Samedi 29 août la ville de Niafunké, a subi la furie des eaux de pluies. En effet, des pluies torrentielles ont arrosé la cité (91 mm) inondant le quartier Kolondel situé au nord de la ville. Ce quartier situé dans une zone marécageuse a été complément englouti par les eaux. Si plusieurs dizaines de maisons sont encore debout, à la date du dimanche 30 août, 11 maisons se sont écroulées faisant ainsi des dizaines de sans abris ayant tout perdus y compris les vivres. Le marché a été aussi inondé, plusieurs boutiques et ateliers de couture se sont effondrés.
Il est pratiquement difficile de donner un bilan précis des dégâts matériels subis puisque des maisons s’écroulent régulièrement et au marché les commerçants continuent de «repêcher» les articles récupérables. Le seul tableau réjouissant et pas le moindre est que la cité ne déplore aucune perte en vies humaines. Il faut rappeler que la ville de Niafunké est une île avec deux déversoirs d’eaux naturels de ruissellement notamment le fleuve Niger et la mare du Kolondel. Depuis 2012, les populations se sont adonnées à des constructions anarchiques dans des zones marécageuses sans aucun plan d’urbanisation encore moins un système d’évacuation des eaux de ruissellement.
Ce phénomène a été entretenu et encouragé par certains chefs de quartier et propriétaires terriens malgré les mises en garde des autorités administratives. Les premiers ont persisté et poursuivi les ventes de parcelles à usage d’habitation surtout que pour des raisons démographiques les besoins de construction d’habitation sont croissants.
En mars 2019, la préfecture avait démarré une campagne de sensibilisation des acheteurs, vendeurs et revendeurs pour arrêter le phénomène et corriger les dérapages engendrés par ces actes afin de prévenir toute catastrophe pouvant résulter de ces pratiques. Lors d’une rencontre avec tous les acteurs, le préfet avait donné 3 mois pour lui proposer des pistes de solutions. En plus des constructions anarchiques, dans cette partie de la ville (Nord de la ville appelé Kolondel), le marché central devenu vétuste, la fragilité des matériaux de construction (banco) utilisés et l’insuffisance de caniveaux, ont créé une vulnérabilité des maisons et autres installations.
Les pluies diluviennes qui tombent sur la ville et l’insuffisance des caniveaux sont les causes principales des inondations répétitives. Cette année, des groupes de jeunes se sont portés volontaires pour curer les caniveaux existants. Cette action salutaire n’a malheureusement pas été suffisante parce qu’elle n’a pas permis d’éviter les inondations des vieux quartiers de la ville.
Les populations sont sorties massivement pour aider avec des motopompes, du gasoil, des vivres, des vêtements et couvertures pour apporter assistance aux sinistrés. Certains sinistrés ont pu être relogés par des voisins et des parents dans les quartiers non inondés. La menace plane toujours, car des pluies sont annoncées pour la cité dans les jours et semaines à venir.
Selon le chef service de l’urbanisme de Niafunké, une seule solution est possible pour cette zone déjà habitée, à savoir sa viabilisation en réalisant les rues et les caniveaux. «Mais, cette action ne sera possible que lorsque les habitants adhèrent et acceptent l’urbanisation du Kolondel.
Quant au marché, il faut le reconstruire en le remblayant afin de le mettre à la même hauteur que le collecteur central de la ville qui passe par le groupe scolaire», a souligné le chef de service local de l’urbanisme.
Une autre conséquence de cette inondation est la fragilité de la santé des populations surtout en cette période de l’année où les moustiques pullulent dans la ville entourée d’eau et les champs de riz.
Dans un tel contexte, la ville de Niafunké risque de connaître des maladies hydriques (choléra, diarrhée et autres démangeaisons cutanées….) puisque les femmes et enfants fréquentent ces endroits, les premiers pour s’y baigner et les deuxièmes pour laver les ustensiles de cuisine dans ces eaux sales. Il y a donc un risque élevé de propagation de maladies.
Sékou A. MAÏGA
Amap-Niafunké
Source : L’ESSOR