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Mère célibataire : sortir du rejet et de la stigmatisation

Dans notre société, une femme est successivement fille, épouse puis mère. Mais, malheur à elle si elle coche la dernière case avant le mariage. C’est un affront insupportable. Il est temps de sortir du rejet et de la stigmatisation envers la mère célibataire.

 

« La nature est injuste avec les femmes. Un acte est accompli par deux personnes mais s’il en résulte des conséquences, une seule en porte le fardeau », disait la mère d’Obinze à Ifemelu dans Americanah de la féministe nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie. En effet, quand la passion porte fruit, c’est bien à la femme de récolter les pots cassés.

La société semble avoir catégorisé les personnes selon leur sexe. Elle leur reconnait des besoins et des désirs sexuels inhérents à la nature humaine. Lassouvissement de ce désir n’est cependant pas toléré à tous les deux sexes avant le mariagePirequand cet assouvissement porte fruit, c’est l’un des affronts les plus inacceptables. Surtout pour la femme censée rester « tranquille » jusqu’au mariage.

« Une fille-mère ? Comment vas-tu te trouver un mari ? Quel homme va encore t’accepter comme épouse ? » Ce sont entre autres questions et jugements qu’on ne manque pas d’entendre. Mais qu’en est-il du garçon-père ?

Rejet​

Emmanuelle, devenue mère célibataire à 20 ans, été confrontée à ce problème dès le début de sa grossesse. Elle devait l’assumer seule, car Badra, le père, n’en voulait pas. In’était pas prêt : « Il faut que tu avortes !On ne peut pas et ne doit pas garder cet enfant ! Et si tu t’entêtes à le garder, ce serait sans moi. »

« J’étais bien évidemment surprise, car je ne m’yattendais pas venant d’un homme comme lui », s’étonne la jeune maman. Mais, en vrai, l’attitude de Badra n’était pas anodine. Emmanuelle ignorait une vérité bien cachée : leur relation islamo-chrétienne n’était pas approuvée par la « reine-mère », comme on surnomme la mère de Badra. Et cette dernière avait imposé une cousine à son fils.

Emmanuelle s’est ainsi retrouvée seule, chassée de la famille par son père qui se sentait déshonoré. Elle fut sauvée de la rue par une tante. « Son premier combat » dit-elle, était de s’accepter elle-même. D’accepter son nouveau statut. Avorter ? Non. Elle ne voulait pas prendre un tel risque. Elle voulait assumer sa grossesse,bien consciente du rôle d’un père dans la vie d’un enfant.

Sexualité irresponsable

« J’étais ainsi condamnée à porter seule le fardeau de l’intolérance de la société à l’égard de la sexualité hors mariage. Et ce n’était que le début d’une longue aventure de rejet et de stigmatisation de la fille-mère que j’étais devenue », raconte-t-elle.

Pourtant un (« nyamogo den » enfant illégitime en bamanankan) est fait à deux. Pourquoi c’est toujours à la femme de porter ce fardeau ? Le fardeau de la responsabilité, de la honte, des critiques et de la stigmatisation ? Qu’en est-il des responsabilités ?Pourquoi devrait-elle être considérée comme la seule fautive ?

Elle a autant de désirs et besoins sexuels que lui. Autant les punir tous les deux, s’il le faut. Mais l’important aujourd’hui, c’est de les aider tous les deux à se comprendre et comprendre leur corps. Les éduquer à la sexualité, pas pour les pousser à la dépravation, mais les sensibiliser sur les conséquences d’une sexualité irresponsable.

Si les filles-mères sont considérées comme les opprobres de la société, elles ne sont pas seulesfautives. A défaut de clémence à leur égard, il faut l’équité entre l’homme et la femme dans le jugement de la société.

Source : Benbere

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