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NARE FAMAKAN MAGASSA : « Être un artiste peintre, c’est bien plus qu’exercer une activité ou même un loisir »

Dans sa mission régalienne de la valorisation de la culture malienne et africaine à travers la découverte de ses talents cachés, votre quotidien d’informations générales, d’analyses et d’enquête est allé à la rencontre d’un jeune artiste malien, Naré Famakan Magassa. Ce jeune homme de 21 ans, produit du conservatoire des arts et métiers multimédias, Balla Fasséké Kouyaté, nous parle de son amour pour l’art ainsi que de ses œuvres. Lisez l’interview !

Le Pays : Qui est Naré Famakan Magassa ?

Naré Famakan Magassa : Je ne suis ni une star ni un héros, mais juste un jeune homme qui aspire à vivre pour sa passion de la peinture. Pour faire court, je dirai que j’ai 21 ans et suis né à Kita. Je n’aime pas trop me livrer car j’estime que c’est ma peinture, ma démarche artistique qui reflètent le plus ma personnalité. Je cultive la solitude de l’artiste devant sa toile, comme l’écrivain devant sa page. Alors, on puise autant dans l’imaginaire que dans ce que nous portons au plus profond de nous. Dans une société où l’on passe son temps à tout dire et à tout montrer de nos vies, je me réfugie derrière mon travail d’artiste car là est l’essentiel de ma vie.

Pourquoi le choix d’être un peintre ?

Être un artiste peintre, c’est bien plus qu’exercer une activité ou même un loisir. C’est un vrai métier doublé d’une passion pour la création. C’est surtout une vocation et un art de vivre. Depuis ma petite enfance, j’ai aimé dessiner et j’ai su que je voulais en faire ma vie. Cette passion pour le dessin je la porte donc en moi depuis très longtemps. Après le DEF, j’ai poursuivi mes études à Bamako et c’est là que je me suis réellement lancé dans la peinture. La fréquentation de l’atelier Badialan 1 a été pour moi une autre occasion de me conforter dans ce choix. Je me suis épanoui et j’ai ressenti la joie, le plaisir de créer et d’oublier ainsi les soucis de la vie quotidienne.

Parlez-nous de l’importance de l’art dans la vie ?

Vous rendez-vous compte que l’art est présent plus qu’on ne le pense, qu’on est entouré de formes, de couleurs, de sensations partout où l’on va ? On peut s’inspirer de tout ça pour faire de l’art, de la peinture, de la sculpture, de la photographie. On peut donc partir de quelque chose qui au départ n’est du tout artistique pour en faire une œuvre, le restituer sous une autre forme. L’art renvoie donc à la vie de chacun sans distinction de classe sociale ou d’origine. En cela, l’art revêt une importance capitale car il participe à l’éducation, à l’ouverture d’esprit, à l’instauration de liens entre les personnes parce qu’il agit sur nos capacités sensorielles, émotionnelles et motrices. L’art favorise également les processus d’apprentissage car c’est un des plus importants vecteurs pour s’ouvrir et comprendre le monde. En cela, l’art devrait davantage entrer dans les programmes scolaires.

Quelles sont vos différentes réalisations ?

Je suis sorti de l’école il y a seulement quelques mois, en juillet dernier, mais je continue à fréquenter avec assiduité l’atelier Badalian 1. C’est là que je réalise mes œuvres. Ma première série concerne les Korèdougas. Il s’agit de 23 toiles de grand format qui constituent l’essentiel de ma production. C’est cette série de tableaux que je vais présenter en décembre à la résidence « La Casa Blanca » à Bamako. Mais je ne compte pas m’arrêter là, j’ai d’autres projets envisagés qui méritent réflexion avant de donner lieu à de nouvelles créations.

Si j’ai commencé mon œuvre par des variations autour des Korèdougas c’est parce que j’ai voulu mettre en avant des traditions ancestrales en les ancrant dans un temps indéfini, aujourd’hui ou demain, dans le présent ou l’avenir. Je l’ai traitée d’une façon festive, très stylisée, mais avec fantaisie. Cela n’enlève rien au rôle social de cette société secrète. Il y a donc du mystère, de la sympathie, du positif dans ces personnages. Ce sont tous ces contrastes que j’ai voulu peindre. Mes tableaux je les conçois d’une façon vivante pour que le public ressente cette joie, cette envie du partage. L’idée se laisse emporter par ces princes de la nuit. Mais je ne compte pas en rester là car en tant qu’artiste attaché à la fois à sa culture et à son imaginaire, je veux être un passeur entre le passé et l’avenir, entre les générations, entre les différentes cultures, entre mes différentes sensations.

Qui est concerné par votre peinture ?

Tout le monde ! Ma peinture s’adresse à tous les publics, jeunes comme personnes âgées, femmes et hommes parce qu’elle est ancrée dans la vie. Avec les Korèdougas, je parle certes de cette société secrète qui est propre à la tradition malienne, mais je ne l’enferme pas dans mon seul pays. Je souhaite au contraire capter l’attention d’autres amateurs d’art. Je sais, par mon agent, qu’en France mon travail est déjà suivi de près. Cela prouve encore une fois de plus que l’art dépasse les clivages, les frontières et qu’il rapproche des individus sans pour autant perdre de son identité. Où que je sois, quoique je peigne, je sais que l’Afrique, le Mali, resteront toujours dans mon cœur, dans ma façon de percevoir le monde.

Le sens de votre travail varie-t-il selon les circonstances ?

Un artiste est un être humain comme toute autre personne. Même s’il est concentré sur son art il ne peut pas rester indifférent à ce qui l’entoure, à l’état du monde. Pour ce qui me concerne, je me protège tout en restant à l’écoute de ce qui se passe. Dire que ça influence mon travail est encore prématuré, mais je ne suis pas insensible à certains faits qui pourraient orienter mon travail. Tout comme je suis à l’écoute de mes émotions, je le suis également par rapport à l’évolution de nos sociétés. Un artiste doit avant tout être sincère dans sa démarche, s’il veut être crédible et reconnu.

Quel serait votre dernier mot ?

Mon dernier mot est plutôt deux phrases. L’art c’est la vie. La vie est un art. Les mêmes mots pour exprimer deux concepts différents.

Comment vous joindre ?

Source: Le Pays

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