On oublie souvent que le 26 mars 1991 est venu conclure des manifestations perlées qui ont commencé en janvier de la même année. Ben Aly, adossé à un système répressif sans commune mesure, n’est pas tombé en un jour, mais la volonté irrépressible de liberté des Tunisiens l’a réduit à la fuite. Hosni Moubarak a résisté tant qu’il a pu aux assauts de la Place Tahrir, mais à fini par mettre genoux à terre.
Le sort de Blaise Compaoré a été scellé plus vite, en trois jours, mais le temps est le meilleur allié des peuples en lutte.
Chaque manifestation use un peu plus la corde à laquelle s’accroche désespérément un pouvoir en faillite. A peine perceptible dans un premier temps, l’effet des coups de boutoir finit par se voir à l’œil nu.
Dans la crise, que nous traversons, qui peut déjà nier que IBK n’a plus de parti ni d’alliés, le RPM comme l’ADEMA ont noyé leur engagement au sein d’une vulgaire coalition électorale, EPM, qui n’a aucune existence politique réelle mais permet de masquer une réticence à défendre un régime qui s’est replié sur le cercle familial.
Ce mouvement de retrait des appareils politiques s’accompagne d’une prolifération de “clubs”, “d’associations” de mange-mil et d’opportunistes de tous poils qui sont les plantes vénéneuses des fins de règne.
La défiance de Manassa fait aussi partie de ces signes que le régime se consume de l’intérieur, Le propos de la présidente de la Cour constitutionnelle a choqué pour la détestation qu’elle inspire au plus grand nombre mais pour ce coup-ci, elle avertit plutôt IBK de ne pas la jeter en pâture à l’opinion après qu’elle ait fait le sale boulot à la demande. Tout porte à croire que le pouvoir à sans doute poussé les 4 juges démissionnaires à lâcher le morceau pour contraindre Manassa à reconsidérer sa position. Mais l’opinion restera définitivement attentive, car un juge encore plus inféodé à IBK pour avoir été son SEGAL adjoint, Seydou Nourou KEITA, reste en embuscade et peut être propulsé demain à la tête de l’institution. Le projet funeste de succession se conduit manifestement avec ou sans le consentiment d’un vieil homme malade et qui n’en menait déjà pas large en pleine possession de ses moyens. Le rejet massif de sa gouvernance par les Maliens n’ajoutera pas à sa santé, lui qui vit de l’image qu’il projette à l’extérieur. Se sentir épié par ses pairs, l’œil moqueur pour son impopularité abyssale lui sera du plus mauvais effet.
Le dernier signe de cette gouvernance faillie qui va à sa fin, c’est la gifle que la CEDEAO vient de nous donner en venant ajouter sa tutelle à toutes les autres tutelles qui pèsent sur notre pays, de Barkhane à la MINUSMA en passant par l’Algérie. C’est au tour de nos voisins, cernés par mille problèmes eux-mêmes, de vouloir nous imposer leurs solutions jusqu’à être membre d’un Comité de suivi des conclusions qu’ils tirent de notre crise. Le Mouvement du 05 Juin doit clairement se démarquer de cette médiation qui ne répond à aucune de ses attentes. Jamais le Mali n’a été autant humiliée que sous cet homme !
À tous les manifestants qui sont rentrés avec la mine des mauvais jours, sachez que vous avez encore ébranlé un peu plus le système qui ne survivra pas à la clameur populaire ! Vox populi, vox dei! Pas besoin de traduction.
Bakary Diarra
In Refondation du Mali
L’Aube