Pour la première fois, depuis très longtemps, le Conseil National de l’Eau (CNE) s’est réuni. En présence des représentants de l’Association des consommateurs du Mali et des usagers et exploitants du bassin du fleuve Niger. C’était ce vendredi, sous la présidence de Moussa Cissé, Secrétaire général du ministère de l’Energie et de l’Eau. Deux sujets étaient à l’ordre du jour: l’information sur la situation hydrologique et l’impact de l’exploitation aurifère par dragage.
La situation est critique. La détresse hydrique est réelle. A l’ouverture de la séance, le Secrétaire général du ministère de l’Energie et de l’Eau a souligné l’importance de la réactivation du Conseil National de l’Eau. Prévu par l’article 68 du Code de l’eau, le CNE a entre autres missions d’émettre un avis sur: les projets de plan directeur de l’eau et les Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux; les projets d’aménagement et de répartition des eaux ayant un caractère national ainsi que sur les grands aménagements régionaux. Il donne également son avis sur «toutes questions relatives à l’eau».
Sur présentation de Yaya Boubacar, directeur national de l’Hydraulique, le conseil a eu droit à la situation hydraulique 2017-2018. La situation, indique-t-il, est «préoccupante». Les ressources en eau subissent une «pression croissante». En 2017, explique Yaya Boubacar, la pluie s’est arrêtée trop tôt. A l’aide de courbe, l’expert a montré à quel point le niveau du fleuve est bas. Un niveau jamais atteint depuis l’année 1984. Au regard de la situation, prévient le directeur, plusieurs impacts négatifs possibles sont envisagés. L’eau potable, la santé, le secteur agricole, le secteur de l’élevage et le secteur de la pêche sont concernés. Avec 35% de l’électricité nationale produit grâce aux barrages, l’hydroélectricité est aussi impactée négativement par la situation.
«L’or est bon, mais l’eau est mieux»
«Il faut éviter le pire», s’est écrié un des membres du Conseil. Et le pire, les membres du conseil se sont rendus compte de son arrivée imminente suite à la présentation sur «l’impact de l’exploitation aurifère par dragage dans les lits des cours d’eau». Avec une dizaine de drague en 2012, on estime, aujourd’hui, à des centaines le nombre de drague sur les cours d’eau. Indexé au cours des débats, Django Mady Coulibaly, représentant du ministère des Mines et du Pétrole se défend. «16 titres, seulement, sur toute l’étendue du territoire national, sont délivrés par son ministère». Les autres, accuse-t-il, sont des œuvres de chefs de village, de présidents d’association villageoise, d’élus locaux. «Chacun de ces gens estime à son niveau avoir des droits sur la partie du fleuve qui traverse sa localité», affirme Coulibaly.
Les problèmes sont connus, que faut-il faire? Les membres du conseil ont apporté les éléments de réponse à cette interrogation. Deux solutions se dégagent: mettre fin à l’exploitation aurifère par dragage et entreprendre une campagne d’information et de sensibilisation en faveur des populations. Selon Drissa Traoré du ministère de l’Environnement la suspension du dragage est en cours. La décision a été prise, indique-t-il, en Conseil des ministres, le contenu du document final est en finalisation dans son département. Il y a urgence, insiste Traoré, dans certains villages, dit-il, on dénombre 78 dragues. «La situation est au-delà de tout ce qu’on peut imaginer», s’inquiète l’agent. «L’or est bon, mais l’eau est mieux», conclut-il.