Encore et toujours Kidal, ne peut-on s’empêcher de dire après l’attentat qui s’y est produit samedi 14 décembre dernier : un véhicule bourré d’explosifs a foncé tôt le matin sur la Banque malienne de solidarité, gardée par des soldats maliens et d’autres Africains de la force onusienne au Mali ; comme bilan humain, il y a eu sur le coup deux militaires sénégalais tués, trois autres casques bleus et deux militaires maliens grièvement atteints, tous évacués à Gao, la plus grande ville du nord du Mali, située à 300 km au sud de Kidal .
Et dire que les Maliens retournaient hier aux urnes à l’occasion du second tour des législatives censées parachever la fin de la transition de 19 mois après le coup d’Etat du 22 mars 2012 qui avait précipité le Mali dans le chaos. C’est à croire que, la situation sécuritaire au Nord- Mali, particulièrement à Kidal est la parfaite illustration de la formule : « Un pas en avant, deux pas en arrière », titre d’un ouvrage de Lénine : ainsi, avant la restitution du gouvernorat et de l’ORTM de Kidal, aux autorités par le MNLA honorant sa promesse du 14 novembre 2013, mais, le jeudi 28 novembre 2013, il empêche le Premier ministre, Oumaro Tatam Ly, de quitter l’aéroport de Kidal. Sans oublier l’enlèvement, puis le crapuleux assassinat, le 2 novembre, de deux de nos confrères de RFI et l’attentat suicide, le 25 septembre, contre un camp de l’armée à Tombouctou qui avait fait deux morts. Comme par hasard, l’attentat de Kidal samedi 14 décembre s’est produit au moment où l’armée française réalise dans cette ville depuis plusieurs jours une grande opération antijihadiste au nord de cette localité, la plus grosse jusque-là avec au moins 20 hélicoptère et des véhicules au sol contre Aqmi. D’ailleurs, l’assassinat des journalistes n’a pas toujours été éclairci.
C’est dire que, si les groupes djihadistes liés à Al-Qaïda (Le Fondement, la Base) ont été affaiblis par l’intervention militaire internationale lancée par Paris en janvier et toujours en cours, ils restent actifs et le problème sécuritaire tout entier. Quand est-ce que, diantre, va enfin être tranché le nœud gordien Kidal, ce cailloux dans la chaussure d’IBK, ou plutôt cette épine à son pied ? Autrement dit quand est-ce que le MNLA désarmera enfin pour que Kidal cesse d’être une enclave touareg dans le Mali ? D’ici là, après 100 jours sur la colline (1) du pouvoir, voilà IBK de plus belle dans son travail de Sisyphe.
Comme on pouvait s’y attendre, l’attaque du 14 décembre contre les casques bleus a été revendiquée par un islamiste, le Malien Sultan Ould Badi, au nom de tous les jihadistes du Nord-Mali, lui qui a été, dit-on, à l’origine d’un attentat similaire ayant coûté la vie à deux soldats tchadiens fin octobre à Tessalit. On peut donc parler de recrudescence. « C’est l’un des plus forts attentats que j’ai connus »,en a dit Asssilakane ag Interewit qui habite à un kilomètre du lieu de l’exposition.
Il y a de quoi, car, à ce qu’on dit, la déflagration a emporté la façade de la banque, les murs de plusieurs bâtiments y attenant comme l’école fondamentale, fait trembler des maisons et des édifices à plusieurs centaines de mètres à la ronde et soufflé portes et fenêtres dans un rayon de plus de 500 mètres ; heureusement que cette seule banque de la ville était encore fermée et les citoyens pas encore tous dans les rues vers 6 h 50.