A huit mois des élections générales, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita multiplie les tournées. Après la région de Kayes au mois d’octobre, il est en tournée dans la troisième région depuis mercredi 22 novembre 2017. Ces tournées ne s’apparentent-elles pas à une précampagne surtout quand elles se passent sur fond de promesses électorales et de lancement du tardif programme présidentiel d’urgence sociale (PPUS) ? La région de Kayes s’impatiente des promesses qui avaient été faites quelque temps auparavant : la reprise du train voyageur, le pont devant sortir Kamankole de l’eau, la réfection de la route Bamako-Kayes-Diboli et la construction de celle de Kayes-Sadiola-Kéniéba.
Il s’est rendu dans la 3ème région pour la troisième fois depuis son accession au pouvoir, non pas pour la réception de grands ouvrages, comme cela devrait être le cas pour un Président en fin de mandat. Mais, il s’y rend les bras chargés de promesses, tout au plus pour la pose de la première pierre des chantiers dont la fin des travaux est prévue dans plus d’une année, le tout sur financement du budget national. Ne sommes-nous pas en train d’assister au grand bluff ou à une campagne de séduction de l’électorat ?
Les promesses du Président IBK sont tellement belles pour être vrai que seuls les plus naïfs croiraient en leur réalisation en si peu de temps. Nombreux sont les observateurs qui pensent qu’il ne peut s’agir que d’une stratégie pour convaincre les électeurs du plus grand bastion électoral du Mali à savoir Sikasso, pour 2018.
Son alléchant projet prévoit l’aménagement en 2×2 voies de la section urbaine de la route nationale n°7, l’élargissement de l’avenue Loury, l’aménagement des carrefours giratoires et de certaines rues à l’intérieur de la ville de Sikasso, la réalisation de l’éclairage public et la mise en place de feux tricolores au niveau des carrefours importants. Ce n’est pas tout, il procédera à l’inauguration d’un barrage, de l’usine de thé de Farako et la pose de la première pierre de l’hôpital de Koutiala.
Tenez-vous bien pour un coût estimé à plus de 19 milliards 112 millions de F CFA sur financement du Budget national et pour un délai d’exécution de 18 mois. Le hic est que les caisses de l’Etat qui doivent supporter toutes ces dépenses sont vides et beaucoup d’engagements pris pour apaiser les revendications socioprofessionnelles sont toujours en attente. Si l’on considère la crise multidimensionnelle et son impact sur l’économie, on en déduirait que ces promesses risquent de rester vaines.
En définitive, la visite du Président IBK qui coutera au contribuable plus de 360 millions de F CFA est une précampagne. Beaucoup de chantiers sont ouverts avec comme délai d’exécution d’au moins 18 mois. Combien seront inaugurés ?
Youssouf Sissoko
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