Camarade,
Je n’avais rien de personnel contre la candidature de Dioncounda Traoré.
Nous nous sommes battus pour le multipartisme et la libre expression des opinions dans notre pays. Ceci a donné en 1991 le Mali nouveau dont nous avons l’honneur et la chance de conduire les premiers pas.
Nous n’avons pas le droit de verrouiller le débat, nous avons le droit de ne pas être d’accord.
Je persiste à croire qu’on devait laisser le débat ouvert lors de l’appel à candidature ; que si Dioncounda était intéressé, il devait participer au débat sur la base d’un programme et d’une vision et que s’il pouvait battre tout le monde, il devait néanmoins prendre des engagements devant le parti tout entier. Sinon, il n’aurait eu aucun compte à rendre après et n’en ferait qu’à sa guise en cas de victoire. Et ceci n’est pas acceptable pour quelqu’un qui est investi de la confiance de mandats, de camarades !
A preuve : maintenant qu’il n’est pas candidat, le parti a pris un sacré retard sur les échéances à venir, Dioncounda n’a eu aucun compte à rendre et le parti a souffert d’une profonde incompréhension entre ses dirigeants, dont il a besoin, au contraire, qu’ils soient unis pour une participation digne de lui dans cette joute. On aurait pu nous éviter cette situation déplorable à tous égards. Et ce n’est pas la faute à Dioncounda, qui n’avait rien demandé à personne !
Il ne faut pas fuir le débat à l’intérieur du parti ; il ne faut pas le fuir non plus à l’échelle de la nation : c’est notre raison d’être ; de la lumière de nos discussions doit jaillir la lumière qui doit faire avancer notre pays. L’Adéma-PASJ ne peut pas se payer le luxe de ne pas présenter de candidat à une élection présidentielle. C’est son devoir patriotique et militant de donner chaque fois la possibilité à notre pays de choisir un projet de société alternatif.
Dans la situation que nous avons créée nous devons être très lucides :
Le Mali a le droit au choix, nous Adéma-PASJ, le devoir de lui offrir cette chance.
Ceux qui veulent qu’on accompagne le pouvoir IBK, peuvent-ils dire quand est-ce que IBK a demandé que l’Adéma-PASJ l’accompagne ? Quel compte aura-t-il à rendre à l’Adéma-PASJ ?
Et puis, ont-ils été consultés pour le choix du remplaçant du ministre de l’Education nationale ? L’Adéma-PASJ n’avait-il pas de gens capables de pouvoir à ce remplacement dans l’optique de l’accompagnement justement, des camarades dans les directions de l’éducation avec une expérience et une capacité de remplacer pour le peu de temps qui reste jusqu’aux examens un ministre de l’Education qui démissionne ? Non, on a mis un militant du RPM sans aucune expérience administrative de ce niveau. IBK est à sa dernière possibilité, s’il est réélu, il aura besoin, pas de partenaires forts mais de son parti (le RPM) fort pour mener librement sa politique (c’est ce que le remplacement récent à l’éducation nationale préfigure !). Quelqu’un qui avait besoin d’un deuxième mandat et qui a traité notre parti comme il l’ai fait, pense-t-on vraiment qu’il changera quand il n’aura plus besoin de nouveau mandat ?
De le suivre comme nous l’avons fait jusqu’à présent nous apporté à IBK lui-même que l’impopularité (nous n’avons rien pu faire lors du projet de référendum) et au Mali que la déconfiture et des lendemains incertains pour tous (le nord comme aujourd’hui le centre échappent à l’Etat central), l’insécurité et la division sur des bases communautaristes règnent en maîtres partout dans ces zones.
L’argent entrera en ligne de compte à n’en pas douter ; il est prompt à faire oublier la réalité quotidienne pour des gens qui n’envisagent l’avenir que dans la minute qui suit.
Mais, le réveil sera brutal comme toujours et il sera trop tard.
Quand des partis insignifiants à côté de l’Adéma-PASJ vont être consultés en cas de deuxième tour, le parti, lui, sera dans le lot ! N’aurait-on vraiment pas d’ambition pour notre parti et notre pays ?
Les secrétaires généraux des sections du parti ont une lourde responsabilité. Etre pris à défaut une fois est pardonnable peut-être, il est inadmissible d’être repris au piège !
Sentiments militants,
Moustapha Dicko
Les Echos