Outre la guillotine opérée sur le gouvernement par les deux plus grands opérateurs de ce site minier à savoir Iamgolg (41%) et Anglogold Ashanti (41%) contre 18% pour la partie malienne, c’est autour des populations de Sadiola de subir le triste sort en matière d’exploitation aurifère au Mali. Les champs sont investis, abusivement expropriés pour des explorations sauvages. Le crime le plus récent, selon nos informations, a fait 1 mort et des blessés. Là encore, les sociétés minières tenteront de soudoyer pour interrompre l’incendie ou l’hémorragie.
A Sadiola, avec la complicité des préfets, on entoure par des barbelés, à des fins d’exploitations futures, les champs des pauvres paysans en arguant que l’espace convoité a fait l’objet d’un usufruit avec le gouvernement. On menace le propriétaire, qu’à la moindre incartade, il sera chassé pourtant sur la terre de ses ancêtres. C’est la consigne donnée aux propriétaires de rester, le jour venu, on te donne des broutilles et tu perds ton investissement avec des dédommagements de façade. On te chasse sur la terre des anciens sans aucune autre forme de procès comme un malpropre ou comme si tu n’étais pas malien. Au lieu de faire des investissements locaux comme stipulé dans les contrats miniers, c’est la croix et la bannière.
Aujourd’hui, le Mali a des cadres véreux qui vendent leurs âmes au diable, qui trébuchent devant l’espèce sonnante et trébuchante, des cadres malhonnêtes qui frémissent devant l’argent sale. La mine est un cas de faillite sociale au Mali car il a entraîné des divisions dans les familles et des divorces dans les foyers. Car rares sont les travailleurs qui sont avec leurs familles sur les sites miniers. Les cas d’extorsion de femmes sont fréquents. Lors d’une réunion à Sanso, le chef de village voulait chasser les prostituées de sa localité, les miniers le lui ont déconseillé lors d’une rencontre publique convoquée à cet effet. L’argumentaire était qu’il a trois femmes dont deux jeunes, et qu’il prend un risque puisque certains seront tentés de tromper ses douces moitiés. Il a conclu que si tel doit être le cas, qu’il sursoit à son projet.
Récemment, la mine a procédé à la clôture des espaces réservés aux populations qui ont fini par s’impatienter et occuper les lieux. Les sociétés minières ont leurs propres gardes pour la sécurité des espaces futurs à exploiter, ils ont recruté aussi parmi les populations pour les mêmes motifs, sachant bien que les milices d’autodéfense sont également présentes associées aux forces locales de la gendarmerie. Voilà l’arsenal pour protéger leurs sésames. Si les occupations étaient sincères, on ne devrait pas avoir une telle densité autour des champs agricoles érigés en site minier.
Actuellement, les populations sont sevrées de leurs terres, humiliées et forcées à l’exil. Toutes choses qui expliquent leur attitude d’avoir forcé les enclos en les coupant de tenailles et à s’y installer pour des besoins d’exploitations traditionnelles. Cela est aussi dû au manque d’emploi alors que la main d’oeuvre locale existe. On vient recruter à Bamako les proches comme succédané aux paysans. C’est un lynchage planifié et organisé.
OumarOuattara
Le Matinal