L’Islam depuis le Royaume touareg de Tadamakat, communément appelé Essouk, a régi la vie des populations de l’Adagh et des autres localités de ce vaste territoire sahélo-saharien. La conquête coloniale française de l’Adagh s’est heurtée sous la bannière islamique depuis 1923 à l’insoumission du notable Albacher puis de son fils Alla, assassiné le 15 juillet 1954 par le Sergent-chef Huguet à la tête du Peloton Méhariste de Timetrine (PMT).
Attaher Ag Illi, l’Amizzar des Ifoghas et des Kàl Adagh a posé aux autorités administratives coloniales françaises de la Subdivision de Kidal avant l’indépendance du Mali, les revendications des populations autochtones touareg à savoir :1. L’autonomie administrative et régionale de l’Adagh ; 2. La gestion de la sécurité de l’Adagh par ses habitants ; 3. Le choix de l’Islam comme Religion et de l’Arabe comme langue d’apprentissage et d’enseignement sans exclure le français et le tamachaqt; 4. La programmation et le financement par l’État du Soudan français du développement local fondé sur les initiatives, attentes et aspirations des communautés de l’Adagh…
Ces revendications ont été portées à la connaissance de Monsieur Madeira Keïta en visite politique à Kidal pour rallier l’Adrar des Iforas à l’indépendance du Mali puis de Monsieur Bakara Diallo en tournée administrative dans l’Adrar des Iforas. L’insurrection, la révolte ou la rébellion de Zeid Ag Attaher Illi en 1963, en intelligence opérationnelle avec Illadi Ag Alla Albacher, tirait ses origines de la nouvelle gouvernance idéologique prônée par l’USRDA basée sur un socialisme malien centralisateur et réducteur des diversités géographiques, ethnoculturelles, linguistiques et religieuses du Mali indépendant.
Les autres luttes, rébellions, résistances ou révolutions dites de l’Azawad de 1990 à nos jours n’ont jamais renoncé aux revendications portant sur l’Islam et la Charia. Dans le sillage des négociations et de la mise en œuvre du Pacte national, les MFUA ont adressé une requête en date du 18 avril 1992 au président du CTSP et au Médiateur algérien demandant la reconnaissance officielle du Qadi et la revalorisation de sa fonction comme sous le Soudan français…
La Constitution de la République du Mali et les différents accords de paix signés protègent les différentes croyances religieuses mais n’ont jamais interdit à une communauté de choisir son identité religieuse. Les groupes armés nationaux d’obédience islamique revendiquent la Charia pour un Mali uni et dans un Mali indivisible. À nous, Maliens et Maliennes, de recoudre notre pays en tissant mieux son voile identitaire, spirituel et religieux. Sécuriser c’est anticiper sur le désordre et prévenir le chaos à Kidal, à Kangaba, à Kaboul et à Kigali.
Zeidan Ag SIDALAMINE
Source: le Reporter