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MODIBO MAO MAKALOU, ECONOMISTE « Le Mali dépend encore fortement du financement extérieur … »

Assisses nationale pour la refondation de l’Etat, la visite du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale au Ghana pour donner une réponse à la Cédéao sur le chronogramme des élections, le bras de fer entre le Mali et ses 15 partenaires européens sur Wagner et le budget annuel du Mali qui table sur ses propres ressources en 2022. Modibo Mao Makalou, économiste livre son analyse.

 

Mali-Tribune : 2022 est déjà là. Quels sont vos vœux pour le Mali et les Maliens ?

Modibo Mao Makalou : Tout d’abord j’aimerais rendre grâce au tout puissant qui nous a permis de franchir le seuil de l’année nouvelle 2022. Qu’elle soit empreinte de paix, de stabilité, de concorde, de cohésion, de solidarité et de prospérité pour nos concitoyens.

Mali-Tribune : Les Assisses nationales de la Refondation ont pris fin le jeudi dernier après 20 jours des débats. Quelle analyse faites-vous de cette large concertation nationale qui a été boudée par certains partis politiques et groupes armés ?

M.M. M. : Lancées le 11 décembre, les Assises nationales pour la Refondation (ANR) ont eu lieu au niveau de plusieurs cercles et communes du pays et se sont closes, le jeudi 30 décembre, par un rapport final recommandant le report des élections générales prévues le 27 février 2022, dans un délai compris entre six mois et cinq ans.

Je crois savoir que l’un des principaux objectifs des ANR était de lancer les bases d’un nouvel État fonctionnel pour permettre un développement durable et harmonieux, mais surtout de mettre fin à l’insécurité endémique qui sévît dans la quasi-totalité du pays depuis plusieurs années. A mon avis, il est impératif pour les autorités de Transition de maintenir le dialogue avec l’ensemble des Maliens y compris ceux qui n’ont pas participé aux Assises nationales pour la Refondation.

Mali-Tribune Selon vous, quelles sont les recommandations phares qui ont été faites par les participants lors de ces Assises ?

M.M. M. : Selon le rapport final issu des ANR, les participants ont recommandé lors de la séance de clôture le jeudi 30 décembre 2021 de développer de nouveaux partenariats militaires avec des puissances militaires pour mieux défendre la souveraineté nationale, de dissoudre toutes les milices et les intégrer dans l’armée malienne et de militariser la police. Par ailleurs, lors de son discours de clôture des ANR, le chef de l’Etat a assuré que conformément aux recommandations des Assises nationales, le gouvernement mettra en place un chronogramme visant à assurer un retour constitutionnel apaisé et sécurisé.

Mali-Tribune : Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et le président du Panel des hautes personnalités étaient à Accra au lendemain de la clôture de ces Assisses pour donner une réponse à la Cédéao. Que faut-il espérer de cette rencontre ?

M.M. M. : Malgré les pressions de la communauté internationale, la Transition dirigée par le colonel Assimi Goïta, avait déjà fait savoir à la Cédéao être dans l’incapacité d’organiser des élections d’ici fin février 2022. Elle avait fait de ces Assises un préalable à tout scrutin et promis de mettre en œuvre les recommandations qui en seraient issues. Les dirigeants ouest-africains réunis en sommet au Nigeria ont de nouveau exigé, dimanche 12 décembre, des élections en février 2022 au Mali et imposeront des sanctions supplémentaires dès janvier sans engagement des autorités maliennes en ce sens.

Etant donné que les délégués des ANR se sont prononcés pour la prorogation de la transition afin de pouvoir réaliser les réformes institutionnelles structurantes et permettre des élections crédibles, équitables et transparentes, je pense que la délégation officielle conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali est allée le vendredi 31 décembre 2021 présenter au Président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao, le Président Ghanéen le rapport final des ANR, de même qu’un chronogramme détaillé des préparatifs des élections avant la tenue de la prochaine rencontre des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique l’Ouest en janvier 2022.

Mali-Tribune : Dans un communiqué, les 15 pays partenaires du Mali ont dénoncé l’arrivée de Wagner pour appuyer les fores maliennes. Est-ce que ces 15 pays ont la moindre preuve matérielle qui prouve que Wagner est présent au Mali ?

M.M. M. : Le gouvernement malien a publié un communiqué le vendredi 24 décembre 2021 qui dément tout déploiement de mercenaires russes au Mali comme annoncé par un communiqué conjoint publié par quinze pays occidentaux. Aussi, il a exigé que des preuves lui soient apportées par des sources indépendantes et précisé qu’au même titre que la mission européenne de formation (EUTM), des formateurs russes sont présents au Mali dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de Sécurité nationales.

De surcroit, le gouvernement malien a demandé à être jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs et tient à rappeler que l’État malien n’est engagé que dans un partenariat d’État à État avec la Fédération de Russie, son partenaire historique selon le communiqué signé du porte-parole du gouvernement, également ministre de l’Administration territoriale.

Mali-Tribune : En 2022, le Mali compte essentiellement  sur ses propres ressources. Selon le projet de loi de finance 2022, il est attendu 998.4 milliards des impôts, 678.9 milliards des douanes et 171 milliards des domaines. En tant qu’économiste, pensez-vous que tous ces montants peuvent couvrir l’année sans l’aide extérieur ?

M.M. M. : Selon le ministère de l’Economie et des Finances, les prévisions des recettes budgétaires pour l’exercice 2022 s’élèvent à 2 130,721 milliards de francs CFA tandis que les prévisions des dépenses budgétaires s’élèvent à 2 748,285 milliards de francs CFA. Le budget 2022 présente donc un déficit global de 617,564 milliards de F CFA contre 652,927 milliards de F CFA en 2021.

Rappelons que le déficit budgétaire est financé par les emprunts de l’Etat malien sur le marché financier sous-régional de l’Union économique et Monétaire Ouest africaine (Uémoa) de même que l’assistance des partenaires extérieurs. En effet, le Mali dépend encore fortement du financement extérieur provenant des institutions multilatérales de développement (Banque mondiale, Banque africaine de développement, Banque Ouest Africaine de Développement…..), ainsi que des partenaires bilatéraux pour équilibrer son budget national.

Propos recueillis par

O.Mahamane

SourceMali Tribune

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