Le Centre Carter a publié son dernier rapport jeudi 26 août 2021. Dans ce document, l’observateur indépendant des droits humains a manifesté sa préoccupation envers la méfiance des Maliens concernant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger fonctionnait tant bien que mal malgré l’avis partagé sur la question. Le centre Carter a qualifié ce fonctionnement « des étapes dans la bonne direction ». Car, beaucoup avaient été entreprises au-delà du dialogue positif entre les parties prenantes à savoir : la ténue du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) à Kidal en février et à Kayes en mars, la création par les parties, du « G-5 », un groupe de travail sur la question réussissant le ministre de la réconciliation et quatre autres ministres des mouvements armés etc.
Mais récemment, la mise en œuvre de cet accord fait place à un séreux doute au Mali, à cause de plusieurs facteurs. Selon le centre Carter, « deux événements particuliers ont contribué à freiner l’élan de la relance de la mise en œuvre de l’accord », a noté le Studio Tamani. Ces évènements sont, entre autres, de l’assassinat du Président en exercice de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) Sidi Brahim Ould Sidatt, le 13 avril à Bamako, le nouveau coup d’État le 24 mai au Mali et, le non moins important qui est « la méfiance croissante de la population à l’égard de l’Accord est également préoccupante », selon le centre Carter. Une situation qui mérite une bonne réflexion de toutes les parties prenantes pour l’intérêt de la paix et de stabilité au Mali.
Très sceptique, l’analyste politique Ballan Diakité fait savoir sur studio Tamani, que c’est le retard pris dans la mise œuvre du document qui a entraîné des doutes chez la population. Par ailleurs, il exhorte que les parties aillent au-delà des paroles pour montrer de leur la bonne volonté.
Pourtant, le Conseil de sécurité a voté le lundi dernier, la reconduction jusqu’au 31 août 2022 des sanctions découlant de la résolution 2374 (2017) au Mali et la prorogation jusqu’au 30 septembre 2022 du mandat du Groupe d’experts prévu par le même texte.
Selon les Nations unies, ces mesures visent toutes les personnes et entités désignées par le Comité, notamment pour le fait de préparer, de donner l’ordre de commettre, de financer ou de commettre, au Mali, des actes qui violent le droit international humanitaire. Le conseil de sécurité a, par cette occasion rappelée qu’il a été invité par ces mêmes dispositions à appuyer pleinement l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Non seulement à en suivre de près la mise en œuvre, mais aussi, à prendre, le cas échéant, des mesures contre quiconque qui entraverait l’exécution des engagements qui y figurent ainsi que la réalisation des objectifs poursuivis.
Pour sa part, l’observateur indépendant, le centre Carter, pour remettre la mise en œuvre sur les rails, a mis en avant l’adoption d’un plan pour le processus de DDR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion) qui fixe les étapes à suivre pour mener à la dissolution des mouvements signataires, l’application de la politique nationale de réparations proposées par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Aussi rapporte le studio Tamani, que la préparation des élections et la révision constitutionnelle pourrait bien offrir l’opportunité d’inscrire des dispositions clés de l’Accord dans les textes et les institutions nationales sur le plan politique.
Issa Djiguiba