cadres politiques et militaires de la zone ;

-opérateurs économiques locaux.

– délégués de la Diaspora.

–  les Chamanamanes et les communautés non Chamanamass de couleurs et de langues diverses comme les Kel Essouk Hatata, les Kel Essouk Tati, les Kountas Intimarwalène, les Kountas Talafantaq, les Ahel Sidalamine, les Kel Tondibi, les Izalawane, les Ikadayène, les Ihayawane, les Icharamatane , les Takaragnat Kawalet, les Kel Talmène, les Ibohanane, les Inhadanes, les Kel Essouk Djounhan, les Kel Essouk Gourma, les Kel Ghalla et les Machdouf.

Pour convaincre davantage de la nécessité d’ériger Alata en région, la commission fait valoir qu’elle regorge d’eau (2176  milliards de m3 !) et dispose d’une carte cohérente. De surcroît, note la commission, les populations d’Alata ont un  « lien historique » et un « fond culturel commun »; elles entretiennent des « pôles secondaires de développement socio-économique ». En outre, « le climat, le relief, l’homogénéité géographique, la continuité et la cohérence territoriales, la toponymie locale expressive et symbolique » sont caractéristiques de la région. Les promoteurs assurent qu’une fois créée, la région rapprochera l’administration des populations et bénéficiera d’un « maillage sécuritaire » efficace. Quant à l’incidence financière de la création de la région, elle sera supportée, selon la commission, par le Mali, les partenaires étrangers et les collectivités territoriales qui naîtront.

Déséquilibre de prestations

En attendant l’avènement de la région d’Alata, et malgré le vote effectif de la loi, la CMA interdit le redéploiement de l’administration au nord. Si le gouverneur de la région de Ménaka, Daouda Maïga,  compte installer ses bureaux à Ménaka, le gouverneur de Taoudéni, Abdoulaye Alkadi, installera ses bureaux à Tombouctou, sans doute pour des raisons de sécurité.

Autre hypothèque pesant sur l’installation des autorités intérimaires: la caractère contestable des nominations envisagées. Déjà, la CMA, sûre de sa force, a battu le rappel de ses sympathisants dans toute la sous-région en vue de dresser une liste de personnes appelées à siéger dans les conseils intérimaires. La chose fait grincer des dents les non-Touaregs, majoritaires au nord, qui risquent de sortir bredouilles du processus parce que ne portant pas d’armes. Sans compter que l’Etat, bien que formellement chargé de prendre les décisions de nomination, n’aura que 25% des voix dans les conseils qui, du coup, pourront décider, donc gérer contre son gré. La Plateforme, conglomérat des milices pro-gouvernementales,  rêve d’un schéma où dans les localités, le pouvoir est partagé de manière alternée avec la CMA: quand la Plateforme préside un conseil, la CMA désigne l’adjoint et inversement. Mais ce n’est là qu’une proposition. Pas sûr qu’elle soit agréée par la CMA. Même en ce cas, l’Etat ne verrait pas ses intérêts sauvegardés car la Plateforme, bien que se réclamant du Mali, a des intérêts propres qui ne correspondent pas toujours à ceux du Mali.

Tiékorobani

Source: Proces Verbal

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