Profitant de l’ouverture du séminaire international sur la justice transitionnelle et la réconciliation nationale, le président de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), Me Moctar Mariko, a mis en garde le gouvernement contre les mesures d’amnistie en faveur des auteurs de crimes graves contre les droits humains.
Pour le président de l’Association malienne des droits de l’Homme, Me Moctar Mariko, le droit à la justice, à la vérité et à la réparation contribuent à soigner la plaie en profondeur et non à la cicatriser sur le pus.
« L’histoire récente de la double crise constitue un chapitre douloureux marqué par des événements qui heurtent la sensibilité humaine. Pour une sortie de crise, il faut des mécanismes de réconciliation nécessaires s’appuyant sur la parole des victimes et garantissant leurs droits », a-t-il souligné.
Et d’ajouter que pour une manifestation d’une justice indépendante, les deux organisations (la Fédération internationale des droits de l’Homme – FIDH – et l’AMDH) de défense de droits humains s’engagent depuis 2012 à documenter les crimes perpétrés par les protagonistes en présence sur le terrain.
Selon Me Mariko, la réconciliation nationale et la paix durable ne peuvent être obtenues que par un traitement diligent des violations des droits humains et par une lutte sans concession contre l’impunité.
« Cette lutte ne peut se permettre aucune mesure d’amnistie qui risquerait de créer des sentiments de frustration chez les victimes et conduirait inévitablement à une recrudescence de la violence à travers la vengeance et la justice de la rue », a-t-il fait valoir.
La présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, a indiqué que l’objectif est de faire profiter de l’expérience de l’organisation acquise ces 30 dernières années. « Le renforcement des capacités pour l’établissement de la vérité est un processus nécessaire à toute réconciliation. La FIDH, à travers ses 174 organisations, accompagne le Mali », a-t-elle insisté.
Dans le cadre du programme conjoint de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et l’AMDH, intitulé « Mobiliser la société civile pour une réponse à la crise des droits humains au Mali », Bamako abrite depuis hier un séminaire international sur la justice transitionnelle et la réconciliation nationale.
Le séminaire rassemble les acteurs de la réconciliation nationale pour renforcer leurs capacités sur les mécanismes de la justice transitionnelle et dégager des lignes directrices pour le plaidoyer des organisations de la société civile en faveur de la réconciliation conformes aux aspirations maliennes.
Durant deux jours, des panels avec de grands témoins ayant conduit ou suivi des processus de justice transitionnelle et de réconciliation dans d’autres pays africains vont faire des débats et discussions en interaction entre les participants et panéliste.
Bréhima Sogoba