Un sit-in ce mercredi devant l’Ambassade de la Belgique à Bamako
Depuis le 10 mars 2020, la chanteuse internationale, Rokia TRAORE, est incarcérée en France suite à un mandat d’arrêt international de la justice belge. Selon son avocat, la chanteuse a été arrêtée, ce mardi, à sa descente d’avion à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, près de Paris. À l’origine de cette arrestation, un conflit autour de la garde de sa fille. La justice belge reproche à l’artiste « l’enlèvement d’enfant et séquestration ».
Son arrestation en France alors qu’elle s’y rendait pour ses affaires a suscité l’indignation au plan national et international. Depuis quelques, l’heure est à la mobilisation en faveur de l’artiste incarcéré.
Soutien du Gouvernement
Dans un communiqué rendu public ce samedi 14 mars 2020, le Gouvernement malien se dit solidaire de notre compatriote Rokia TRAORE arrêtée en France.
« Le Gouvernement de la République du Mali suit avec attention la situation judiciaire de Mme Rokiatou TRAORE détenue à la prison française de Fleury-Mérogis. Artiste de renommée internationale, détentrice d’un passeport diplomatique malien, Mme Rokiatou Traoré bénéficie de l’assistance des autorités maliennes depuis plusieurs mois.
Le Gouvernement de la République du Mali exprime sa solidarité à notre compatriote.
Il rassure l’opinion nationale que les services consulaires et diplomatiques sont mobilisés pour un heureux dénouement de la question.
Le Gouvernement de la République du Mali remercie toutes les bonnes volontés qui ont témoigné à l’artiste, leur sympathie suite à cet incident malheureux ». A réagi le gouvernement par la voix de son porte-parole, Yaya SANGARE.
Mobilisation générale
À côté des autorités nationales, ses parents, amis et fans projettent un sit-in de protestation devant l’Ambassade de la Belgique au Mali, ce mercredi 18 mars 2020 à Bamako.
En outre, une pétition pour demander la libération de l’artiste est lancée par le Collectif des Mères Veilleuses depuis le vendredi dernier. Ce dimanche vers le petit soir, la pétition était déjà signée par des milliers de personnes, dont le célèbre artiste comme Youssou N’Dour. L’objectif de la pétition est de recueillir près de 11 000 signataires, selon ses initiateurs.
De même, la pétition démontre les dysfonctionnements de la justice belge à l’égard des mères monoparentales. Ces dysfonctionnements sont plus discriminants quand la mère est d’origine hors UE, autrement dit « racisée ».
Aussi, subisse-t-elle ce que l’on appelle « le Mother Shaming » de la part de la justice belge, car elle exerce une carrière internationale, et qu’elle semble avoir les bonnes conditions dans son pays d’origine pour concilier sa vie privée et professionnelle.
Dans leur pétition, le collectif demande à la justice belge de lever le mandat d’arrêt international déposé à l’encontre de Mme Rokia TRAORE, afin que cette dernière puisse se présenter devant le tribunal de première instance belge et puisse se défendre. Aussi, que ses pièces justificatives puissent être enregistrées et considérées par la justice belge.
Un père sadique ?
De même, la pétition demande que la loi malienne en termes de garde d’enfant puisse être considérée par la justice belge également que le témoignage de sa fille puisse être appuyé par le diagnostic d’un expert pédopsychiatre spécialisé dans les cas d’inceste.
Par ailleurs, que des dispositions soient prises pour que le père, s’il souhaite être en contact avec son enfant, puisse voir sa fille sous surveillance dans un espace de rencontre parent-enfant.
Enfin, le collectif demande que si les faits d’attouchements ont été prouvés, que le père se voit refuser toute autorité parentale et de visite, et ce dans l’intérêt et du bien-être de l’enfant.
Une audience est prévue à Paris ce 18 mars pour examiner la demande de remise de la chanteuse à la Belgique. Une procédure d’extradition étant lancée, pour cette femme qui a la double nationalité française et malienne et qui, en Belgique, risque cinq ans de prison.
La chanteuse a été arrêtée mardi à l’aéroport parisien de Roissy à sa descente d’un avion en provenance de Bamako. Selon Me Kenneth FELIHO, l’interpellation est liée à un mandat d’arrêt européen émis à Bruxelles contre elle pour “enlèvement, séquestration et prise d’otage” parce qu’elle n’a pas remis sa fille de 5 ans à son père belge, dont Rokia TRAORE est séparée, alors qu’un jugement de 2019 l’y contraignait.
Deux mandats d’arrêt européen
En fait, a précisé le parquet belge à l’AFP, l’artiste a fait l’objet de deux mandats d’arrêt européen. Le premier a été émis le 23 octobre 2019 pour non-respect du jugement de première instance rendu quelques mois auparavant. Entendue le 22 janvier 2020 par un juge bruxellois, Mme Rokia avait déclaré qu’elle reviendrait présenter l’enfant dans un délai d’un mois, ce qu’elle n’a pas fait, suscitant un second mandat d’arrêt pour non-présentation d’enfant, a souligné le parquet.
La chanteuse conteste depuis le début la décision de la justice belge de confier la garde exclusive de l’enfant à son père, selon Me FELIHO.
Elle a interjeté appel du jugement de première instance.
Rokia Traoré a été incarcérée après son interpellation et une audience est désormais prévue à Paris le 18 mars pour examiner la demande de remise de la chanteuse à la Belgique.
Rokia Traoré, chanteuse et guitariste, est aussi connue pour son engagement en faveur des réfugiés et pour avoir été nommée en 2016 ambassadrice de bonne volonté par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
”Elle allait à Paris pour prendre ensuite un train pour son audience d’appel à Bruxelles, mais aussi dans le cadre d’une mission des affaires culturelles maliennes pour laquelle elle avait un passeport diplomatique”, a protesté son avocat.
Une grève de la faim
Aujourd’hui, Rokia Traoré estime ses droits de mère bafoués.
« J’ai entamé une grève de la faim (…) afin que me soit accordé un procès équitable en Belgique et pour que le mandat d’arrêt européen ne soit pas injustement appliqué », explique l’artiste dans un message publié sur son compte Facebook, et dans une lettre relayée par son avocat via cette plate-forme. L’artiste continue plus que jamais de dénoncer la décision du tribunal de Bruxelles qui a accordé à l’ex-compagnon belge de la chanteuse la garde exclusive de leur petite fille et s’insurge contre le fait que cette non-présentation d’enfant ait été transformée en un chef d’accusation incluant « séquestration, prise d’otage et enlèvement » pour permettre l’émission d’un mandat d’arrêt international.
Une audience est prévue à Paris le 18 mars pour examiner la demande de remise de la chanteuse à la Belgique. Une procédure d’extradition étant lancée, pour cette femme qui a la double nationalité française et malienne et qui, en Belgique, risque cinq ans de prison.
Par Abdoulaye OUATTARA
INFO-MATIN