Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier estime que l’Europe “ne peut pas laisser la France seule” en Centrafrique, dans un entretien à paraître dimanche dans un journal allemand.
Le chef de la diplomatie allemande évoque aussi dans la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS) un possible “soutien plus appuyé” à l’intervention française au Mali, réaffirmant néanmoins que son pays n’enverra pas de troupes de combat en Afrique.
Les propos du ministre interviennent alors qu’il doit retrouver à Bruxelles lundi ses homologues européens pour décider d’une mission en Centrafrique, en proie à des tueries à caractère religieux et où la France est engagée avec 1.500 soldats.
Les intérêts européens sont en jeu “quand en Afrique noire et subsaharienne menacent l’instabilité, les déportations et le terrorisme, dont les conséquences débordent en Europe”, a dit M. Steinmeier selon des extraits de l’interview diffusés par le journal samedi.
“Nous devons réfléchir à des possibilités de soutien plus appuyé, par exemple au Mali, cela fait partie de notre responsabilité”, a-t-il poursuivi.
Selon le journal, M. Steinmeier s’est entretenu au téléphone samedi matin avec son homologue français Laurent Fabius, et lui rendra visite mardi à Paris pour discuter de l’engagement allemand en Afrique.
Le quotidien Süddeutsche Zeitung rapportait samedi que la brigade franco-allemande notamment pourrait intervenir au Mali – par exemple si des troupes françaises étaient redéployées vers la Centrafrique.
Le ministère allemand de la Défense a précisé qu’aucune décision n’avait été prise en ce sens, et que l’armée attendait les décisions des ministres européens lundi.
Des soldats allemands participent déjà à la mission de stabilisation de l’ONU au Mali, la Minusma, ainsi qu’à celle de l’UE consacrée à la formation. Une prolongation du mandat de la Bundeswehr, l’armée allemande, doit intervenir à la mi-février.
L’intervention française au Mali a évité au pays d’être “pris d’assaut” par les fondamentalistes islamistes, et Paris est aussi en train d’éviter le pire en Centrafrique, a dit M. Steinmeier, selon des propos rapportés par le FAS au style indirect.
Selon le Süddeutsche Zeitung les scénarios à l’étude au ministère de la Défense prévoieraient l’envoi de troupes et de matériel dans la capitale centrafricaine Bangui, et non pas dans les pays voisins comme il en était question jusqu’à présent.
L’Allemagne s’était isolée sur la scène internationale en 2011 en refusant d’intervenir en Libye aux côtés notamment de la France.
© 2014 AFP