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Mutilations génitales féminines : L’abandon de la pratique fait son petit bonhomme de chemin

Les pesanteurs sociales pèsent toujours lourdement. Mais les efforts de sensibilisation permettent d’avancer à petits pas

 

Notre pays a célébré, le week-end, la Journée internationale «Tolérance zéro» aux mutilations génitales féminines et excision (MGF/E). Chaque année, le 6 février est consacré à la lutte contre les mutilations génitales féminines. Cette année, le thème était intitulé : «Pas le temps de l’inaction : Unissez-vous, financez et agissez pour mettre fin aux mutilations génitales féminines».
L’événement a été célébré dans le village de Faraba sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Chiaka Magassa, en présence de la représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) au Mali, Sylvie Fouet et de nombreux invités.

L’acte fort de la cérémonie a été la signature de la convention d’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines, y compris l’excision par les villages de Faraba, Dalakana et Kirina Somonoso (tous de la Commune rurale du Mandé). à ce propos, le chef de village de Faraba, N’goyi Diakité, a déclaré publiquement l’abandon de la pratique de l’excision dans sa bourgade. Comme pour joindre la parole à l’acte, une exciseuse, Niakalé Kanté, s’engagera aussi publiquement à déposer sa lame d’excision. «Je ne pratiquerai plus l’excision parce qu’elle a des conséquences nuisibles sur la santé des femmes», a-t-elle juré.

Il a été aussi solennellement lancé une série télévisuelle sur les violences basées sur le genre (VBG) intitulée : «Danse inlassable» ou «don ni dongoma», en langue bambara, réalisée dans le cadre du programme Initiative Spotlight. Ce film de 54 épisodes aborde la thématique des pratiques néfastes incluant le mariage des enfants, la déscolarisation des filles, l’excision, le viol, le trafic ainsi que la traite des enfants.

La représentante de l’Unicef a indiqué que des recherches faites au Mali par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2006, ont prouvé que les femmes ayant subi des mutilations génitales ont une probabilité plus élevée de faire des complications obstétricales plus que celles qui n’ont pas subi de MGF/E. La même étude confirme que ces femmes ont 50% de malchance de mourir des suites d’accouchement ou de voir leurs enfants mourir. Et Sylvie Fouet de préciser qu’au Mali, les efforts ont permis à 2.605 villages de signer la convention d’abandon des MGF, soit 21,7% des 12.000 villages, répertoriés comme fervents pratiquants des MGF/E.

Selon le secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, la dernière Enquête démographique et de santé (EDS), réalisée en 2018, a relevé que 73% des filles de 0 à 14 ans et 89% des femmes de 15 à 49 ont été excisées. Le même document précise que 76% des filles ont subi les MGF/E avant l’âge de 5 ans. Pour lui, la signature de la convention et la déclaration publique d’abandon de la pratique MGF/E par ces villages est un acquis qui représente le couronnement des efforts consentis par la COFESFA et ses partenaires. Il a aussi rappelé la nécessité de renforcer les connaissances sur ces pratiques et l’implication des communautés dans tous les processus de développement et de changement de normes sociales.

«Les conséquences médicales, psychologiques, juridiques des MGF/E restent des préoccupations majeures, mais surtout des défis auxquels nous devons faire face», a-t-il expliqué. Et d’ajouter que notre pays, en phase avec ses engagements internationaux et régionaux mais aussi en collaboration avec les partenaires au développement, a intensifié ses actions au plan politique, institutionnel, juridique et stratégique pour une large information des populations sur les MGF/E et la prise en charge de leurs conséquences.

À la fin de la cérémonie, 1.000 kits de dignité (serviettes hygiéniques, pâtes dentifrices, brosses, savon et autres), pour un coût global de 10,8 millions de Fcfa, ont été remis par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) à 10 «One Stop Center» ou centres de services holistiques de prise en charge des survivantes des VBG dans les régions de Ségou, Koulikoro, Sikasso, Kayes et le District de Bamako.

Mohamed D. DIAWARA

Source : L’ESSOR

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