L’adage qui prédit qu’il n’y a jamais deux sans trois s’est vérifié, en ce qui concerne IBK ces derniers temps. En effet, après avoir subi une humiliation, aussi bien à New York qu’à Paris, respectivement les 26 et 30 septembre 2018, où il a été hué par les Maliens qui scandaient ces propos à son encontre : « IBK, voleur ! » ; « IBK, criminel ! », le président Ibrahim Boubacar Keita a encore raté l’occasion d’éviter une troisième humiliation. En effet, l’accueil qui lui était réservé par ses partisans, pour tenter de redorer un peu le blason terni, fut un échec car saboté par une horde de contestataires se faisant entendre même par des sourds, tellement ils donnaient de la voix !
En réalité, pour l’accueil d’un président aimé par son peuple, on n’a nullement besoin de louer des Sotrama ou de distribuer des billets de banque aux enfants innocents afin de les utiliser, en les exposant à la face du monde pour du simple faire-valoir. Les citoyens l’auraient fait par conviction. Mais cela n’est pas le cas du président IBK, un président dont les partisans et soutiens n’ont d’autre poids que la distribution de l’argent public, pour acheter des consciences. En effet, avec ce qui s’est passé aux Etats-Unis d’Amérique, en France et lors de son retour à Bamako, IBK doit se convaincre désormais que ses soutiens lui cachent la vérité. En des termes plus prosaïques : ils lui mentent !
En effet, ils font tout pour l’empêcher de se rendre compte de son impopularité causée par la déception de ce peuple meurtri de sa gestion plus que catastrophique. Malheureusement, le Roi, lui aussi, tombe toujours dans les pièges de ses thuriféraires, lesquels, en véritables prédateurs des ressources publiques, ne songent qu’à leur panse, usant et abusant de leurs positions privilégiées pour faire croire à IBK qu’il est aimé par les Maliens. Lui aussi se plaît à ce jeu car ceux qui lui disent la vérité sont aussitôt considérés comme des ennemis et traités comme tels. Alors, bonjour la filouterie sur fond de louanges afin de travestir la réalité, crue et têtue, pour gagner une bonne place dans la cour du Roi et participer ainsi à la soupe royale, sans jamais être rassasié.
Rappelons qu’à New York où il était parti, dans le cadre de la 73ème Assemblée générale des Nations unies, le président de la République du Mali, actuellement très contesté, a été humilié par des Maliens vivant aux Etats -Unis d’Amérique. Ils lui reprochent d’avoir triché pour être déclaré vainqueur lors de l’élection présidentielle passée et le traitent de « voleur », publiquement, au moment où tous les chefs d’Etat ou de gouvernement des pays du monde entier se retrouvaient sur la terre américaine pour les besoins de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations-Unies (ONU).
Certains des manifestants lui reprochent d’être le président de la CMA, en référence aux bourrages des urnes en sa faveur dans les localités contrôlées par les rebelles au nord du pays et le laxisme face à ces gens qui ont eu à retourner les armes contre la république, mais qui maintenant imposent leur volonté aux honnêtes citoyens, avec la bénédiction de Koulouba. Le paroxysme de l’humiliation, c’est cette manifestation des Maliens des Etats-Unis d’Amérique devant l’hôtel où IBK était descendu, plus précisément l’Hôtel JW Mariott Essex House. Les manifestants avaient pris d’assaut toutes les issues de cet hôtel pour dénoncer le coût élevé du séjour d’IBK et sa délégation dans ce lieu. Plusieurs millions de nos francs pour une seule nuitée ! C’est évidemment pour trouer les caisses du Trésor public, pendant que la plupart des Maliens tirent le diable par la queue et des syndicats qui réclament l’amélioration de leurs conditions de travail sont ignorés, malgré les promesses gouvernementales, les obligeant à aller adopter le débrayage comme moyen d’expression. Les victimes d’inondations, à l’image des Bozos qui squattent une école à Kalaban-Coro, sont jetés dehors parce que sommés de quitter cet établissement sans leur offrir la moindre alternative, comme si l’Etat ne se souciait pas de leur sort.
Que dire aussi des promoteurs d’écoles privées, en grève illimitée pour réclamer à l’Etat leur dû, notamment plus de 11 milliards de francs CFA ?
Du mal à joindre à une légalité acquise au forceps, une légitimité
A Paris aussi, IBK a été hué par des Maliens qui disent ne pas le reconnaitre comme leur président de la République. Le contentieux électoral, qu’on pense épuisé, est décidément bien présent pour rendre difficile la gestion du pouvoir par IBK qui a donc du mal à joindre à une légalité acquise au forceps, une légitimité qui ne dépend ni du bon vouloir du ministre Ag Erlaf organisateur des élections les plus contestées de l’histoire du Mali ni d’une Cour Constitutionnelle jugée inféodée au régime IBK par les contestataires des résultats du scrutin présidentiel jusqu’au-delà des frontières du Mali, comme IBK en a eu les preuves aux Etats-Unis d’Amérique et en France.
C’est dans ce contexte, où les populations ont envoyé un message sérieux à IBK, notamment en ne bronchant aucunement face à ces actes posés contre le président de la République, contrairement à ce qui devait se passer (ce qui pousse à réfléchir) que des esprits tordus, aux mains salies dans le cambouis de la désinformation et du leurre, pensent se jouer des populations et faire oublier l’humiliation subie par IBK, en organisant un semblant d’accueil grandiose à son retour à Bamako.
En effet, ceux qui se réclament encore partisans d’IBK avaient décidé de réserver à leur mentor un accueil chaleureux comme ou même bien plus que celui réservé à Ras Bath en 2017. Au lieu de refuser cette proposition, le président IBK a accepté cet accueil plus qu’insensé et ce qui devait arriver arriva.
A l’aéroport, beaucoup ne savaient même pas pourquoi ils étaient transportés sur place
Des sotramas remplis de jeunes innocents, des élèves vidés de certains écoles, des motocyclistes avec le réservoir de leur engin rempli de carburant gratuitement, en plus des billets de banque reçus pour la « motivation » devaient redorer l’image de « Boua » par un accueil grandiose, le mardi dernier. A l’aéroport, beaucoup ne savaient même pas pourquoi ils étaient transportés sur place. D’autres se demandaient avec quoi IBK était revenu au Mali pour qu’on mobilise les gens de la sorte : des sacs remplis d’argent, le lot des ordinateurs portables des étudiants qui reste à distribuer, annonce de début de concrétisation des promesses d’emplois à la jeunesse… ? L’imagination, dans une telle situation, pouvait se permettre de vagabonder. Quant à la soi-disant mobilisation, elle n’a pas été de taille. Pis, c’est en majorité des mineurs qui ont été intéressés et rassemblés.
Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que, de leur côté, les contestataires des résultats électoraux de la présidentielle passée, qui disent ne plus reconnaître IBK comme leur président de la République, ont voulu aussi l’accueillir, à leur manière, et selon leur logique de protestation. Comme leurs alliés de New York et de Paris. Ils étaient, eux aussi, nombreux sur la route de l’Aéroport, munis de leurs affiches : « IBK, voleur ! », « Non à la fraude électorale ! », « Rendez-nous notre victoire ! », avant d’être dispersés sous l’effet des gaz lacrymogènes des policiers au service d’IBK. Avec cette sortie des partisans de l’opposition, l’accueil réservé à IBK par ses partisans n’a pas eu d’impact car en plus de la faible mobilisation, les organisateurs n’ont pu épargner à IBK une troisième humiliation.
Alors, jusqu’où va mener tout ceci ? Il est temps pour IBK de se rendre compte de la réalité et d’œuvrer dans le sens de l’apaisement car vouloir user et abuser de la force ne servirait à rien. Il se trouve dans une position délicate, rappelant l’adage selon lequel : « Voler un tamtam, c’est facile, mais où est-ce qu’il faut le jouer sans être découvert », reste la grande équation.
Boureima Guindo
Source: Le Pays