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Même le coronavirus n’arrête pas les policiers à racketter

Le phénomène de racket policier n’est pas prêt de s’arrêter. Apparemment, le couvre-feu mis en place par l’État pour contrer la pandémie du coronavirus profite bien à certains hommes en tenue. Même dans cette situation de détresse, où les Maliens sont entre deux feux, celui de la précarité et de la maladie, ces individus sans pitié trouvent encore le moyen pour racketter les pauvres citoyens. 

 

Nous ne cessons d’interpeller les autorités, mais en vain. Aujourd’hui, le ministre de la Sécurité et de la Protection doit prendre sa responsabilité en instaurant des mesures strictes pour que ces actes qui n’honorent point la corporation cessent. Dans un pays sérieux, il y a des numéros d’urgence pour signaler les actes de raquette. Mais malheureusement dans le nôtre où le gouvernement piétine impunément dans l’illégalité, il est difficile de structurer un quelconque système.

En effet, au cours d’une réunion entre hauts responsables de l’État et de la presse, il en est ressorti que des cartes sur lesquelles il est mentionné « laissez-passer » viendront compléter le dispositif pour les journalistes, animateurs, techniciens et imprimeurs.

Donc, après avoir reçu nos cartes de laissez-passer, notre équipe de nuit est rassurée.  Vers 23 heures, un des éléments quitte la rédaction avec sa carte de laissez-passer pour se rendre à l’imprimerie.

Une patrouille de deux policiers dans un véhicule 4X4 immatriculé PS 160 stationné juste à droite avant de monter sur le 3 pont, l’arrête. Il présente sa carte de laissez-passer, que ceux-ci disent ne pas reconnaitre. Après, ils demandent 5.000 F que notre journaliste dit ne pas l’avoir sur lui. Finalement, ils l’ont laissé partir sans payer un sou. Le jeune monte sur sa moto et continue son chemin. Pas même 5 minutes après, vers le cimetière de Sotuba, deux autres policiers qui avaient déjà une proie, c’est-à-dire une moto Djakarta avec son conducteur, l’arrêtent.  Il montre sa carte. Mais, eux aussi ne connaissent que les billets de banque. Il a beau expliqué, qu’il va à son travail et les documents à sa possession l’attestaient, rien à faire. Sans payer, on l’embarque.  Donc, pour ne pas faire attendre son équipe à l’imprimerie, vu que dans un pareil cas, le journal sortira en retard et que la vente de ce fait sera nulle. Il a donné 2.000 F et ils l’ont laissé partir. Arrivé à l’imprimerie, il décida avec toute l’équipe de rester dormir sur place, craignant d’autres rackets en rentrant chez eux.

Pouvons-nous continuer à subir injustement les arnaques de ces hommes en tenue avec lesquels nous sommes censés nous associer pour travailler dans le sens d’une campagne de sensibilisation, pour combattre ensemble cette pandémie? Et cela va de soi, mais si seulement si, nous les journalistes ne deviennent pas les ennemis des policiers.

Même le coronavirus n’a pas atténué l’ardeur de l’appât de gain qui nourrit certains de nos policiers. Sinon comment comprendre qu’avec quelques billets, un policier peut laisser passer un usager dans des circonstances aussi dramatiques que vit le pays ?

Voyons. Supposons même que cela se passe avec d’autres usagers, non-journalistes, qui ne respectent pas le couvre-feu. Donc il suffit de billets de banque pour les laisser circuler sans problème en oubliant totalement le danger du coronavirus qui nous guette.

Aujourd’hui, par crainte de bavure ou autres, la rédaction de votre journal  a décidé de faire dormir son équipe de nuit sur place jusqu’au levé de couvre-feu, au petit matin afin que nous puissions faire notre travail de journaliste. Et cela tout le temps de restrictions. Quel dommage !

LE COMBAT
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