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Nord du Mali : Pourquoi un gouverneur à Kidal ?

Des tambours pour annoncer la présence d’un gouverneur à Kidal est une ironie à l’endroit du peuple par un régime insouciant de la situation qui sévit dans le Nord du Mali.

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Certes la crise que vit le Mali à présent est multidimensionnelle mais c’est une aberration d’y penser comme une crise réelle. Elle est loin de là. Tout ce problème existe et se justifie par le manque d’hommes à hauteur des événements. Du coup le régime en place se donne à un jeu dilatoire en tournant autour du pot.

Le Mali est un Etat unitaire décentralisé et déconcentré. Les gouverneurs en République du Mali sont nommés et  commandent au nom du pouvoir central. Investi dans ce service déconcentré, le gouverneur assure la fonction exécutive civile et militaire. Mais présentement un prétendu accord appelé Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger fait du gouverneur un agent ou contrôleur administratif, quelque chose  comme ça. Comment ? La réponse est aussi simple que la question. Dans l’Accord, l’article 6 alinéa1 stipule que : « Les parties conviennent de mettre en place une architecture institutionnelle permettant aux populations du Nord dans un esprit de pleine citoyenneté participative de gérer leurs propres affaires sur la base du principe de libre administration et assurant une plus grande représentation de ces populations au sein des institutions nationales… ».

Cette nouvelle structuration a des conséquences sur les services déconcentrés aussi bien que sur les services décentralisés. Par exemple, au niveau local, selon l’article 6 alinéa 2 : « La région est dotée d’une Assemblée régionale élue au suffrage universel direct, bénéficie d’un très large transfert de compétences, de ressources et jouit des pouvoirs juridiques, administratifs et financiers appropriés… ». Le Mali va de plus en plus vers la suppression du service déconcentré du gouverneur. Cela peut s’expliquer par une règle de grammaire permettant la construction d’une phrase avec deux sujets. L’un est apparent et l’autre est réel. Exemple : Il tombe de grosses pluies.

Dans cette construction de phrase, « il » est  le sujet apparent, « de grosses pluies » en est réellement le sujet. C’est pourquoi on peut reprendre cette phrase de cette manière : Des grosses pluies tombent. A l’image de cette construction grammaticale, le gouverneur jadis titulaire du pouvoir exécutif civil et militaire, est investi dans un service apparent par sa cohabitation avec un président  de l’Assemblée régionale élu au suffrage universel direct et qui  est également le chef de l’exécutif de l’administration de la région.

Sur cette lancée, le régime IBK a violé une règle fondamentale de la décentralisation  et de la déconcentration. En effet, la décentralisation et la déconcentration sont deux modes de gestion d’affaires locales sans que la primauté de l’Etat ne soit remise en cause. Les autorités du Mali ont conclu un accord avec les terroristes qui piétine cette règle. Comment ?

A la lecture de ce document, on relève  en son article 9 que : « Les délibérations des collectivités territoriales sont exécutoires dès leur publication et transmission au représentant de l’Etat… ». Ici il ressort sans doute  que la primauté de l’Etat est remise en cause. Cela entraine une suppression du service du gouverneur qui devient désormais un simple contrôleur administratif. Ainsi, l’article 11 de l’Accord stipule que : « L’Etat, à travers son représentant exercice un contrôle de légalité à postériori des actes administratifs des collectivités territoriales… ».

En définitive, les Maliens se posent la question de savoir qui a donné mandant au régime d’IBK de nous conduire dans cette impasse. C’est pourquoi la présence du gouverneur Ag Sidi Icharach  à Kidal est un non événement. C’est une  aberration  d’y espérer une avancée en terme de retour de la paix dans la partie septentrionale du Mali. Quand on parle de la suppression  du service du gouverneur, cela ne concerne que la seule ville de Kidal en proie au terrorisme, au premier degré soutenu par l’entreprise terroriste «  azawad » tout comme le « boko haram » au Nigeria. Sans ambiguïté, le régime d’IBK joue comme l’illustre Nicolas Normand en ces termes : «  Cet accord donne une forme de prime à la violence au profit des rebelles ».

Notez que Nicolas Normand est ancien diplomate français qui fut ambassadeur à Bamako, Brazzaville puis Dakar et  actuellement le Directeur adjoint de l’Institut de hautes études de la défense nationale (I H E D N) selon Chiaka Doumbia du Challenger.

Siriki Kouyaté, journaliste analyste à la Radio RFM- la 88.5 MKZ, sur la question du  gouverneur à Kidal

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