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Mme Félicité Diarra, Maire de la Commune urbaine de San : «Notre engagement pour le développement communal est sans réserve»

Mme Félicité Diarra est la Maire de la Commune urbaine de San. A 31 ans, elle est la plus jeune femme maire du Mali et la première femme à accéder à la tête de la mairie à San. Titulaire d’une licence en physique appliquée et d’un Master en développement et changement climatique, elle consacre toute son  énergie au développement communautaire.

Dans un entretien qu’elle nous a accordé en marge de la Journée nationale des communes, tenue du 11 au 13 mai 2023 au Centre international de conférence de Bamako, Mme Félicité Diarra dévoile ses ambitions pour la ville de San et ce qu’elle y a déjà réalisé.

Investie dans ses fonctions de Maire, le 7 juillet 2020, Mme Félicité Diarra s’attèle à l’émergence d’une commune urbaine de San où il fait bon vivre. «Notre engagement pour le développement communal est sans réserve», nous confie-t-elle. La preuve : depuis son installation, la jeune dame et son équipe comptent à leur actif d’importantes réalisations qui ont apporté la joie dans leur localité. C’est le  cas, par exemple, de l’extension du réseau électrique de San pour laquelle l’édile adresse ses remerciements au Président de la transition à travers le ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau, mais aussi à la population et aux ressortissants de San pour leur accompagnement.

Cette extension du réseau qui a concerné San et environs a permis d’électrifier complètement la ville de San, explique Mme Félicité Diarra. C’était un rêve de la population, ajoute-t-elle. Le rôle de la mairie, c’est aussi de pouvoir apporter la quiétude et l’électricité est  un des piliers du développement.

La Mairie a formé plus de 100 jeunes en activités génératrices de revenus (A.g.r) avec, à l’appui, des fonds de démarrage. «Aujourd’hui, ces jeunes sont installés à leur propre compte. Ils travaillent et parviennent à subvenir aux besoins de leurs familles. Elle salue l’accompagnement financier de l’O.n.g A.f.a.d, la Coopération suisse  et le Projet jeunesse et stabilité (Pro.je.s).» Mme le Maire revendique, avec l’appui de l’Amapros, la mise en place d’un fonds communal d’appui à la jeunesse pour soutenir les jeunes exerçant des activités génératrices de revenus.

Les femmes rurales de San et leur coopérative ont bénéficié d’un périmètre maraîcher doté d’un système de pompage solaire et d’un étang piscicole. Ce périmètre a été aménagé avec l’accompagnement du Fonds de l’alliance globale contre le changement climatique.

Dans la moitié des dix villages périphériques, précise-t-elle, il a été procédé à la réalisation ou à la réhabilitation de périmètres maraîchers. Des groupements de femmes ont été appuyés en A.g.r, en embauche ovine et bovine et en transformation des produits locaux avec l’O.n.g Helvetas. «Ce sont des domaines de développement de la commune», avance-t-elle. Il a été procédé à la réhabilitation des locaux de la poissonnerie du marché central pour femmes et de la boucherie.

Un monument pour immortaliser le fondateur de San

Grâce à ses ressources propres, la mairie est en train de réhabiliter son siège et l’acquisition d’équipements pour l’assainissement de la ville de San est en cours. Ainsi, un camion Benne ‘’France au revoir’’ est déjà acquis en vue d’accompagner le service d’assainissement de la municipalité. Jusque-là, la collectivité ne disposait que d’un camion reçu dans le cadre du jumelage depuis de plus deux décennies.

«On est en train de réaliser un monument au nom du fondateur de la ville de San,………». Financé par la Mairie sur fonds propres ce monument, dont la première pierre a été posée l’an dernier, sera inauguré ce jeudi 8 juin 2023 lors des festivités du Sanké mô. «Ce monument sera sous forme d’espace vert où les gens peuvent venir, tout aux Armoiries de la ville de San que sont le ‘’puits sacré’’, la ‘’mare sacrée’’ et le ‘’bois sacré’’. Ces trois sites sont des sites historiques. On veut que nos enfants, nos petits enfants, dès à bas âge, puissent connaître l’histoire de la ville de San»

Elle se réjouit de la construction, par l’Eglise catholique en partenariat avec l’Etat du Mali, de l’hôpital portant le nom du regretté évêque de San, Mgr Jean Gabriel Diarra. La Maire Félicité Diarra est persuadée que la réalisation de cette infrastructure sanitaire contribuera à l’amélioration de la santé des populations  sanoises. L’Etat, à travers le ministère des Transports est en train de faire le bitumage de plus de 3 km de la voie facilitant l’accès de l’hôpital via la RN6. À l’intérieur, la Mairie avec l’appui du gouverneur, a investi dans la réhabilitation de certaines voies afin de faciliter la circulation. «Je ne peux pas citer toutes mes réalisations. Il y a le curage des caniveaux, le ramassage des ordures qui sont les quotidiens de la Mairie».

En perspective, elle envisage de réaliser un nouveau marché à San dans le cadre du Projet ville moyenne de la Coopération allemande. Les dossiers sont très avancés, souligne-t-elle. «C’est un grand projet qui me tient à cœur », insiste Mme Félicité Diarra. Très prochainement l’hôtel de ville de San, sous la houlette de sa locataire, procédera à un nouveau recensement des équipements marchands de la commune. Cette initiative permettra d’améliorer la situation financière de la Mairie et de booster les investissements pour développer la collectivité au grand bonheur des populations.

L’édile attend impatiemment la concrétisation de la promesse du gouvernement relative à l’extension du système d’adduction d’eau.  « On attend aussi l’extension de notre réseau Somagep qui a été promise par l’Etat à travers la Somapep….On avait dit que le financement était acquis à travers l’Agence française de développement. Avec les difficultés du pays, le projet est interrompu. On ne sait pas pourquoi, mais on demande toujours. Aujourd’hui, l’extension du réseau Somagep est l’une des préoccupations des populations de San», lance-t-elle.

Aider les femmes à s’épanouir

Très attachée aux initiatives en faveur de l’autonomisation des femmes mais aussi de l’émergence d’une jeunesse capable de prendre le relais de demain, elle nourrit des ambitions pour ces deux couches importantes de la population. C’est pourquoi, elle consacre son énergie à mobiliser les partenaires afin d’investir dans des projets en faveur des femmes et des jeunes. «Aujourd’hui, nous comptons former les femmes et accompagner déjà celles qui ont la main dans certaines activités…C’est continuer à les aider dans ce qu’elles font déjà et dans ce qu’elles veulent faire pour leur épanouissement. Cela ne sera pas facile sans la contribution de l’Etat, des partenaires techniques et financiers et la Mairie…On veut qu’elles s’épanouissent dans les activités génératrices de revenus…A San, les femmes sont dans l’agriculture, l’élevage, la pisciculture, la transformation du riz. On a une petite unité de transformation du riz…»

Elle cherche des partenaires pouvant appuyer la Mairie dans la construction d’une grande unité de transformation de divers produits locaux (riz, fonio….) au profit des femmes. La Mairie est prête à donner un site pour abriter cette unité.

Elle souhaite la venue des partenaires à San. La collectivité est prête à contribuer au financement des projets. «On veut que les partenaires viennent à San. On est prêt à contribuer au financement des projets. La Mairie est disponible pour accompagner toutes les initiatives de développement, de formation et d’épanouissement des femmes.»

Pour la plus jeune femme maire du Mali, ce n’est pas facile pour une femme d’être maire. «Je suis dedans. Ce n’est pas facile comme aussi je peux dire que c’est facile ». Elle rappelle que c’est la première fois qu’une femme est maire à San où «la loi 052 est  respectée».  «La population de San n’est pas contre la loi 052. Ce qui favorise que nous sommes onze conseillères sur 33. Cela demande l’engagement et l’acceptation de la population et, surtout, des hommes», se réjouit-elle.

Continuer à relever ces défis jusqu’à la fin du mandat

«Au début, ce n’était pas du tout facile. Avec le temps, on s’est habitué, on s’est formé. C’est un combat de jour et de nuit. On va continuer à relever ces défis jusqu’à la fin du mandat. Avec l’accompagnement des populations, notamment des femmes et des jeunes, je suis sûre qu’on y parviendra». Selon elle, il faut beaucoup d’attention, de patience et de dynamisme. Félicité Diarra se réjouit du soutien de sa famille et ses proches. Une source de motivation supplémentaire qu’elle continue à servir, à espérer, à persévérer et être encore plus optimiste.

La maire de la commune urbaine de San estime que la décentralisation doit amener les élus à travailler avec leurs populations pour relever les défis du développement en apportant des innovations. Elle permet aussi à chacun d’apporter sa pierre à la construction de l’édifice. Selon elle, il n’appartient pas à quelqu’un d’autre de venir ailleurs pour construire. Elle appelle les élus et les populations à se donner la main pour le développement de la commune. Elle met en avant l’approche participative et l’inclusion dans la gestion des affaires communales.

Mme Félicité Diarra appelle, enfin, à l’union pour répondre aux défis du développement.

Chiaka Doumbia

 

Un leadership jeune à encourager

Après ses études fondamentales et secondaires à San, la titulaire d’un bac en sciences exactes débarque à Bamako à la Faculté des sciences techniques et technologies (FAST) où elle décroche une licence en physique appliquée. Fraîchement diplômée, elle évolue dans le monde de l’enseignement en acceptant de partager ses connaissances avec les jeunes de certains établissements scolaires privés. Par la suite, Félicité Diarra intègre l’Ong catholique Caritas en qualité d’agent de développement communautaire à San. Elle parcourt les villages et les hameaux à la rencontre des citoyens aspirant à un bien-être. Malgré ses occupations professionnelles, elle poursuit les études et obtient un Master professionnel en développement et changement climatique dans une université basée à Ouagadougou, au Burkina-Faso.

Disponible et entreprenante, la jeune étudiante menait à Bamako parallèlement à ses études des activités politiques avec des amis. « Dans le sens d’apprentissage et du renforcement de mes connaissances », justifie-t-elle. C’est ce qui m’a motivé à être candidate aux élections communales de 2016. Elle est positionnée troisième sur la liste qui récolte le plus grand nombre de suffrages des habitants de San. Sina Oumar Traoré est élu maire. A 24 ans, Félicité Diarra hérite du poste de 2ème adjoint. Entre temps, deux événements se produisent en donnant un coup d’accélérateur à son destin. Le 1er adjoint est rappelé à Dieu et le maire principal est élu député à l’Assemblée nationale lors des élections législatives de 2020. Tout logiquement, la jeune dame de 28 ans devient maire.

Un coup du destin ? Sûrement ! Car, la jeune Félicité Diarra n’avait jamais imaginé être maire un jour et surtout d’une commune où elle a grandi avant d’y travailler. « A l’université, j’avais beaucoup d’ambitions surtout pour continuer avec mes études.… Je n’avais pas cette ambition être maire d’une commune particulièrement de la commune où j’ai étudié, grandi et où je suis retournée pour travailler», déclare-t-elle avec un large sourire. Elle ajoute : « Il faut dire que ça a été une surprise pour moi-même. Je ne m’y attendais pas, ma famille n’y s’attendait pas, mes proches non plus. Vu mon âge, l’expérience n’y est pas. C’est vrai qu’il n’y a pas d’école pour être maire».

De par son courage, son engagement et surtout sa très capacité d’apprentissage, Mme Félicité Diarra incarne un leadership jeune qui ambitionne de booster le développement communautaire. Elle est un exemple à promouvoir et à encourager. Dans un pays où les jeunes et, surtout, des femmes accèdent rarement à des postes de responsabilité, les rares qui parviennent à se hisser à un certain niveau méritent d’être soutenues, encadrées et accompagnées. La Maire de la commune urbaine de San figure parmi ce lot de jeunes leaders. Les initiatives du développement entreprises par Félicité Diarra en faveur de la commune qu’elle dirige doivent bénéficier d’une attention particulière.

C Doumbia

Source : Le Challenger

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