Depuis la nomination de Amadou Alpha au poste de chef de cabinet du ministère de l’Education nationale, l’atmosphère est délétère au Centre national des examens et concours de l’éducation (CNECE). Il est parvenu par des subterfuges à dépouiller le directeur de l’essentiel de ses prérogatives. Il nomme par-dessus la tête de ce dernier ses hommes et confie les missions de la boîte à des retraités au détriment de ceux qui ont la main dans la patte.
Dans le milieu enseignant, la nomination par Kénékouo Barthélémy Togo, ministre de l’Education nationale, de Amadou Alpha comme son chef de cabinet a été perçue comme une revanche sur la personne de l’ancien ministre, Mme Togola Jacqueline Marie Nana, qui avait relevé l’homme à la réputation sulfureuse de son puissant poste de division Matériel et Logistique du CNECE et de tous ceux qui espéraient voir un jour le système éducatif débarrassé des crapules. Celles-ci étaient au cœur de la mafia qui organisait la fraude, les fuites de sujets et la délivrance de fausses attestations, moyennant des sommes faramineuses. Cette relève a surpris l’homme lui-même qui se croyait indéboulonnable et qui ne cessait de jeter à la figure de ses nombreux détracteurs que personne ne peut le faire sauter de son poste.
Après quelques mois d’errance, un des hommes avec lequel ils ont cheminé ensemble durant plus d’une décennie au département de l’Education, Kénékouo Barthélémy Togo, considéré à tort ou à raison comme l’un des fossoyeurs du système éducatif malien, est nommé ministre de l’Education nationale. Que de joie dans le camp d’Alpha ! Il voit dans cette nomination son retour par la grande porte au ministère qu’il avait quitté sur la pointe des pieds. Son vœu n’a pas tardé à être réalisé.
Le ministre Togo, une fois installé, lui tend la main. A la surprise désagréable de tous ceux qui connaissent ses agissements contre l’intérêt supérieur de l’école malienne, il est nommé directeur du Centre national des examens et concours de l’Education. Mais, la joie a été de courte durée.
Face aux réactions négatives et des pressions politiques qui ont entouré sa nomination comme premier responsable du CNECE, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) refuse de signer son décret de nomination. Il est remplacé par un membre de «Ma famille d’abord», en la personne du Pr Mohamed S. Maïga.
Mais c’était toujours sans compter avec la volonté affichée du ministre Togo de lui trouver un point de chute dans son département pour faire un clin d’œil au Premier ministre Modibo Keïta qui n’a ménagé aucun effort pour que son ami soit nommé à un poste clé du ministère de l’Education nationale. Il aurait bénéficié, selon les indiscrétions, de la générosité de Amadou Alpha quand qu’il était à l’Institut pédagogique national (IPN).
De nouveau, à la surprise désagréable de tous ceux qui pensaient que c’en était fini pour l’homme, Alpha rebondit et signe son grand retour. Il est nommé chef de cabinet du ministre de l’Education nationale. Une nomination qui, aux yeux des observateurs, a sonné le glas du grand nettoyage de la mafia qui a pris en otage les bonnes pratiques dans la gestion de notre système éducatif. Mais aussi de prendre sa revanche sur tous ceux qui se battaient pour débarrasser notre école des pratiques mafieuses qu’il avait installées au CNECE.
Ce qui semble plus curieux et surtout insolite, c’est bien la nomination de deux chefs de Sections en l’occurrence celui de la Section normes académiques et de la Section documentation et archives. Parmi les personnes retenues par Amadou Alpha, chef de cabinet du ministre Togo, en lieu et place de celles proposées par le directeur du CNECE en la personne de Mohamed Salia Maïga, on note la présence d’une qui fait prévaloir son droit à la retraite dès décembre 2016. Que dire d’une telle manœuvre de Alpha si ce n’est que sa volonté de s’entourer de ses anciens amis et collaborateurs aux dépens de l’école malienne !
Pire, tenez ! M. Amadou Alpha, au mépris total des prérogatives du directeur M. Maïga, a tout simplement remplacé les agents du CNECE par d’anciens collaborateurs à la retraite (un ancien directeur du CNECE et ancien conseiller technique) dans la mission d’explication des principes du déroulement des examens scolaires à l’intérieur du pays.
Pire encore et curieusement, Amadou Alpha qui n’a nullement la qualification d’un comptable, s’est donné la latitude de payer à chacun d’eux la faramineuse somme de 4 millions de F CFA dans son bureau à l’abri de tous les regards indiscrets. C’est dire qu’avec Amadou Alpha peu importe d’aller à la retraite pour bénéficier des meilleurs traitements, pourvu qu’on soit des siens !
Cette attitude peu recommandable du sieur Alpha s’appelle tout simplement népotisme ou affairisme.
Brin COULIBALY
Source: L’Inter de Bamako