Le Mali, à l’instar des autres pays de l’Afrique subsaharienne, est un des pays où la population jeune de plus en plus, aspire à la migration.
Selon le Forum International sur les migrations, tenues à Abidjan le 4 avril 2019 : « 14% des migrants dans le monde sont Africains. Même s’il est vrai qu’une grande partie de ces migrants reste à l’intérieur du continent africain, il importe de porter un regard sur la migration clandestine en direction de l’Europe, par le biais de la méditerranée » .
Pire, les chiffres donnés le 18 décembre 2018 par l’OIM, (la structure compétente de l’Organisation des Nations Unies en charge des migrations) sont assez alarmants pour l’Afrique: «6.615 décès de migrants confirmés sur le continent». Il s’agit là des statistiques qui sont le résultat de recherches et de centaines de dépositions des témoins oculaires de ces drames.
Selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) au 3 janvier 2018, « on note 2 260 migrants morts en méditerranée tandis que 115 000 migrants sont arrivés à destination, contre 170 000 en 2017 ».
Pour mieux comprendre la gravité de cette situation, nous avons interrogés Mahamadou A TRAORE, juriste-conseiller politique et stratégique. Il explique que cette grande mobilité en masse de la jeunesse africaine, particulièrement la jeunesse malienne, est causée par la recherche d’un lendemain meilleur. En effet, la mauvaise gouvernance, la crise multidimensionnelle, la corruption, le népotisme sont entre autres les facteurs déclencheurs du désespoir chez les jeunes, poursuit-il
Les conséquences de ces facteurs sont le chômage des jeunes, souligne M Traoré, car à son avis, la non-exploitation objective des compétences pour opérer le changement positif au sommet de l’Etat, l’insuffisance ou les difficultés de entrepreneuriat jeune, amènent les jeunes les moins qualifiés, à tenter l’aventure, avec l’espoir d’avoir une vie pleine et épanouie qui ne peut être acquise qu’en franchissant la méditerranée. En effet, contrairement aux pays africains, l’Occident offre aux jeunes africains plusieurs opportunités : main d’œuvre dans les BTP, la restauration, le nettoyage, la sécurité, les travaux domestiques, etc. précise le jeune
En tout cas, pour lui, ledit flux migratoire constitue une forte perte pour l’Afrique, non seulement en main d’œuvre, mais aussi en élite à travers la fuite des cerveaux ou le non-retour des jeunes africains formés en Occident, sans compter les pertes en vies humaines lors des traversées, qui affectent socialement les familles pour l’éternité.
Alors, il urge de changer cette donne car ce fléau constitue un blocage à moyen et long terme pour le développement économique du Mali. Cependant, il est indéniable que cette diaspora malienne constitue un levier important pour l’économie nationale, avec un apport numéraire important. En effet, la diaspora contribue considérablement à l’épanouissement social au sein des communautés, particulièrement dans la région de Kayes : constructions d’écoles, de châteaux d’eau, d’hôpitaux, etc. D’ailleurs cet apport de la diaspora peut alors paraître comme un cercle vicieux dans la mesure où les jeunes estiment que l’Occident est la panacée pour s’épanouir économiquement, soutient-il.
De ce fait, il importe de se poser la question suivante : Dans un contexte de désespoir et un Occident de plus en plus fermé aux migrants économiques, quelles stratégies le gouvernement malien doit-il adopter afin de permettre aux jeunes de vivre sereinement et économiquement dans leur pays?, conclut notre interlocuteur M Traoré
Fatoumata Koita
Source: Bamako News