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Moctar Sy en exclusivité : «…l’héritage de Soumaïla ne sera pas bradé… »

A seulement 35 ans, ce fils de deux figures emblématiques du mouvement démocratique, diplômé en Droit des affaires, semble avoir le chemin tout tracé pour percer en politique. Outre ses activités associatives et sportives qu’il anime avec vigueur, celui dont la mère porte fièrement le titre de la première femme gouverneure au Mali, parle également politique dans un langage franc et sans détour.

Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder en plein cœur d’un quartier populaire de Bamako où il venait partager les opinions avec les camarades de lutte, celui qui fut porte-parole du collectif pour la libération de Soumaïla Cissé, actuellement responsable sur des questions juridiques d’une société de la place, se veut avant tout pragmatique. Sur la gestion saine de la chose politique, le jeune militant de l’URD qui ne renie pas les acquis démocratiques du pays, prône un engagement actif des jeunes, qui selon lui, doivent enfin tenir le flambeau pour faire du Mali un havre de paix. Interview.

L’Observatoire : On parle d’un Mali nouveau. Quels pourraient en être les ressorts ?

Moctar SY : A la suite du coup d’Etat du 18 août 2020, beaucoup de Maliens ont réclamé un Mali nouveau parce qu’ils sont fatigués des crises répétitives qui nous mènent à des coups d’Etat. Ce qui fait qu’à chaque occasion qui se présente, ils animent ce désir d’entrer dans une phase de redressement définitif, et je pense que c’est tout à fait normal qu’ils s’inscrivent dans cette posture patriotique.

Cependant, pour répondre à votre question, à mon avis, un Mali nouveau doit être un Mali de responsabilité, de dignité, de loyauté et surtout un Mali d’engagement. J’évoque la notion impérative de responsabilité, parce qu’il est enfin nécessaire à ce que nous tirions les leçons de erreurs du passé. Nous devons avant tout, nous demander à savoir ce qui nous a amenés dans cette situation. La prise de conscience commence par là, si nous voulons bien bâtir ce Mali nouveau. Cela ne se fera que quand tous, nous jouerons franc-jeu. Néanmoins, j’ai l’intime conviction que c’est bien possible d’y arriver, et nous allons y arriver.

A l’heure de la refondation, vous êtes au cœur de la mise sur orbite d’un mouvement. Pour quoi faire ?

Effectivement, à ce tournant décisif de la vie politique de notre pays, nous sommes posé la question à savoir ce que nous, en tant que jeunes, pouvons faire de manière active, pour contribuer à l’effort national. Ainsi, nous avons imaginé un mouvement intéressé à la chose politique au sens propre du terme, qui va rassembler les Maliens autour de l’essentiel, sans considération politique, ethnique ou religieuse. Il s’agit d’un mouvement qui se veut facteur de rétablissement de la confiance entre les citoyens et dont l’objectif sera d’influencer la vie politique.

Comment appréciez-vous le rôle de la jeunesse durant la transition ?

La jeunesse, cette potentialité humaine doit jouer un rôle responsable qui consiste son implication. Cette jeunesse doit aujourd’hui être le trait d’union entre nos cadets et nos ainés pour réconcilier les Maliens. A ce moment, la jeunesse parviendra à transcender les clivages, éviter les questions de division par le refus de l’instrumentalisation politique.

La jeunesse doit participer au processus du début à la fin dans un schéma triptyque : elle doit participer au processus, le surveiller et l’appuyer pour sa réussite et sa consolidation.

Une transition de 18 mois au regard de l’état actuel du pays. Est-ce un délai raisonnable pour arriver à des résultats ?

A admettre que le Mali se trouve aujourd’hui dans une crise multidimensionnelle avec des défis énormes. La refondation tant voulue, implique une large campagne de sensibilisation et une rigoureuse consultation des Maliens pour identifier leurs soucis, sceller un pacte et aller droit dans la résolution des problèmes. L’immensité de notre territoire faisant, les disparités et la situation sécuritaire actuelle ne favorisent pas une possibilité d’y arriver en dix-huit mois. Cela fait que je suis de ceux qui pensent que dix-huit mois ne suffisent pas pour régler tous les problèmes et poser les jalons d’un Mali nouveau. Mais, le processus étant engagé à plusieurs niveaux, il faut que ce qui peut être fait soit bien fait sous la transition, et ce qui reste à faire soit répertorié et fait avec ceux qui nous dirigeront après la transition.

Quels jugements optez-vous sur les régimes précédents ? 

Sans exagérer, je dirais qu’il y a eu des failles mais aussi et surtout des acquis de la démocratie qui sont entre autres les libertés fondamentales, les droits humains… Pour moi, la notion de l’Etat démocratique doit refléter nos réalités, et il faut capitaliser à ce niveau, conserver les acquis et travailler beaucoup dans un environnement assaini où la culture du mérite a droit de cité.

Les tenants de la transition ont eu du mal à fédérer les sensibilités autours d’eux. Croyez vous qu’un consensus est possible encore pour réussir la transition ?

Oui malgré tout ! Mais du moment qu’il y a eu un faux départ traduit par la rupture de confiance que nous savons tous, il revient aux autorités de la transition de revenir aux fondamentaux. Il s’agit pour elles, de dégager un consensus avec les acteurs sociopolitiques du pays. Nous sommes dans une course contre la montre et le faux-fuyant n’y a pas sa place. Leurs missions principales sont connues : ramener le maximum de sécurité, stabiliser le climat social et organiser des élections crédibles et transparentes sans exclusion. J’ose croire qu’elles (autorités de la transition) savent que la réussite de la transition passera forcément par l’engagement populaire des Maliens, sans exclusion.

Beaucoup d’analystes estiment que le parti l’URD est fini après le décès de l’illustre chef de file de l’opposition. Votre parti saura-il relever le défi ? Et l’héritage ?

Tout d’abord, je m’incline devant la mémoire de Feu Soumaïla Cissé qui nourrissait des ambitions sincères pour le Mali.

Par ailleurs, je vous signale que je fais partie de ceux qui ont mené la lutte pour sa libération lorsqu’il s’est retrouvé malencontreusement otage au nord. Notre souhait était qu’il revint prendre le pays en main pour le sortir de cette situation. Malheureusement, nous l’avons perdu au mauvais moment. Son décès a été un coup très dur pour le parti, affligé mais qui se relèvera. Après le deuil, nous disons que le plus difficile est de savoir se relever. Il nous a laissé un lourd héritage. Nous allons nous atteler à la réussite des tâches qu’il avait entamées. Et, notre parti regorge des cadres valables, il est le mieux structuré et implanté dans tout le pays pour répondre avec éclat, aux grands rendez-vous politiques. C’est pourquoi je vous garantis que l’héritage de Soumaïla ne sera pas bradé.

Votre message à l’endroit de la jeunesse et des maliens ?

A ce moment crucial de la vie de notre pays, j’appelle les Maliens à l’unisson. Particulièrement à mes camarades les jeunes, je les convie à ne pas accepter de monnayer leur avenir. Leur engagement doit être patriotique et leurs choix être réfléchis pour un avenir radieux du Mali.

Interview réalisée par Issiaka Tamboura

Source: L’Observatoire

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