Le grand nord du Mali est-il redevenu un no man’s land après le travail de nettoyage fait par la force Serval en début 2013 ? Plus qu’un no man’s land, le nord du Mali doit désormais inquiéter plus et les maliens et la communauté Internationale, qui y intervient sous la coupe de l’Onu. En effet, le nombre de morts causé par des attaques sporadiques de terroristes (et des terroristes du Mnla et alliés) et autres affrontements communautaires est en passe de dépasser celui causé par l’opération de reconquête de l’intégrité territoriale du Mali. A ce jour encore, cette intégrité tant clamée par les autorités maliennes et supposée être si chère à nos amis de la communauté internationale reste non encore une réalité.
A se demander d’ailleurs si elle sera une réalité tant qu’on continuera, et du côté des autorités maliennes et du côté des partenaires du Mali dans cette lutte, notamment la France et l’ONU, à jouer la politique de l’Autriche.
En effet, n’est-ce pas qu’on est très loin du respect des engagements contenus dans l’Accord Préliminaire de Ouagadougou, signé le 18 juin 2013 et encadré par l’Onu et tous les autres acteurs intervenant au Mali ? Et pourtant, tous les malheurs actuels qu’on vit aujourd’hui sont partis de la mise sous le boisseau d’un dispositif majeur, nécessaire et incontournable de l’Accord de Ouagadougou, à savoir le processus de cantonnement-désarmement des combattants rebelles, du moins de tous ceux qui avaient formellement reconnu l’intégrité territoriale, la souveraineté et le caractère laïc de la République du Mali, et qui s’étaient engagés à les respecter comme tels.
Si le “comment en est-on arrivé à cela” importe peu aujourd’hui, il est impératif qu’on retourne à ce principe sacro-saint de base de toute bonne et véritable négociation. Car ce qui se passe au Mali est inédit dans l’histoire moderne de gestion des conflits. En effet, partout où on a pu imposer la paix dans le monde, il a fallu qu’on passe par le processus préalable de cantonnement et de désarmement de tous tous groupes qui n’ont pas le monopole de la violence. Vouloir le faire autrement au Mali n’est qu’une chimère. Et c’est à nous Maliens de comprendre cela et d’en tirer les conséquences.
Assane SY DOLO
Source: Soir de Bamako