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Mopti : La parole des manifestants

Les populations de la ville de Mopti sont massivement sorties, hier, mercredi 13 février, pour exprimer pacifiquement leur mécontentement. Mais, ils ont été violemment chargés par la police.

« Nous sommes comme des prisonniers. À partir de 18 heures, personne ne peut rentrer ni sortir de la ville. Nous n’avons pas pu cultiver. Et tout le monde sait que notre économie ressort de la pêche. Mais personne ne peut aller  sur le fleuve. Le Maire Issa Kansaye que nous avons élu  s’est associé au Gouverneur pour violenter les populations qui voulaient simplement démontrer leur mécontentement», s’exprima ainsi un manifestant.

Un autre dira : «Nous voulons tout simplement manifester pour faire valoir nos droits, mais on nous envoie des soldats à bord d’une dizaine de pick-up pour nous empêcher de  marcher. Ces Hommes ne sont pas venus quand on avait besoin d’eux pour nous sécuriser. J’aimerais bien savoir si Mopti fait partie du Mali ou pas. Qu’ils n’ont qu’à traverser le fleuve, les Hommes  d’Amadou Koufa  les attendent à pied ferme»

«Le Gouvernement  fait savoir qu’il n’y a aucun problème à Mopti. Pourtant, personne ne sait où dort la nuit le Gouverneur par peur ». « Actuellement, il a quitté Mopti par un vol spécial affrété par la MUNISMA pour rejoindre sa famille à Bamako. Il n’est rentré  que ce matin. Nous voulons sa démission; car, il n’a pas d’estime pour notre ville. On en a marre ! S’il faut mourir, on est prêt », renchérit un des manifestants.

Pour une jeune femme, sa préoccupation n’est autre que l’étude de leurs enfants. Qu’on paye les enseignants pour que leurs bambins rentrent en classes. Une autre jeune fille, quant à elle, déplore de la fermeture des écoles. «Je veux aller à l’école», s’est plainte une petite écolière profondément affectée de la crise qui perdure.

Un  réparateur de motos outré s’exprime en ces termes: «Nous sommes tristes, nous payons nos impôts, nos patentes ; mais, par contre, l’État ne nous accorde aucun droit,  le minimum étant de veiller sur notre sécurité. A 15 kilomètres d’ici, personne ne peut s’y rendre. Avant hier seulement, tout un village a été massacré par les  Bambaras. Ils ont tous été tués. L’atrocité était au comble lorsqu’ils ont enlevé un bébé sur le dos de sa maman pour l’égorger. Pourtant ces  pauvres villageois sont aussi des enfants de ce pays, des Maliens. Je n’ai plus de travail parce que je vis de la réparation des motos, or,  ces engins ne circulent plus dans la ville de Mopti ».

Abdramane est un jeune homme de Gakourou, dira : «Mon village a été tout récemment visité par le Ministre Salif et le Gouverneur. Après leur retour ils ont fait savoir que tout va bien. Mais c’est faux ». Selon lui, vivre dans un village c’est jouir des récoltes et avoir de quoi manger. Mais chez eux,  à cause des Djihadistes, on ne peut plus sortir pour cultiver ou pêcher pour se faire nourrir. Puis il ajoute : «Les soldats sont tout près. Dans ces conditions si quelqu’un dit que nous vivons paisiblement, ce n’est que des mensonges. Nous sommes fatigués, exténués…Pas d’écoles, nous ne pouvons pas circuler sans l’accord des Djihadistes. Et si je vois aujourd’hui ces porteurs d’uniformes venir nous empêcher le peu de liberté qui nous reste, c’est-à-dire notre droit de nous exprimer, c’est vraiment pathétique, éhonté pour notre pays. Ils peuvent aller derrière le fleuve si vraiment ça leur tente de se comporter comme de vrais soldats». Et à Issa de conclure: «Le pouvoir veut nous démontrer sa puissance, mais ce qu’il oublie, c’est Dieu le Tout-Puissant ».

Abdoulaye Sylla : «Nous avons honte de voir ces soldats venir nous barrer la route. Pourquoi quand on veut s’exprimer les autorités nous en empêchent-elles comme si nous ne sommes pas des Maliens. Ils ont infiltré des gens dans la foule afin qu’ils fassent des dégâts pour nous charger après».

Le Gouvernement est derrière tout ça. Comment comprendre que la Région de Mopti est laissée pour compte. Pourtant quand IBK cherchait le pouvoir, il s’est rendu à Mopti et les populations ont voté pour lui.  Tous ces morts sont survenus à l’ère IBK.  En tout cas, si on ne s’écoute pas, un jour viendra où nous allons tous regretter ; car, ça sera plus grave. Mopti sera un tombeau », dira un autre interlocuteur aux yeux rougis sous la colère.

Propos recueillis par Sadio Bathily :LE COMBAT

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