Décrit comme étant infesté depuis la fin de la Can Côte d’Ivoire 2023, l’on assiste désormais à une implosion au sein du nid des Aigles. A coups de sorties médiatiques, certains joueurs et la Fédération malienne de football se livrent à une passe d’armes.
Le nid des Aigles du Mali est en ébullition depuis quelques temps. Après l’échec à la précédente Coupe d’Afrique des nations à l’étape des quarts de finale face au pays hôte (2-1), le feu qui couvait a fini par enflammer le nid. Dans un contexte de tension, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été les contre-performances enregistrées lors des 3e et 4e journées éliminatoires de la Coupe du monde 2026 soldées sur une défaite à domicile contre le Ghana (1-2) et un nul face à Madagascar (0-0). En outre, des faits extra-sportifs, dont celui lié à l’organisation du voyage de l’équipe en Afrique du Sud pour le match contre Madagascar, sont venus empirer la situation. Conséquences, le sélectionneur qui était déjà sur la sellette a été éjecté du banc de touche des Aigles.
Sans rentrer dans les détails sur les raisons du renvoi d’Éric Sekou Chelle, les bruits de couloir font échos que la Fémafoot reproche au sélectionneur sa gestion par tâtonnements et son entêtement. Même son de cloche au niveau du département de tutelle sur l’attitude du technicien malien. Visiblement écœurés par cette éviction de leur coach ou pris d’empathie pour celui-ci, certains joueurs ont ainsi manifesté leur soutien à Éric Sekou Chelle via les réseaux sociaux. Comme pour se moquer de la fédération qui avait pourtant, quelques jours plus tôt, mis en garde contre des sorties inappropriées lorsque que le capitaine Hamari Traoré avait levé le ton contre les faits ayant émaillé l’organisation du voyage pour l’Afrique du Sud où les Aigles ont joué contre Madagascar quelques heures seulement après leur arrivée. Peu avant, le vice-capitaine aurait dit au 1er vice-président de la Fémafoot que la façon de faire les choses était un manque de respect à eux lorsque celui est venu s’expliquer sur les reports successifs de voyage. Des prises de parole de trop aux yeux des responsables fédéraux qui ont tiré la sonnette d’alarme en ces termes: “Le Comité exécutif a constaté avec regret des sorties malheureuses de certains joueurs sur les réseaux sociaux. Les auteurs de ces actes doivent que porter le maillot de l’équipe nationale est un privilège qui les oblige à un devoir de réserve. Le Comité exécutif rappelle aux joueurs et aux encadreurs des sélections nationales que ce genre de comportement ne sied pas avec leur statut.”
Mais comme pour faire la sourde oreille ou encore la tête de mule, certains Aigles ont tourné en dérision les différentes mises en garde de la Fédération à commencer par le capitaine Hamari à travers les réseaux sociaux : “Nous, les joueurs, sommes déterminés à représenter fièrement notre pays, mais nous avons besoin du soutien et de la vision éclairée de dirigeants résolus à hisser haut le Mali sur la scène internationale. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous prenons nos responsabilités. Si la situation reste inchangée, nous nous réservons le droit de ne pas honorer la sélection et de ne pas participer aux prochains matchs de qualification. Par amour pour le Mali et pour notre pays, nous prenons cette décision délicate, mais nécessaire pour les prochaines générations. Cela doit cesser… Nous reconnaissons les efforts de l’État pour améliorer nos infrastructures, mais les résultats stagnent aussi à cause de la mauvaise gestion de nos dirigeants. Nous appelons les cadres de la Fédération à prendre urgemment leurs responsabilités ”
Dans les écrits, si les joueurs en rébellion disent reconnaître les efforts consentis par l’Etat, ils fustigent la Fédération sans arguments tangibles. Car si ce sont les faits ayant émaillé l’organisation du voyage qu’ils critiquent, ils se trompent d’adversaire dans la mesure où c’est le ministère des Sports qui prend en charge les frais de voyage de l’équipe.
Au-delà, les observateurs avisés du football malien expliquent que les joueurs belligérants sont en mission commandée sinon engagés dans une guerre par procuration. “Ces joueurs sont en train de se battre pour la cause de l’ex-sélectionneur. Ils n’ont pas aimé l’éviction de ce dernier dont ils étaient très proches”, nous souffle une source très renseignée qui ajoute que le deal en gestation est de faire écrouler la Fédération et tracer la voie de la présidence à un ancien joueur établi à l’étranger qui serait de la génération du désormais ex-sélectionneur. “Voyez-vous les différentes manifestations de soutien de certains anciens et joueurs en activité ? Ça en dit long sur la raison de cette rébellion.”
De son côté, la Fémafoot n’a pas encore réagi à cette dernière sortie médiatique des joueurs. Mais dans les coulisses, l’on apprend que de lourdes sanctions ne tarderont pas à être prononcées. En attendant, l’ancien capitaine des Aigles Soumaïla Coulibaly a répliqué au communiqué de ses frères cadets: ” Vous ne verrez aucun ancien joueur de ma promotion faire des sorties contre son pays. Le capitaine Hamari Traoré parle trop, il doit être juste là pour conseiller ses jeunes frères comment gagner un match de football et non des sorties sur les réseaux sociaux”. La guerre est désormais frontale et les positions sont tranchées avec des joueurs prêts à mettre une croix sur leur carrière internationale et des dirigeants fédéraux décidés à prendre des mesures dissuasives.
Alassane Cissouma
Source: Mali Tribune