Au Mali, une délégation de la Cédéao, conduite par le Ghanéen Nana Akufo Addo, président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’institution ouest-africaine, a effectué dimanche 17 octobre 2021, une visite pour s’enquérir de l’évolution de la transition. Après une séance de travail et des échanges à Koulouba, la délégation est retournée dans l’après-midi, sans avoir tenu le traditionnel point de presse comme prévu.
Il était 10 h au pavillon présidentiel de l’aéroport Modibo Kéïta lorsque le Nigerian Air Force — immatriculé 5N-FGS — atterrit sur le tarmac. C’est son Excellence Goodluck Jonathan, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne. Il a été accueilli par le ministre Abdoulaye Diop et plusieurs autres personnalités du monde diplomatique, comme le patron de la Minusma et l’ambassadeur de l’UE au Mali. Dès sa descente d’avion et les salutations d’usage, l’ancien président nigérian est accompagné dans la grande salle du pavillon, sans faire la revue des troupes. Il échange quelques mots avec le ministre Abdoulaye Diop qui marchait à ses côtés. Après sa visite anti Covid-19, il s’éclipse dans une salle du pavillon.
Après environ une heure d’attente, l’avion tant attendu finit par arriver. C’est la Republic of Ghana 9G EXE. À son bord, le président Nana Akufo Addo. Habillé en costume noir, chemise blanche, il sort de son avion à 11 h 25 min où il est accompagné par une partie de sa délégation, dont son ministre des Affaires étrangères. Accueilli avec tous les honneurs possibles, dus à son rang, par le président de la transition Assimi Goïta, le ministre Diop, des ambassadeurs, Nana Akufo Ado suivra avec Goïta, sous une case aménagée pour l’occasion, l’exécution de l’hymne national des deux pays. S’ensuivent la revue des troupes et la présentation des ministres et diplomates venus l’accueillir.
Tout cela sous un soleil ardent de 34 °C. À 11h30 minutes, le cortège de la délégation quitte le lieu pour la ville.
Pancartes
Sur le trajet de l’aéroport, à la rive droite du fleuve, l’embouteillage était considérable après le passage de la délégation. Surtout que c’était un dimanche, « jour de mariage à Bamako » (Amadou et Mariam).
Devant l’hôtel Radisson Collection, ex-Sheraton, où le président ghanéen devait rencontrer la presse, après son tête-à-tête avec les autorités maliennes, une immense foule bondait le long de la voie — aux alentours de midi, avec des messages.
Entre autres : « 10 ans sans résultat sur le plan sécuritaire. Il faut changer de fusil d’épaule. Nos partenaires doivent nous soutenir sur l’agenda du Mali », pouvait-on lire sur des pancartes tenues par des jeunes se réclamant de la jeunesse du M5-RFP le mouvement qui a fait chuter l’ex-président IBK, et dont l’actuel Premier ministre Choguel est issu. « Seul le choix du peuple souverain du Mali compte. La jeunesse du M5-RFP soutient la transition », lisait-on sur deux pancartes brandies côte à côte ou encore « Le Club de soutien au Manifeste du Chérif Mohamed Ould Cheickna », gravé sur des t-shirts avec la photo du Chérif de Nioro.
Selon ces personnes, elles sont venues répondre à l’appel du chérif, favorable à la prolongation de la durée de la transition. « Soutenir la transition, c’est s’engager pour le renouveau du Mali », scandait un groupe de personnes se réclamant du Front pour la sauvegarde de l’intégrité du Mali — FUSI-MALI. Sur toutes les lèvres, un seul message, une seule détermination et un seul nom : « la prorogation de la transition pour une durée de 3 ans » et des éloges à l’endroit du président de la transition et son gouvernement.
« C’est notre métier »
Quelques heures plus tard, un coup de tonnerre survient. Dans l’agenda soumis aux hommes de médias, après son entretien avec les autorités maliennes, il devait faire un point de presse à Radisson Collection avant de regagner Accra. Contre toute attente, Nana Akufo Addo prendra son vol de retour vers 17 h sans se livrer à la presse, sauf quelques mots que la la télévision nationale a pu lui arracher à sa sortie d’audience à Koulouba. À la question d’un confrère un peu ironique, un autre répond : « c’est notre métier. On ne va rien inventer. On va dire qu’il est venu et est retourné sans se livrer à la presse ».
À noter que cette visite est intervenue après celle effectuée en Guinée où il avait rencontré la junte, qui a renversé Alpha Condé. Ces visites s’inscrivent en droite ligne de la dernière session extraordinaire de la Conférence de la Cédéao, qui exige le respect de la durée initiale de la transition au Mali et l’organisation des élections présidentielles et législatives dans six mois en Guinée.
Sagaidou Bilal
Source : Sahel Tribune