Face à la détermination du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotes (M5-RFP) à déposer IBK, la communauté internationale, à travers la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), veut décapiter la contestation en procédant par la corruption. Elle était sur le point de réussir son coup, n’eût été la volonté ferme de certains leaders à rester derrière le mot d’ordre: démission d’Ibrahim Boubacar Kéita.
La politique, dit-on, est le domaine de la ruse et de la trahison. Elle réussit à ceux qui sont sans scrupules. L’histoire politique de notre pays est ponctuée de trahisons. Elle a pris des tournures inquiétantes avec l’avènement «des démocrates sincères et patriotes convaincus». Aucune couche sociale n’est épargnée. La trahison des hommes politiques est devenue au Mali un phénomène de société. Jusqu’en 1990 la trahison était chose rare entre hommes maliens, c’était l’époque de partis uniques, d’un syndicat unique, d’association unique dans le village, ou dans le quartier. Ce phénomène de société prend naissance chez l’homme malien façonné par la démocratie à partir de 1992.
L’avenir du pays ne préoccupe personne. Chaque parti politique, chaque homme politique tend à se servir et à servir les siens. Le Kokadjè prôné en 1991 a été mis aux calendes grecques, en 1992. L’État est devenu une source de financement dans les démocraties bananières. Tel est le cas du Mali démocratique. Après avoir divisé les grandes formations politiques en petits partis qui donneront très tôt naissance à la transhumance politique, les présidents démocratiquement élus ont saboté le multipartisme mué en parti unique ouvert.
Pour bloquer les contestations, en 1997, un gouvernement de large ouverture a vu le jour. Malgré cette ouverture du gouvernement à certains contestataires du régime Alpha Oumar Konaré, les conditions de vie des Maliens ne se sont jamais améliorées. Cependant, celles des ministres et leur famille ont changé. C’est alors que les Maliens ont appris auprès de la Banque mondiale (selon un rapport qui date de 1998) qu’il existait vingt-un (21) milliardaires au Mali dont seize (16) fonctionnaires.
En 2002, un autre président démocratiquement élu prône le consensus en lieu et place de la démocratie. La quasi-totalité des partis politiques volent en éclats pour se liguer derrière un candidat indépendant et créent un mouvement (Mouvement Citoyen). Dans l’administration publique, l’armée, la police, le népotisme régit les nominations. N’importe qui a été nommé ministre. De diplômé-chômeur, on est bombardé ministre.
De la profession libérale, on devient ministre au détriment des cadres de l’administration publique. L’exercice de la fonction de chef de l’État s’est souvent confondu avec celui d’un préfet.
Cette autre gestion catastrophique des ressources humaines eut pour conséquences la délinquance financière: 600 militaires partis à la retraite, en 2009 ont été maintenus dans leur fonction pendant un an.
Pendant la transition de 2012, les faux titres fonciers avaient pignon sur rue. Ils auraient été délivrés par les services des Domaines, mettant ainsi en péril le patrimoine immobilier de l’État. Le Premier ministre de ‘’Plein pouvoir’’, nommé par la CEDEAO, a été démis de ses fonctions. Trop gênant pour les démocrates sincères et convaincus.
Aujourd’hui, pour des raisons de mauvaise gouvernance, et de violations flagrantes des textes qui régissent la République, le peuple malien subit toutes sortes d’humiliations et de mal-vie. Si le peuple ne se réveille pas pour changer le cours des évènements, on va vers une oligarchie. La crise qui secoue notre pays est lointaine, elle est la conséquence de multiples trahisons orchestrées par les hommes politiques qui n’entendent pas perdre leur fauteuil. La dernière en date est celle qui se passe maintenant au Mouvement du 5 Juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), les anti-IBK et la majorité présidentielle, le camp Ibrahim Boubacar Kéita.
Les anti-IBK demandent la démission du président de la République. La majorité présidentielle ne veut rien céder. C’est dans ce ping-pong que plusieurs médiateurs ont séjourné à Bamako en vue de réconcilier les deux (02) camps. La médiation qui aurait fait grand bruit serait du huis clos d’une certaine communauté africaine avec une enveloppe de 16 milliards de francs CFA. Un pactole qui aurait fait fléchir les ardeurs de certains contestataires du M5-RFP. Elle aurait proposé 5 milliards à un leader du M5 et le reste du pactole devrait servir à faire fonctionner le gouvernement d’union nationale formé avec certains responsables du mouvement de contestation demandant la démission d’IBK.
La médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) propose la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, la reprise des élections dans les zones contestées. Des appétits en substance. Après cet huis clos de la CEDEAO avec le M5-RFP, des doutes planeraient sur le comportement de certaines personnalités du M5-RFP car, l’argent frais serait rentré avec fracas dans les débats.
Aujourd’hui, notre pays ne doit rien attendre de la CEDEAO, c’est elle qui à travers son président en exercice, en 2012, Alassane Dramane Ouattara (ADO) qui a décrété un embargo contre le Mali et cela a été rendu possible par l’intermédiaire de certains hommes politiques maliens. La CEDEAO, dit-on, est la CEDEAO des peuples, cela est archifaux. Elle serait le syndicat des chefs d’État africain qui s’entraident en cas de crise.
Si le peuple du M5-RFP ne suit pas de près les différentes rencontres des communautés internationales à Bamako, la déception serait grande. Les hommes politiques maliens ont toujours trahi le peuple pour leurs intérêts personnels. Un des chefs de file (02) fils (Karim, Timbiné) auront gagné contre un peuple en perpétuelle guerre de clocher.
Safounè KOUMBA
Source : l’Inter de Bamako