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Mort de 13 soldats français au Mali. À Gao, « les gens savent ce qu’ils doivent à Barkhane »

À l’école catholique Sœur Geneviève de Gao (Mali), dévastée par des terroristes islamistes en 2012, on sait ce que la région doit à l’opération Barkhane. Au lendemain de la mort de 13 militaires français, c’est la consternation et l’inquiétude.

« Nous avons appris cette nouvelle avec consternation. Les gens en parlent beaucoup. Ils sont surpris qu’un tel scénario arrive chez les forces françaises… », raconte David Douyon, le directeur de l’école sœur Geneviève de Gao, au Mali, contacté au lendemain de l’annonce de la mort de 13 militaires français de l’opération Barkhane dans une mission de combat.

Ces dernières semaines, c’est la mort de plusieurs dizaines de soldats maliens, étrillés par des groupes armés terroristes (GAT) qui avait marqué et échauffé les esprits. Le 8 novembre, à Bamako, (sud ouest du Mali), une manifestation de soutien à l’armée malienne avait même tourné à un défilé contre Barkhane, et contre la France.

« On dort et on se réveille le lendemain grâce à Barkhane »
Dans le nord-est du pays, le sentiment est très différent. « À Gao, les gens sont plutôt tristes. Ils ne peuvent pas être indifférents face à cette tragédie. Ici les gens sont conscients, et presque unanimes, que c’est grâce à Barkhane qu’ils dorment et se réveillent vivants le lendemain, poursuit David Douyon. J’ai rencontré hier soir des jeunes de Gao qui travaillent avec Barkhane. Ils me disaient qu’ils connaissaient deux soldats parmi les 13 victimes, ils étaient profondément touchés. »

À quelques kilomètres de l’école Sœur Geneviève est implanté l’un des trois centres névralgiques de l’opération militaire française au Sahel, la base opérationnelle désert de Gao, qui abrite une partie de la force française Barkhane ainsi que des militaires estoniens et un détachement de la Royal Air Force (hélicoptères lourds CH-47D Chinook).

Des emplois locaux grâce à la base militaire
Une présence vue d’un bon œil localement. « La présence de Barkhane a créé pas mal d’emplois : interprètes, cuisiniers, laverie, techniciens de surfaces, vidangeurs de fosses septique, maçons, agents de transmission, magasiniers, souligne David Douyon. Certains malades sont opérés et pris en charge par la force Barkhane. »

Au sein même de la base militaire, des échoppes ou même un tailleur de vêtements, sont tenus par des Maliens. C’est le cas aussi dans les enclaves militaires françaises avancées, comme à Gossi, où des commerçants locaux, sélectionnés par l’armée, vendent fruits, légumes ou boissons aux militaires français.

Pour l’école Sœur-Geneviève, l’armée française est aussi synonyme de renaissance. Ouverte en 1952, la seule école catholique de Gao avait été ravagée en 2012 par des groupes armés terroristes. Elle a pu rouvrir dès octobre 2014 grâce à l’aide des militaires français qui ont participé à sa rénovation.

Des effectifs en hausse et des besoins
Aujourd’hui, cette école comprend 18 classes, emploie 23 professeurs et a vu ses effectifs bondir de 1200 à 1315 élèves la rentrée de septembre 2019. La récente grève des enseignants des écoles publiques pendant cinq mois, pour des raisons salariales, est l’explication.

« Beaucoup de parents veulent depuis inscrire leurs enfants chez nous, mais nous ne pouvons pas tous les accueillir. Nous avons dû organiser des tests d’entrée », explique le directeur de l’école. Les besoins sont surtout matériels.

« Nous avons surtout besoin de bancs. L’abbé Pierre-Nicolas Chapeau qui est venu en mai dernier, nous a beaucoup aidés avec des dons. En septembre, nous avons rencontré un autre aumônier militaire en septembre. Mais nous avons encore beaucoup à faire, et nous ne savons à qui d’autre nous adresser… »

École catholique, élèves musulmans
À Sœur-Geneviève, l’immense majorité des élèves est constituée de petits musulmans. « Sur 1315 élèves inscrits seulement 15 sont chrétiens catholiques et 5 protestants. Nous sommes respectés grâce à notre sérieux et la qualité de l’enseignement, insiste le directeur. Les premiers missionnaires sont arrivés en 1945, mais ils n’ont pas pu convertir un seul natif de Gao au Christianisme. C’est pour vous dire que ce n’est vraiment pas une terre fertile pour les chrétiens ! »

À Gao, on espère que la mort des 13 militaires français, lundi, n’annoncera pas un repli de l’armée française. « Sur le plan sécuritaire, la population n’est pas totalement rassurée. Ces derniers temps, on parle beaucoup d’infiltration de terroristes, on appelle très souvent les gens à la vigilance, concède David Douyon. Mais les gens font confiance à la force Barkhane, et ils ne pensent pas au pire tant qu’elle reste à Gao. »

Source: Ouest France

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