Malgré l’amalgame et la confusion, les populations essayent tant bien que mal de coexister pacifiquement à N’Gomi, dans la région de Mopti.
Malgré les troubles récurrents dans la région de Mopti, nos voisins, Peuls de longue date, et nous, les Somono, continuons à vivre ensemble dans une harmonie parfaite.
Jeudi 9 octobre. Jour de foire à Mopti. Il est 18 heures quand les forains commencent à regagner leurs localités respectives. Les pirogues sont nombreuses à se diriger vers le côté ouest de la ville. A quelques encablures, on aperçoit les minarets de la mosquée d’un petit village. Les pinasses accostent un peu partout. Les pêcheurs, au bord du fleuve, vérifient une dernière fois leurs filets avant d’entamer la pêche du lendemain.
Non loin, des troupeaux de vaches se redirigent vers le village. Nous sommes à N’Gomi, un village situé à 7 km de la ville Mopti dans la commune rurale de Socoura.
Assistance mutuelle
Ici, la population est constituée de trois ethnies : Somono, Peul et Rimaïbé. La pêche, l’élevage et l’agriculture sont les activités qui occupent les communautés, comme partout dans la région. Nous nous côtoyons comme d’habitude, nous nous assistons dans les différents événements : baptême, mariage, décès.
« Ici, tous cohabitent ensemble malgré le problème que nous connaissons tous, confie Mamadou Nientao, président de la jeunesse. Nous avons longtemps cohabité. Ce n’est pas une crise passagère qui va entamer cette cohabitation qui date de plusieurs siècles. Nous partageons les postes de l’association sans distinction d’ethnie. Chacun parle la langue de l’autre. Les Somono parlent le peul et vice versa. Nous prions tous dans la même mosquée et les tâches de la mosquée sont partagées entre nous. Donc, impossible d’entamer cette fraternité.»
Une amitié qui transcende les ethnies
A N’Gomi, Peuls et Somono vivent ensemble depuis des générations. A titre d’exemple, Amadou et Hamady sont des amis depuis leur enfance. Ils ont fait la même école coranique du village. Le destin les a réunis encore au centre commercial de la ville de Mopti. L’un tient une boutique d’articles divers et l’autre vend du poisson fumé.
Hamady, Peul, se souvient encore de leur enfance comme si c’était hier : « Après notre circoncision, Amadou et moi avons partagé ensemble la même pièce durant des années. La séparation n’est survenue que lorsque chacun a décidé de se marier. Même là, on continue à se fréquenter. L’amitié est intacte », se réjouit-il.
La crise sécuritaire et le conflit, auquel certains donnent une connotation intercommunautaire, menacent chaque jour ces relations séculaires entre Peul, Bozo, Somonos et Dogon. Mais la sagesse de certains membres des différentes communautés arrivent à calmer les esprits.
Pour beaucoup, le cas de N’Gomi est un exemple à suivre par les autres localités du Centre, touchées par cette crise complexe. Le chef de village de localité, tout en lançant un appel au retour de la paix dans tout le Mali, demande à toutes les communautés de suivre l’exemple de son village. « Nous devons respecter le lien sacré qui nous unit depuis des siècles. Nous demandons à toutes les communautés, à toutes les ethnies du Mali de prendre l’exemple sur le village de N’Gomi. Ce qui nous arrive n’est que passager. Nous devons revenir à nos habitudes d’antan », propose le chef de village Issa Nientao.
Source : benbere