Les populations de la bande de Gaza, enclave palestinienne, ont marché de façon pacifique en direction de l’endroit considéré comme la frontière entre la Palestine et Israël, pour montrer leur total désaccord contre l’inauguration, le lundi 14 mai, de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Elles ont décidé de la traverser, estimant qu’elle est imposée par la guerre israélo-arabe au cours de laquelle l’Etat sioniste a conquis énormément de terres appartenant à la Palestine. En représailles, l’armée israélienne qui célébrait ce jour-ci, le 70ème anniversaire de la création de l’Etat hébreu, sacrifie la tradition en tirant à bout portant sur les manifestants, comme sur des lapins.
La décision de transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv date de l’administration Clinton lorsque le Congrès a voté la loi. Plusieurs administrations qui l’ont succédée ont jugé nécessaire de ne pas l’appliquer pour préserver des chances de négociation. Alors que Donald Trump, sous l’influence de lobbies juifs américains fondamentalement pro-israéliens et des Comités d’Action Politique (organisations privées), a promis de l’appliquer, lors de la campagne présidentielle. Et c’est ce qu’il a fait sans se soucier que les conséquences de cet acte seraient incommensurables. D’autant que ça fait sortir les USA de leur neutralité pour piloter, comme par le passé, la recherche de paix entre les deux peuples.
Ce 14 mai 2018 marque ainsi un tournant décisif après des décennies de prudence diplomatique des USA dans le traitement du dossier israélo-palestinien, puisque c’est une date qui est célébrée de façon antinomique. Le 70ème anniversaire de la création de l’Etat hébreu correspond au 70ème anniversaire de l’exil massif du peuple palestinien (la Nakba). Par conséquent, le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem ne pouvait qu’exacerber les tensions déjà vives au Proche et Moyen-Orient, notamment entre les palestiniens et les israéliens.
Les « accords d’Oslo », conclus en 1994, devraient déboucher sur la création de deux Etats (Israélien et Palestinien) ayant respectivement comme capitale Jérusalem. Cette décision unilatérale américaine de transférer sa représentation diplomatique à Jérusalem, piétine les fondements de ce consensus international qui avait valeur de droit International. De sorte que les défenseurs de ces accords estiment que la décision américaine contribue surtout à éloigner la recherche de paix entre les deux Etats.
Déjà, les luttes d’influence entre puissances régionales sont de plus en plus rudes. D’une part, entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et d’autre part, entre l’Iran et Israël aidé dans le cadre d’une alliance contre-nature par l’Arabie Saoudite. Des puissances régionales qui s’opposent sous les influences américaine et russe, à l’effet de remettre la question palestinienne au placard par la communauté internationale, en l’occurrence par les pays arabo-musulmans.
Toutes choses qui n’arrangent pas les intérêts du peuple palestinien épris de paix et de justice et qui se retrouve plus que jamais esseulé. Même si la Turquie fait semblant, après les derniers massacres de civils, de réunir le monde arabo-musulman autour de la question palestinienne.
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger