Le jeudi 9 novembre 2017, le Chef de la Mission de l’ONU au Mali Mahamat Saleh Anadif était face aux parlementaires maliens dans le cadre de la traditionnelle séance de questions-réponses. En effet, cette séance est organisée annuellement entre les deux parties pour être non seulement au même niveau d’information, mais aussi connaitre les préoccupations du peuple à travers leurs représentants à l’Assemblée Nationale du Mali.
La dite séance, comme on peut s’en douter ne se passe pas sans ‘’passe d’arme’’ entre les deux parties. C’est donc sous une pluie de questions, que le représentant de la MINUSMA s’est livré à l’exercice. Ce qu’il faut retenir à la suite de ces débats au parlement, c’est que Monsieur Mahamat Salah Anadif n’a pas pris de temps pour renvoyer dos à dos le gouvernement, les parlementaires et les groupes armés, chacun dans son rôle ,en ces termes : « Sur la question, de la dégradation de la sécurité dans le centre du Mali dit-il, nous avons alerté toutes les parties, il y a de cela un an. On nous a rétorqué qu’il n’y a pas de problème ». Attaqué sur les actions de l’ONU dans cette partie du pays et sur le support qui sera apporté aux futures élections prévues en décembre, Mahamat Saleh Annadif a contre-attaqué en disant que dans : « le Centre, nous savons que les routes ne sont pas sécurisées, il y a pas d’administration, pas de préfet, pas de sous-préfet dans ces régions ? Non, assure-t-il. Nous sommes prêts à accompagner le gouvernement et nous sommes vraiment en train de faire tout notre possible pour que les élections aient lieu, mais soyons réalistes. Nous avons quand même deux acteurs qui sont là, les groupes armés, qui sont dans une partie du territoire et qui disent ne pas vouloir des accords et des élections. Sur la question des autorités intérimaires, mahamat Saleh Annadif est encore plus piquant lorsqu’il pose la question de savoir à quoi ont-elles servi ? »
Les mêmes propos ont été dits par le Président de la République le mercredi 4 novembre 2017 en face, du même représentant spécial des Nations-Unies pour la crise au Mali. IBK a fait savoir qu’il n’y a pas d’obstacles à la progression de l’Accord de Paix. Malgré que les autorités intérimaires mises en place ne fonctionnement pas, et que la CMA refuse le nouveau code des collectivités relative à leur libre administration, empêchant toutes élections sur les zones qu’elle occupe. L’administration pense que les élections sont possibles en décembre prochain. Dans le nord et le centre du pays, des attaques sont signalées, partout quotidiennement. Toute chose à la longue qui hypothèquera la tenue des élections de juillet 2018. D’après le Journal le Repère, le retour des services administratifs auprès des populations devient de plus en plus une urgence. Ce n’est pas qu’à Kidal seulement que l’Etat est absent à travers ses préfets et sous-préfets. Dans le cercle de Goundam, plusieurs sous-préfectures sont fermées depuis des années dont celles de Bintagoungou, de Gargando, de Farach (Essakane)…On peut en citer au tant à Diré, à Niafounké, à Rharous dans la région de Tombouctou, sans évoquer celles de Gao et de Ménaka. Donc sans le retour de l’administration dans les différentes localités du Mali, on ne peut parler d’élections dans des zones contrôlées en parties par des groupes armés ou des djihadistes. Ensuite, le Ministre de l’Administration Territoriale est tenu d’établir un chronogramme qui satisfait aux exigences d’élections libres et transparentes. En moins de 12 mois, plusieurs scrutins doivent être organisés notamment les communales, les élections locales et régionales, la présidentielle et probablement les législatives avant décembre 2018. Avec le contexte qui sied (insécurité, violation permanente de l’accord de paix et crise sociale répétitive), il est hasardeux de parier sur l’aboutissement d’un chantier aussi complexe que délicat. Mais, ce sont des défis qui sont dans la corde du titulaire du portefeuille, Tièman Hubert COULIBALY. Va-t-il les relever ? C’est toute la question.
Sans l’administration sur place, peut-on organiser des élections locales et régionales dans les localités du centre et du nord ? Nous ne le pensons pas. Et encore que dirons-nous de l’électionprésidentielle de 2018, sur sa tenue ? Dans ce cas, qu’allons-nous faire ? Nous pensons que nous serons dans le même cas que la République Démocratique du Congo (RDC). Le peuple congolais a eu toujours des inquiétudes concernant la volonté du Président Kabila à se maintenir au pouvoir après le tripatouillage de la constitution en 2011. L’année 2016 devrait être celle des élections devant mettre fin totalement aux différents mandats de Joseph KABILA. L’élection prévue pour 2016, est entrain de glisser de 2016 à 20, sans que le Président ne crée des conditions de tenue de l’élection présidentielle, à savoir l’établissement du fichier électoral, la volonté exprimée de ne pas briquer un autre mandat, l’instauration de la sécurité dans les zones en conflit. Le Mali est-il en passe de connaitre le même scenario ? .La question mérite d’être posée Depuis la signature de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation nationale en 2015, la paix tant souhaitée et vantée n’est jamais venue sur l’ensemble du territoire. L’impossibilité de tenir le scrutin présidentiel de 2018, finira-t-elle par des reports décrétés par notre Cour Constitutionnelle sous prétexte qu’il y a des circonstances exceptionnelles et des ‘’cas de forces majeures’’, empêchant toute élection.
Dans ce cas de figure, IBK aura réussi le coup raté lors du référendum annulé du 9 juillet 2017 dans lequel il s’octroyait, un mandat au-delà de la durée fixée par le constituant au cas où l’élection du président sera impossible. Aussi bien pour le referendum, que la prolongation de mandat du Président de la République, la Cour Constitutionnelle n’a pas le pouvoir selon l’éminent constitutionnaliste Mr Bréhima FOMBA de proroger directement ou indirectement le mandat finissant du Président de la République. Les maliens ne sont pas comme les congolais de la RDC, et vis-vers-ça. Pour éviter des désaccords sur la question, il est souhaitable qu’un schéma consensuel soit trouvé en dehors du président IBK, qui pendant quatre ans n’a pas pu amener la paix et la sécurité promises aux maliens, aux africains et au monde, par conséquent, il se trouvera forclos, faute de résultat positif.
Badou S KOBA
Par Le Carréfour