Testés plusieurs mois sans percevoir le moindre sou en guise de salaire, les enseignants de l’enseignement fondamental et des lycées de la filière privée souffrent stoïquement, espérant que l’Etat mette fin rapidement à la rétention des subventions destinées au secteur privé de l’Education. Tel est le constat que nous faisions dans notre édition précédente.
Nous rappelions que depuis le début de l’année, des promoteurs d’écoles, bien qu’étant en règle et donc éligibles à cette subvention, n’ont reçu un seul kopek. Entre les arriérés de paiement de la location du local, les factures d’eau et d’électricité et même l’ardoise d’endettement pour acquérir un groupe électrogène afin d’éclairer les salles de classe et ne pas laisser les élèves suffoquer de chaleur, avec notamment les délestages intempestifs de l’EDM-sa, en plus des charges salariales, les promoteurs et gestionnaires d’écoles privées ne savent plus où donner de la tête.
Pendant ce temps, contre mauvaise fortune bon gré, les enseignants essaient, tant bien que mal, d’honorer leurs engagements. Ils assurent les heures de cours programmées, tout en espérant, chaque jour, une amélioration de la situation. Mais accepter de souffrir stoïquement au nom du devoir ayant des limites, ils commencent à ronger leur impatience et en appellent aux autorités en charge de l’Education pour faire le geste qui va les sortir de la galère sans précédent qu’ils sont en train de vivre. En effet, la privation de salaire, combinée aux difficultés économiques quotidiennes, cela fait un peu trop pour eux.
Il nous revient que la situation est même plus grave que ce que nous décrivions. En effet, dans sa lettre de saisine du ministre de l’Economie et des finances, le 05 avril 2024, pour lui rappeler “le paiement intégral des frais scolaires et demi-bourses de l’année scolaire 2022-2023”, le Secrétaire général de l’Association des écoles privées agréées du Mali (AEPAM) parle ainsi : ” …la situation s’est empirée puisque les enseignants ne parviennent plus à rallier les établissements, le minimum de matériels n’existe plus et un climat d’inquiétude s’est installé dans la plupart de nos établissements”, écrit le Secrétaire général. Il rappelle à Monsieur le Ministre de l’Economie et des finances que “les promoteurs avaient appréhendé la situation dès le début de l’année scolaire, puisqu’ils avaient affirmé au ministre de l’Education nationale qu’ils reprendraient les activités pédagogiques avec les moyens de bord…”
Précisons que cela faisait suite à des promesses du gouvernement pour mettre fin à un mouvement de grève des écoles privées, entamé dès la rentrée scolaire, pour réclamer le paiement des arriérés de l’année scolaire écoulée.
“Ces moyens sont aujourd’hui épuisés, la plupart des établissements sont presque à l’arrêt, malgré la bonne volonté des acteurs”, précise le Secrétaire général.
Que fera maintenant le ministre de l’Economie et des finances mis au-devant de ses responsabilités ? En effet, le Secrétaire général, à l’entame de sa correspondance, lui a fait comprendre que “le Bureau national de l’AEPAM, après analyse objective de la situation, a estimé qu’il est de son devoir de vous faire part de la réalité sur l’espace scolaire, singulièrement celui du secondaire, suite au non-paiement des frais scolaires et demi-bourses de l’année scolaire 2022-2023”. C’est sans commentaire !
ABN